Le Ministère de la Justice, Garde des Sceaux et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNCHR) en collaboration avec l’Association des Etudiants Juristes de l’Université de Tahoua (AEJUTA), ont organisé, le 04 novembre 2022, à Tahoua, une conférence-débat sur le thème «Prévention et réduction de l’apatridie au Niger : Etats des lieux». Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la célébration du 8ème anniversaire de la campagne IBELONG pour l’élimination de l’apatridie
La présente conférence-débat s’inscrit dans le cadre de la promotion des efforts mondiaux, communautaires et nationaux pour l’élimination ou la limitation de la situation de l’apatridie. «L’apatridie pour nous n’est pas une question de fiction juridique. Environ 700.000 de nos citoyens se trouvent dans cette situation. Cela, du fait notamment de l’ineffectivité de la matérialisation des limites de certaines frontières. Les lignes de frontières traversent dans certains cas des maisons, des villages. Il est difficile de déterminer dans certains cas qui appartient à quel Etat», explique Maman Na Ayo Moutari, Directeur des Droits humains au Ministère de la Justice, dans son mot introductif à la conférence.
Il rappelle qu’il y’a 8 ans de cela, l’UNHCR lançait un appel aux Etats, aux organisations internationales, aux structures de la société civile, pour une synergie d’actions afin d’éradiquer ou de limiter des situations d’apatridie dans le monde. Trois ans après le lancement de cette campagne, au plan communautaire, les Etats de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont adopté un plan d’actions 2017-2024 pour l’élimination de l’apatridie dans l’espace communautaire. Deux ans après le lancement du plan d’actions communautaire, le Niger s’est doté, à l’issue d’un Conseil des ministres, d’un plan national en la matière. Dans le cadre de la mise en œuvre de celui-ci, nos partenaires dont l’UNHCR ont reçu, des Nations Unies, le mandat d’appuyer les Etats dans la mise en œuvre de leurs feuilles de route pour l’élimination de l’apatridie. Ainsi l’UNHCR a signé un partenariat avec le Ministère de la Justice pour contribuer à la mise en œuvre de ce plan d’actions national.
«Au nombre des actions inscrites dans ledit plan d’actions, figurent les actions de sensibilisation à l’endroit des communautés, des décideurs, des jeunes et des femmes. Il y’a également des actions de formation des acteurs intervenant sur les questions de l’état civil (les magistrats, les officiers d’état civil, les agents d’état civil. Les actions portent aussi sur la vulgarisation des textes», a indiqué le directeur des droits humains.
La commémoration de ce 8ème anniversaire de la campagne IBELONG dans l’enceinte de l’Université Djibo Hamani de Tahoua, l’une des grandes écoles de magistrats et officiers d’état civil, n’est pas un choix fortuit. «L’Université de Tahoua est pionnière en matière de droit humanitaire en particulier. Une équipe de cette Université a réalisé une étude qui nous sert de repère sur la question. Je salue la qualité dans la formation, beaucoup d’étudiants s’intéressent à la thématique de l’apatridie», se félicite M. Maman Na Ayo Moutari.
Le Directeur-pays du Comité international pour l’aide, l’urgence et le développement (CIAUD), M. Mahamadou Yattara a donné un aperçu des activités menées au cours des trois dernières années par son institution avec l’appui de l’UNHCR et en partenariat avec le Ministère de la Justice. «Nous intervenons d’abord sur l’identification des personnes à risque d’apatridie. Nous avons des gens ici à Tahoua dans les zones de Tillia, Tassara, Tchintabareden et Madaoua. Après identification, nous organisons avec la direction de l’état civil et les tribunaux, des audiences foraines pour la régularisation des situations des personnes identifiées. Nous avons eu à organiser des audiences foraines, cette année à Bangui, à Tchintabareden et à Tillia. Parallèlement à ces audiences foraines, nous organisons aussi des séances de sensibilisation et de renforcement des capacités, nous apportons également des appuis institutionnels», a expliqué M. Mahamadou Yattara qui annonce la création d’un centre d’état civil à Madaoua.
Dans le cadre de cette édition de la journée «Non l’apatridie» au Niger, un match de gala a été organisé sur le terrain de football de l’Université de Tahoua. Il a opposé les finalistes de la dernière compétition inter-cité, à savoir la «cité mère» contre la cité «Sambou Gouna», dans l’après-midi du samedi 5 novembre 2022. S’en est suivie ensuite, quelques heures plus tard, une soirée culturelle à l’amphithéâtre 500 places de l’Université de Tahoua.
Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua
Source : http://www.lesahel.org