La semaine dernière, le Ministère de la santé publique, non sans indigner l’opinion, procédait à la fermeture de quelques instituts de formation en santé. La nouvelle avait bouleversé des familles, des jeunes qui croyaient trouver l’espace adéquat pour construire leur avenir et une carrière. Elle bouleversait aussi des fondateurs, souvent jeunes, qui tenaient à coeur, la consolidation de leurs entreprises dans un environnement concurrentiel qui oblige chacun à s’inscrire dans une démarche qui impose rigueur et sérieux, innovation et ouverture. En vérité, en prenant cette décision grave, le ministère ne s’est pas entouré de beaucoup de précautions pour avoir autour de lui l’expertise nécessaire qui peut lui permettre d’éviter le choc que sa décision a eu sur l’environnement de la formation professionnelle en santé dans le pays, et par là même pour discréditer, sans s’en rendre compte, une expertise nationale en construction dans le privé pour la formation en santé.

Comment comprendre cette décision quand, de bout en bout, dans le processus de création et d’autorisation de ces écoles, le Ministère de la Santé a été associé à toutes les étapes ? Peutil avoir oublié que son avis comptait dans la décision qui autorisait les établissements à ouvrir et à exercer ?

On retiendra à ce titre…

Qu’en soumettant son dossier de création, le fondateur sait toutes les exigences auxquelles il doit satisfaire pour que son école soit autorisée à ouvrir. Le dossier est d’abord soumis au Ministère de la Santé Publique pour requérir son avis technique sur la qualité du dossier soumis. C’est seulement après cet avis motivé donné en toute connaissance de cause par le Ministère de la Santé et en première phase que le dossier est mis en commission avec, dans le comité d’étude du dossier, pour cette deuxième phase d’étude du dossier, un représentant du Ministère de la Santé appelé à siéger dans la commission pour apprécier avec les autres membres des parties concernées, la qualité technique du dossier.

C’est en dépassant cette étape qu’une mission est envoyée dans la localité d’installation de l’établissement pour apprécier les installations et l’environnement dans lequel l’école devra évoluer. A ce niveau, l’hôpital de la ville, le Génie Rural ou les services de l’urbanisme, l’Association des parents d’élèves, sont tous associés pour se rassurer que l’école trouve là, les infrastructures nécessaires pour assurer une meilleure formation en santé. L’avis donné à cette étape est alors déterminant pour décider de l’ouverture de l’établissement en phase finale.

C’est ainsi que le dossier, après avis du comité local, est réintroduit à la commission nationale qui prend, en dernier ressort, la décision finale pour autoriser l’ouverture de l’établissement. A cette étape encore est invité le représentant du Ministère de la Santé Publique pour entériner la décision finale à prendre en dernière instance.

Toutes les écoles, en principe, ont passé par cette démarche administrative pour bénéficier d’une autorisation à ouvrir et à assurer la formation en santé, dans les branches déclarées et autorisées. Voilà donc la vérité.

On ne peut donc qu’être très surpris d’apprendre, qu’une lettre serve à fermer des écoles, quand, ce sont des arrêtés qui autorisaient leur ouverture. D’un point de vue juridique, quelle pertinence peut avoir le choix du moyen utilisé par le Ministre de la Santé, ne parlons pas de la raison invoquée et sur laquelle, dans la livraison de la semaine dernière, nous avons suffisamment argumenté. Comment donc, pour le rappeler, pour une faute qui, si c’en une, relève plus de la responsabilité du ministère qui s’en sert à accuser des fondateurs pour fermer leurs écoles, le Ministère de la santé justifie sa décision et notamment pour des écoles qui ont pourtant régulièrement eu de bons résultats malgré l’absence discutable de ce qu’il appelle « défaut de plateau technique » ?

Constats…

Le premier est que le Ministère de la Santé qui invoque aujourd’hui des motifs farfelus pour expliquer le bien fondé de sa décision, est impliqué, de bout en bout dans tout le processus qui a abouti à une autorisation d’ouverture. D’ailleurs, rappelons-le, dans la démarche, c’est d’abord le ministère qui a donné en première instance son avis technique qui aura permis de mettre en branle toute la procédure qui a conduit à l’autorisation d’exercer dans la ville déclarée et où, un technicien du même ministère, avec une équipe, s’est rendu pour apprécier l’environnement qui devra accueillir l’établissement. Le deuxième constat est que dans le processus de création de toutes les écoles privées de santé, le Ministère de la Santé a été impliqué et son avis a largement contribué à permettre à chaque étape de faire évoluer le dossier jusqu’à aboutissement. Rien ne s’est donc fait par-dessus l’autorité de tutelle, c’est-à-dire sans que le Ministère de la Santé ne soit associé pour donner son avis qui est quand même déterminant pour autoriser à ouvrir les filières de formation demandées. Aussi, il ne faut pas oublier que pour ces écoles, au moins trois ministères ont des avis à opposer dans l’appréciation du dossier de création. Il y a certes le ministère de la santé, mais aussi le ministère de l’enseignement supérieur, le ministère de la formation professionnelle. Comment donc, par simple lettre, le Ministère de la Santé puisse seul décider d’une fermeture ?

Question…

Le Ministère, a-t-il pensé aux dommages créés à des écoles, à leurs fondateurs, à des familles et à leurs enfants ? Le Ministère a-t-il pris la mesure d’une telle décision pour faire face à la réparation des dommages ainsi créés parce que quand même, c’est lui, le Ministère de la Santé, qui décidait, seul, de fermer alors même que c’est lui aussi qui autorisait la création et l’ouverture avec un avis, le sien, qui a compté d’un bout à l’autre du processus ? Le coût financier de cette décision est grave et colossal. Et le ministère, sinon le ministre, devra seul assumer les conséquences de sa décision unilatérale, faite plus sur des humeurs que sur une rationalité qui prend en compte l’intérêt général, ici royalement ignoré. Sait-il d’ailleurs ce que ces fondateurs audacieux ont investi dans ces établissements pour convaincre du sérieux qu’ils mettent dans leurs entreprises ? La procédure de fermeture bâclée du ministre rend sa décision fragile d’un point de vue du droit, et le sachant, il doit assumer sa décision. Il n’y a pour lui qu’a chercher une solution à l’amiable pour remettre ces écoles, leurs fondateurs et leurs étudiants dans leurs droits. C’est aux grands hommes qu’il revient de prendre de telles décisions qui les honorent, et leur rend la dignité de leurs rangs de gouvernants.

Comment comprendre donc que ce ministère qui a donné sa parole, son vis et son accord, sachant où se créaient les écoles, aujourd’hui, se débine pour décider au nom de cette histoire saugrenue de « plateau technique », de fermer certains établissements, arguant, sans qu’aucun texte ne le dise, que des écoles de santé ne puissent s’ouvrir qu’en chef-lieu de région ? Pourquoi le Ministère renie sa parole, son avis accordé pour autoriser l’ouverture de ces écoles qui n’ont pourtant pas changé de lieu d’exercice ?

Cela ne fait pas cohérence et il est à souhaiter que les différents acteurs reviennent à de meilleurs sentiments pour réexaminer cette décision qui n’arrange personne. Le Premier Ministre et le président de la République pourront s’en saisir pour éviter des situations malheureuses à la jeunesse et à des entrepreneurs que l’Etat a le devoir de protéger et de soutenir. Notre jeunesse est pleine d’initiatives, il ne faut pas la décourager.

Il faut la soutenir, l’encourager. C’est un tel travail que le Niger attend de ses ministres, non de prendre des mesures aussi impopulaires qui peuvent d’ailleurs entacher l’image même du pays qui devient depuis des années un pôle d’excellence dans la formation en santé, attirant près d’une vingtaine de nationalités autour de nous.

Si elles n’ont pas cru en nos écoles, elles ne viendront pas chez nous. Le Niger a intérêt à consolider cette image plutôt qu’à jouer à l’auto-destruction…

Mairiga