Le gouvernement a procédé, lors du Conseil des ministres du jeudi 29 septembre 2022, au renouvellement des membres actuels du Conseil économique, social et culturel (CESOC) en fin de mandat depuis le 21 septembre. Les membres de la nouvelle équipe, au nombre de 91 à l’exception du président de l’institution qui est inamovible, sont nommés pour un mandat de 5 ans. Laquelle institution est un véritable fourre-tout au regard de la diversité des structures dont sont issus ses membres. Principales institutions de République (Présidence, Assemblée nationale, Primature), couches socioprofessionnelles, société civile, syndicats, etc., tout le monde est représenté au sein de cette Assemblée bis dont beaucoup de Nigériens continuent toujours de s’interroger sur son utilité dans le disposition institutionnel de l’Etat. A quoi sert-elle concrètement au juste quand on sait ses délibérations n’ont aucun caractère contraignant dans la formulation des politiques publiques par l’Exécutif. Elle donne des avis souvent très pertinents sur des préoccupations économiques, sociales et culturelles qui relèvent de son champ de son compétence, mais le gouvernement passe outre au moment de la prise de la décision finale. Rien de surprenant dans un pays où le principe de la séparation et l’indépendance des pouvoirs est factice, où même les recommandations du parlement à l’endroit dudit Exécutif suite à des investigations autour de dossiers pourrissent dans des tiroirs. Pour résumer cette situation, disons tout simplement que tous les pouvoirs sont concentrés entre les seules mains de l’Exécutif y compris le pouvoir judiciaire. La digression s’arrête là !

Revenons au CESOC pour dire que c’est une institution qui fait juste office de réservoir où les institutions de la République et les différentes couches socioprofessionnelles du pays peuvent placer leurs représentants et avoir ainsi le sentiment d’être associées à la gestion de la chose publique à travers un organe constitutionnel. Ce qui est bien sûr une illusion. Le plus important dans l’affaire, c’est le titre de conseiller conféré aux représentants et les retombées financières liées à la fonction durant le mandat. Ça c’est le premier aspect de notre analyse. Le deuxième aspect porte sur la volonté manifeste de l’Exécutif de la maintenir encore parmi les organes du dispositif institutionnel du pays. Où réside le problème, c’est une institution qui est là depuis pratiquement la 5e République, serait-on tenté de nous rétorquer ? Et pourtant, il y a problème ! Et pour cause, l’on se rappelle que la rumeur a abondamment couru que la CESOC sera transformé en Sénat selon une promesse électorale faite par le candidat Bazoum au président du MPR Jamahiriya Albadé Abouba à qui reviendra la présidence de la nouvelle constitution en guise de lot de consolation. En principe, c’est à lui que devrait être attribué le perchoir de l’Assemblée nationale, son parti ayant apporté plus de députés que celui du président Seïni Oumarou à l’Assemblée nationale pour le compte de la Mouvance présidentielle. Mais au nom d’un certain souci de l’équilibre ethno régionaliste dans le cadre du partage des postes à la tête des institutions, l’entente a été trouvée pour qu’il revienne au président Seïni. Albadé qui a cru dur comme fer à la promesse de transformation du CESOC en Sénat pour prendre tête de la nouvelle institution a patiemment attendu jusqu’ici que l’heure sonne. Avec ce renouvellement des membres du CESOC pour un mandat de 5 ans, il a dû se rendre à l’évidence, non sans certainement un pincement au coeur, que c’était juste une promesse en l’air pour l’amadouer. Devant ce dribble, quelle posture va-t-il à présent adopter vis-à-vis du président Bazoum ?

Va-t-il continuer à attendre Godot en espérant qu’il finira par pointer le bout de nez un de ces quatre matins ? Nous ne saurons le confirmer ou l’infirmer. La seule certitude, c’est qu’il a dû comprendre que la création d’un Sénat qui nécessitera une modification préalable de la constitution n’est pas pour demain. Quand on apprend qu’il tenait coûte que coûte à la création de cette institution pour être au même diapason que Seïni Oumarou, son ressentiment doit certainement être profond actuellement.

Tawèye