Depuis quelques jours, ne trouvant rien à faire, car visiblement manquant d’activités sérieuses à mener pour faire avancer le pays, ou du moins les secteurs qui relèvent de leurs responsabilités en rendant par exemple disponible le gaz domestique tout le temps, certains dépositaires de l’autorité se plaisent à fermer des écoles, des centres de formation et des unités de remplissage et de distribution de gaz sans raison valable. Au Niger, c’est connu, faire le mal à l’autre, est le sport favori de certains qui ne peuvent pas, avant de prendre certaines décisions, mesurer toute la portée pour comprendre que souvent, le tact pouvait aider, à aborder les problèmes pour les gérer plus pédagogiquement. On ne peut que s’en écoeurer quand, pour d’autres problèmes qui mettent en cause de nombreux milliards subtilisés des deniers publics, aucune mesure sérieuse ne soit envisagée à leur encontre afin de redresser des torts. Il est vrai qu’il n’y a pas de petit problème, tout problème demeurant un problème, pénalement condamnable par principe et d’un point de vue moral.
Ne pas remplir à son poids convenu les bouteilles de gaz est une faute, une tricherie inacceptable, mais c’en est aussi une que de ne pas rendre le gaz disponible aux consommateurs, quand, régulièrement, l’on assiste à des ruptures pour lesquelles, l’on n’a jamais eu d’explications de la part des autorités.
A regarder de près dans cette affaire de fermeture de centres d’emplissage, il y a problème, non pas du seul fait que cela pose un problème d’équité et de souci de se préoccuper réellement de la satisfaction d’une clientèle nombreuse, mais que cela pourrait ne pas se faire dans la règle. Il est dommage que les hommes ne sachent plus faire bien leur travail, ne pouvant même être capables de respecter leurs propres textes. Sinon, comment comprendre que l’ARSE, dans sa gestion, puisse tant ignorer ses propres textes, versant sur le spectaculaire pour faire oublier ses propres défaillances, ses propres avanies ? En effet, dans son règlement intérieur à travers la sous-section 3, il est, à travers « Des dispositions communes au personnel de l’ARSE », clairement énoncé que son personnel est astreint à la discrétion, au secret professionnel pour ne rien communiquer de ce qu’il peut savoir de la gestion du secteur. Après l’article 12 qui fait obligation aux différents directeurs hiérarchiques de prêter serment avant de rentrer en fonction, signant même un document avant de rentrer en fonction pour leur engagement à s’y conformer, l’article 13 dit : « Le Directeur Général, les directeurs sectoriels et les chefs de départements sont tenus au respect du secret professionnel pour toute information, tout fait, tout acte et/ou tout renseignement dont ils peuvent avoir connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de leurs fonctions. Mieux, « Ils signent obligatoirement à leur prise de service ou de fonction, une déclaration de confidentialité qui demeure en vigueur même après cessation de service ou de fonction ».
Mais, alors pourquoi, le sachant, l’ARSE s’est précipitée à faire ces annonces au goût de sensationnel, pour divulguer un certain nombre d’informations qu’elle détient et qui doivent, tout au plus, l’aider à savoir gérer les problèmes qu’elle rencontre dans la gestion de son secteur, non pour faire des annonces fracassantes pour tromper par une telle annonce qu’elle ferait bien son travail ? D’ailleurs l’article 14 stipule que : « Tout manquement aux obligations prévues au premier alinéa de l’article précédent constitue une faute lourde pouvant entrainer la révocation du personnel de l’ARSE, sans préjudice de poursuites judiciaires ». L’ARSE s’est-elle, par inadvertance, sinon par incompétence notoire, mise la corde au cou ?
Peut-elle alors se rendre compte de ce que son imprudence à divulguer les informations qu’elle donnait et qui la conduisait à prendre les mesures de fermeture, pourrait se retourner contre elle, ainsi que le disent, dans certaines de leurs dispositions, ses propres textes dont elle s’était dotée pour le bon fonctionnement du secteur qu’elle est appelée à gérer dans l’efficience et l’efficacité ?
Les responsables de l’ARSE, peuvent- elles avoir oublié que l’article 15 stipule que « Le personnel investi de la mission de contrôle de l’ARSE est chargé d’effectuer les opérations de contrôle et de constatation des infractions commises, par procès-verbal en vertu des lois sectorielles et de leurs textes d’application et sur la base de cahiers des charges prédéfinis » et qu’ « A ce titre, il peut procéder à la perquisition, à la saisie de matériels et à la fermeture des locaux sous le contrôle du Procureur de la République ? Il bénéficie du concours des Forces de l’Ordre dans l’exercice de sa mission ».
L’ARSE n’avait donc pas besoin de faire toute cette communication, tout ce tintamarre autour de ce qui l’a conduite à prendre ces mesures de fermeture si tant est qu’elle a la certitude d’agir dans le strict respect de ses prérogatives. L’ARSE passible de poursuites ? En violant ses propres textes,l’ARSE se fait attaquable et aujourd’hui, elle pourrait être visée par des plaintes de la part de ses partenaires qui peuvent se servir d’une violation du secret professionnel par laquelle, elle a divulgué des informations notamment sur les réseaux sociaux alors que l’article 13 insiste sur le fait que les agents de l’ARSE « sont tenus au respect du secret professionnel pour toute information, tout fait, tout acte et/ou tout renseignement dont ils peuvent avoir connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de leurs fonctions », une attitude qui « constitue [selon le même texte] une faute lourde pouvant entrainer la révocation du personnel de l’ARSE ».
Et pour cause, le syndicat des revendeurs de gaz, le lundi 24 octobre 2022, faisait une déclaration, sans doute conscient de cette violation dont se rend coupable l’ARSE, pour fustiger sa gestion des problèmes du secteur et décider en réaction, d’arrêter jusqu’à nouvel ordre, ses activités, et ainsi, pénaliser, les pauvres consommateurs qui paient pour ses fautes et son incompétence désormais avérée.
Alpha