A l’occasion de la session extraordinaire du Secrétariat général du Parti des Peuples Africains- Côte d’Ivoire, en abrégé (PPA-CI), tenue ce lundi 17 octobre 2022 au Palais de la Culture d’Abidjan- Treichville, l’ancien président Laurent Gbagbo a dispensé une belle leçon de démocratie très riche en enseignements qui doit normalement faire méditer de nombreux chefs d’Etat subsahariens. En l’occurrence tous ceux d’entre eux qui ne supportent pas la contradiction, la critique de leur mode de gestion du pouvoir et qui pensent que la solution consiste à envoyer les opposants et les acteurs de la société civiles en prison pour avoir la paix et régner tranquillement. La solution, c’est d’étouffer systématiquement toute voix dissidente dans le pays. ‘’La prison n’est pas une réponse politique à un problème politique posé’’, a déclaré Gbagbo. L’ancien président ivoirien qui a été débarqué du pouvoir par la force avec le concours de la France au profit de son homme lige Alassane Dramane Ouattara. Pour avoir été livré immédiatement à la Cour pénale internationale (CPI) et embastillé pendant près d’une dizaine d’années là-bas avant d’être acquitté à l’issue de son procès, Gbagbo sait de quoi il parle, sait mieux que quiconque les profondes meurtrissures que provoque l’injustice sur la personne qui l’a subie et audelà, au sein d’une société humaine. Gbagbo a parfaitement raison, la prison n’est pas la réponse à la contradiction ; elle contribue plutôt à l’exacerber dans une démocratie. En fin orateur politique, l’ancien président ivoirien n’a manqué de faire des allusions se rapportant à des régimes dits démocratiques de la sous-région ouest africaine et d’ailleurs qui excellent dans le refus catégorie de la contradiction et briment leurs opposants pour cela. S’il n’a pas explicitement indexé notre pays parmi les exemples qu’il a cités, se limitant uniquement aux cas du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée Conakry où le refus de la contradiction a finalement débouché sur l’intrusion de l’armée dans l’arène politique, il n’en demeure pas moins vrai cet état d’esprit prévaut aussi chez nous depuis l’avènement du PNDS au pouvoir en 2011. Tout le temps qu’ils étaient dans l’opposition, les camarades roses avaient dissimulé leur vrai visage hideux aux Nigériens pour leur refléter celui de démocrates profondément imbus des règles et principes du système politique. Ils défendaient bec et ongles en tout temps et en tout lieu le respect des libertés collectives et individuelles, le débat d’idées contradictoire, abhorraient l’injustice sous toutes ses formes et d’où qu’elle provienne, prônaient la lutte contre les détournements publics, la corruption et l’impunité, etc. Bref, ils se faisaient passer pour les chantres de la bonne gouvernance démocratique. Depuis 2011 qu’ils ont finalement pu accéder au pouvoir à la faveur d’une transition militaire qui leur a déroulé le tapis rouge du palais. Ils ont fait de toutes ces pratiques néfastes qu’ils dénonçaient, des valeurs, leur principale boussole de gestion de l’Etat. Plus grave encore en pire et à visage découvert. Jamais notre pays n’a connu, de son indépendance à ce jour un régime aussi sadique et imperturbable dans une entreprise de démantèlement systématique des fondements même de l’édifice démocratique et la prédation des deniers publics.

Le projet de société dévastateur du PNDS

Les Tarayyistes se sont farouchement battus, usant de tous les moyens illégaux pour accéder au pouvoir qu’ils comptent conserver pendant longtemps à tout prix. Une ambition dont ils ne s’en cachent pas d’ailleurs puisqu’ils le martèlent à chaque fois que l’occasion se présente eux. La stratégie qu’ils ont entrepris de déployer pour y parvenir est connue de tous les Nigériens sincères qui assistent impuissants à sa mise en oeuvre. Comment pourrait-il en être autrement quand ils se cachent derrière l’institution judiciaire qui leur sert de bouclier pour conduire tranquillement tranquillement leur opération de mise à sac de l’édifice démocratique. Ça a d’abord commencé par le concasse des partis d’opposition à travers des manoeuvres de récupération de leurs appareils de direction, le président Mamane Ousmane en sait mieux que quiconque quelque chose dans l’affaire pour avoir été la première victime de l’opération avec le CDS Rahama. D’autres formations politiques et non des moindres comme le Moden Fa Lumana, le MNSD Nassara, ont suivi mais la tentative n’a pas prospéré avec ces derniers même s’ils ont été fortement ébranlés à l’issue de l’épreuve. Les Tarayyistes, dans leur ambition morbide d’être le seul coq qui chante dans la basse-cour, n’ont même pas épargné leurs alliés qui tentent de lever la tête. Comme si cela ne suffisait, ils ont parallèlement engagé une cabale acharnée contre les cadres des partis d’opposition et particulièrement ceux de Lumana qui refusent de courber l’échine, de se taire et les laisser faire à leur guise. Pas eux seulement d’ailleurs, puisque cette cabale a aussi fait des ravages au sein de l’armée et de la société civile. Sur la base souvent de faux dossiers montés spécialement contre eux, ils sont nombreux les cadres et simples militants de l’opposition ainsi que les leaders de la société civile et les officiers supérieurs, subalternes et hommes de rangs des FDS à séjourner en prison au cours de la décennie de règne Issoufou Mahamadou. Grâce notamment à une mise à contribution très active de l’appareil judiciaire dont l’indépendance vis-à-vis des autres pouvoirs constitutionnels est soumise à rude épreuve par le régime des renaissants.

L’Assemblée nationale est transformée en une simple caisse de résonnance ; c’est la loi de l’arithmétique qui y prévaut dans le cadre de l’adoption des projets de lois. L’opposition politique n’est plus que l’ombre d’elle-même, ses leaders anesthésiés par la crainte d’aller en prison en élevant la voix ou en initiant des manifs pacifiques de rue pour dénoncer la malgouvernance des camarades. La frange de la société civile encore un peu éveillée, qui tente de briser le silence, est entravée dans ses initiatives. Et c’est hélas dans ce contexte qu’on nous parle de mise en place d’institutions démocratiques fortes et solides pour mettre à l’abri notre processus de toute tentative de remise en cause. Quand aucune des institutions républicaines n’est en mesure de dire non à l’Exécutif, peut-on parler d’institutions fortes dans une démocratie ? Assurément non ! La seule en mesure de le faire, c’est le Comité exécutif national (CEN) du PNDS, une association privée, qui est capable de contrarier le président Bazoum par rapport à son noble ambition d’assainissement de la gestion de l’Etat. Pour sûr, ce dernier est aujourd’hui sérieusement entravé par ses camarades dans sa volonté de lutter contre la corruption et l’impunité, le détournement des deniers publics et même la dépolitisation de l’administration et le recours à la compétence pour redresser la barque navire qui tangue. Et qui risque de sombrer si l’on n’y prend garde. Toute paralysie qui dure risque d’entrainer la mort inéluctable de la victime. La situation du Niger aujourd’hui n’est pas très loin de cet état au regard de la stagnation totale de la machine dans laquelle les camarades ont installé le pays.

Tawèye