Dans l’incapacité de réunir les 2/3 requis pour réussir une motion de défiance à l’encontre de Hama Amadou, président de l’Assemblée nationale à l’époque, le régime a procédé à une destitution rocambolesque sur la base de décisions illégales d’un bureau incomplet, tout aussi illégal de l’Assemblée nationale en 2014. De retour d’exil pour se mettre à la disposition de la justice, Hama Amadou est accueilli par la gendarmerie sur le tarmac de l’aéroport, puis s’en est suivi un ordre de transfèrement illégal, signé par un ministre, à la prison de Filingué, en novembre 2015, deux mois avant la tenue des élections générales de février 2016. L’arrestation de centaines de militants dont les présidents régionaux du parti Lumana dans une histoire de coup d’Etat qui suscite encore de multiples interrogations, s’inscrit tout également dans cette logique d’isolement de Lumana et ses responsables. Malgré cette cabale caractérisée par des décisions iniques dignes d’un régime stalinien, Lumana, toujours fidèle à Hama Amadou, oblige le président candidat à sa propre succession à un deuxième tour insolite, avec un des candidats en prison. Lui qui a bénéficié de tout, des moyens de l’Etat, dont les institutions caporalisées. « Pourtant nous avons tout fait » pour le passage au premier tour, a avoué un ponte du régime. Tout, ça veut dire justement tout. Et les nigériens ont compris puisqu’ils en étaient témoins. C’est précisément la raison pour laquelle le régime de la Renaissance est si impopulaire. Mais jusqu’ici, contre toute attente, Lumana tient, et Hama Amadou est encore debout, plus populaire que jamais. Ce qui empêche aux guristes de dormir. Se sachant en situation d’échec, il faut trouver et se créer des ennemis imaginaires et des boucs émissaires. Pendant que les démocrates d’hier, ces dénonciateurs devant l’éternel de la mauvaise gouvernance des régimes précédents, chantres de la bonne gouvernance et de l’efficacité de la dépense publique il y a quelques années, tordent le cou à la loi pour assoir leur gouvernance prédatrice des libertés publiques et ressources nationales, leurs anciens complices tapis dans les syndicats et associations, aujourd’hui conseillers et chargés de mission dans les institutions de la République pour services rendus, applaudissent et trouvent tout ça beau. Les prédateurs des deniers publics et autres malfrats jouissent d’une impunité totale dès l’instant où ils ont rejoint la mangeoire de la Renaissance pour soutenir les actions du chef de l’Etat. Par contre, ceux des acteurs de la société civile, des journalistes et des syndicalistes qui exercent leur liberté et leur droit constitutionnel de critique, sont qualifiés de tous les noms, trainés devant les tribunaux pour de fallacieux prétextes, et qualifiés de terroristes. A priori, ils sont qualifiés d’être lumanistes ou de connivence avec Hama Amadou. Comme si c’était un crime que de partager des valeurs avec des concitoyens, et de combattre pour le respect des valeurs démocratiques et de l’Etat de droit. Pourtant chacun de nous n’est protégé que par cet Etat de droit que certains méprisent tant, en raison de leurs intérêts de clan et personnels. Tous les discours d’opposants historiques se sont avérés aujourd’hui du leurre, tout un moyen d’escroquer la conscience populaire, accéder au pouvoir pour jouir des ors de la République. Lumana et son leader, parce qu’ils sont considérés comme des empêcheurs de tourner en rond, sont alors perçus comme de véritables dangers pour la survie. Mais, Lumana et Hama Amadou n’ont pas dit leurs derniers mots. Ainsi que tous les démocrates nigériens. La marche organisée par le FRDDR le dimanche passé est un signe assez révélateur. Le projet phare de la Renaissance, étalé sur deux mandats présidentiels, est à bout de souffle. Le virus de la division au sein du Gurisme est en marche, avec les multiples clans qui sont en oeuvre pour la défense et la conservation des prébendes. Wait and see.

Bisso 

06 octobre 2019
Source : Le Courrier