Nous avons voulu dire que l’opposition est en rangs serrés, en ordre de bataille, pour qu’il n’y ait pas de hold-up électoral. C’est une étape de plus pour sauver notre pays des différentes crises, pour en tout cas éviter d’aggraver la fragilité de notre pays. Nous ne nous battons pas pour avoir des strapontins. Nous nous battons pour que l’on respecte la loi et que ce soit elle qui régisse les règles du jeu », déclarait et se réjouissait Mariama Gamatié, présidente du parti Rassemblement des citoyens pour un Niger Nouveau (RACINN HADIN’KAY) et première femme candidate à une élection présidentielle au Niger, peu après la création de la CAP21, en septembre 2020. Quel enthousiasme pour la création de la Coalition Politique pour une Alternance (CAP21) qui regroupait les quatre principaux fronts de l’opposition que sont le Front pour la Démocratie et la République (FDR), le Front de l’Opposition Indépendante (FOI), le Front Patriotique (FPI et le Front pour la Restauration de la Démocratie et la Défense de la République (FRDDR) ! C’était alors l’époque de l’union sacrée de l’opposition, avant que les ambitions personnelles ne viennent prendre le pas sur les desseins collectifs, avant que les uns et les autres ne succombent aux sirènes du ventre plus qu’aux exigences de la conscience morale. Ils étaient dix-huit formations politiques à former cette coalition comprenant les principaux partis de l’opposition de l’époque, qui avait pour but essentiel d’instaurer une véritable alternance politique au Niger afin de mettre fin au régime de la renaissance du Niger. Aujourd’hui, deux après la formation de cette coalition, qu’en reste-t-il exactement, aussi bien quantitativement que qualitativement ?
Pourtant, les fondateurs de la CAP21 avaient juré, la main sur le coeur, un engagement total pour imposer coûte que coûte une alternance pacifique au régime de la renaissance d’Issoufou Mahamadou, afin de concrétiser cette grande aspiration populaire. Ils avaient promis de rester ensemble mobilisés jusqu’à l’atteinte de l’objectif final, à savoir la conquête du pouvoir suprême. Pour cela, ils avaient conquis la confiance de certains citoyens, principalement les démocrates nigériens, les vrais démocrates dans l’âme, pour débarrasser le Niger contemporain de ce vampire politique que représentait le régime de la renaissance d’Issoufou Mahamadou. A vrai dire, à cette époque, l’opposition politique paraissait plus audible dans l’opinion publique nationale qu’un régime atone, miné par la corruption et les injustices sociales, incarné par le ‘’Guri système’’. C’était alors un régime qui sortait ébranlé de plusieurs scandales politico-financiers monstrueux, sans que toute la lumière soit faite sur toutes ces scabreuses affaires ayant émaillé la gestion d’Issoufou Mahamadou et de son gouvernement. De l’affaire ‘’Africard’’, en passant par ‘’l’uranium gate’’ des 200 milliards de francs CFA, pour finir sur celle du Ministère de la Défense Nationale (MDN), partout de la fumée noire et crasse se dégageait du moteur du régime de la renaissance. En fait, Issoufou Mahamadou venait d’échouer, cela ne faisant plus l’ombre d’un doute et le constat en était devenu plus évident à plusieurs égards, car aucun de ses grands pris devant Dieu et devant les hommes n’a été tenu. En effet, tout son règne n’a été que la recherche effrénée et la consécration d’un pouvoir personnel, juste pour assouvir ses pulsions mégalomaniaques mortifères, loin, très loin même des promesses mirifiques, lunaires dont il était devenu, au Niger, le plus grand spécialiste, ‘’l’homme de statistiques tronquées’’, de ‘’chiffres manipulés’’ pour se forger ou se délivrer des certificats d’autosatisfaction personnelle que la réalité contredit souvent.
Voilà l’adversaire politique que la CAP21 devait affronter, aussi bien dans les urnes, que partout où cela s’avérerait nécessaire et utile, un adversaire affaibli, agonisant, impopulaire dans le pays pour la mal-gouvernance ayant caractérisé sa gestion des affaires publiques ! Quelle aubaine ! Seul, sans l’aide de personne, le régime de la renaissance s’était autodétruit, ayant trahi tous les principes auxquels il prétendait aspirer !
Alors, tous les espoirs furent braqués sur la CAP21 pour porter cette aspiration fondamentale d’en finir, une fois pour toutes, avec ce régime décadent de la renaissance d’Issoufou Mahamadou.
Hélas, deux ans après, rien de cette grande espérance transformée, aujourd’hui, en nostalgie du passé, l’acte officiel du décès de la CAP21 se trouve, probablement, au siège du parti Alliance du Mouvement pour l’émergence du Niger (AMEN-AMIN), au quartier Terminus, dans les tiroirs du président de ce parti, Omar Hamidou Tchiana, alias Ladan Tchiana ! En effet, de tout ce grand monde de la CAP21, il ne reste que le ‘’Muezzin de Kollo’’ pour mener le combat, depuis la reddition du candidat de l’opposition à l’élection présidentielle du 21 février 2021, Mahamane Ousmane, résigné après ses divers revers judiciaires pour contester l’élection de Mohamed Bazoum, le 23 mars 2021. Quant aux autres ténors de la CAP21, suivez mon regard, ils n’ont pas pu résister à l’épreuve de la lutte et ont vite rendu les armes contre des strapontins ministériels et autres places au banquet funeste de la renaissance Acte III. Rien d’étonnant dans l’attitude actuelle de certains hommes politiques nigériens, car l’inconstance politique est l’une de leurs caractéristiques essentielles. Malheureusement, tout le mal actuel du Niger contemporain proviendrait de cette incapacité individuelle de porter, d’incarner une espérance collective, de ne se soucier que de ses propres intérêts. Ils sont souvent en proie à l’immédiateté de la victoire, pressés qu’ils sont de goûter très vite aux fruits des grandes luttes de la vie qu’ils croient faciles, sans aucune projection sur le devenir des choses, en rechignant à la souffrance inhérente à toute quête humaine. Or, comme le disait si justement Confucius, le grand maître du taoïsme chinois, ‘’La précipitation ruine les grands desseins’’. Ainsi, ils sont prêts à tourner la veste, à négocier un virage périlleux à 300 km/h, que même le plus téméraire des pilotes de Formule 1 ne tenterait, pour renier tout ce qu’ils avaient dit et laissé entendre auparavant. Une expression Djerma illustre à merveille cette inconséquence politique, ‘’Hansi yéri ana yéro han’’ (‘’Le chien a ravalé son vomissement précédent’’). En termes plus prosaïques, après avoir diabolisé à l’extrême l’adversaire, on est prêt à le rejoindre, en passant sous silence tous les points de désaccord avec lui dans le passé, alors que rien, strictement rien, n’a changé dans ce que l’on dénonçait dans sa gestion.
Quid, alors, dans tout cela, des honnêtes citoyens qui avaient cru à la sincérité du discours politique et aux convictions authentiques de leurs auteurs ? Visiblement, on s’en fiche éperdument et tant pis pour eux s’ils ont, naïvement, pris des vessies pour des lanternes ! Il en est ainsi, malheureusement, au Niger, des combats citoyens (politique ou associatif) qui ne sont pas souvent portés par de desseins collectifs, mais bien déterminés par des mobiles personnels, qui sont contradictoires et divers. La CAP21 en fait désormais partie et on peut deviner, aujourd’hui, toute la tristesse de Mariama Gamatié, elle qui s’était démontrée si enthousiaste au moment de la création de cette alliance politique et nous partageons sa douleur sincère avec l’ensemble des démocrates nigériens ! C’est triste ! C’est lamentable ! Mais comme le disait notre grand ami et aîné, Sanoussi Tambari Jackou (STJ) (Paix à son âme !), la roue de l’Histoire tourne inexorablement pour faire aux hommes la leçon des événements qui se produisent dans leur existence !
Dan Malam
Opposition politique au Niger : Que reste-t-il encore de la CAP20-21 ?
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- Catégorie : Politique