L’Université Abdou Moumouni de Niamey a accueilli le mardi 15 novembre dernier, une conférence-débat sur les thèmes «Coopération Niger-France : Analyse et Perspectives» et «Coopération Niger-France : quel déséquilibre». La conférence a été animée, sur invitation du Comité Exécutif de l’UENUN, par le nouvel ambassadeur de la France au Niger, SE Sylvain Itté et M. Moussa Tchangari, secrétaire général de l’Association Alternatives Espaces Citoyens. Des échanges à la fois houleux et intenses ont permis aux étudiants d’être éclairés sur les priorités de la coopération bilatérale et sur les griefs retenus par certains Nigériens contre la France.

Le premier intervenant, l’ambassadeur français a d’entrée de jeu reconnu le risque qu’il a pris pour venir débattre de la relation entre son pays et le Niger avec les étudiants de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Mais, dit-il, «il est toujours préférable de débattre, d’échanger, de dialoguer, de se confronter, plutôt que de rester chacun de son côté à dialoguer par réseaux sociaux interposés». D’où sa présence pour répondre aux questions des étudiants et faire en sorte que le fil conducteur du débat  soit «sur la base d’éléments objectifs, concrets et réels».

M. Sylvain Itté a rappelé que, la présence de la France au Niger est avant tout une présence de coopération et de soutien au développement du pays dans des programmes de santé, d’éducation, de développement urbain, d’hydraulique et d’énergie. Les trois secteurs d’interventions de la France au Niger sont l’hydraulique, l’agriculture et l’agro-industrie et l’éducation qui est une priorité du Président de la République, Mohamed Bazoum. L’ambassadeur de France s’est également prononcé sur la présence de l’armée française au Niger sur invitation des autorités légitimes et après un vote à l’Assemblée nationale où personne ne s’est prononcé contre, l’opposition s’étant seulement abstenue lors du vote à l’Hémicycle.

«Personne n’est obligée ni d’aimer la politique française, ni la France, ni les Français. En revanche, ce que moi je souhaite aujourd’hui, c’est qu’à l’issue de notre débat, nous ayons posé la question et le problème sur la base d’éléments réels, factuels, et d’éléments qui ne sont pas uniquement le résultat des réseaux sociaux», a précisé M. Sylvain Itté.

Le diplomate français a également plaidé pour que la problématique soit posée dans son ensemble par les deux parties de manière à poser les responsabilités dans leur ensemble et à les analyser de la manière la plus objective possible pour en retirer les éléments positifs pour l’avenir afin de ne pas rater ce moment important de la jeunesse africaine qui veut construire son avenir sur de nouvelles bases.

Pour sa part, le second conférencier a fait un rappel de l’historique de la présence française au Niger et des péripéties qu’il y’a eu dans la relation bilatérale avec le Niger. Le secrétaire général de l’Association Alternatives Espaces Citoyens a cité les évènements de la guerre au Biafra et les luttes d’indépendance du Québec, deux évènements sur lesquels le Niger indépendant a refusé de s’aligner sur la position de la France. «La question de l’Uranium, dit-il, a toujours été au centre des tensions entre les deux pays», a-t-il souligné.

M. Moussa Tchangari, a dénoncé la présence militaire française au Niger et a parlé de décolonisation inachevée. Il a aussi fustigé, dans ses propos, le penchant de la France à soutenir des mouvements indépendantistes en Afrique. Le secrétaire général de l’association Alternatives Espaces Citoyens s’est largement appesanti sur la situation sécuritaire actuelle, qu’il impute en partie à la France, et le déséquilibre que cela induit sciemment.

M. Moussa Tchangari a ensuite accusé plusieurs organisations sous-régionales et régionales de faire le jeu des ‘‘puissances étrangères’’.

Les échanges et le débat d’idées qui ont commencé dans la convivialité, ont soudainement pris une allure de cacophonie et d’attaques ciblées et infondées, sans pour autant avancer des preuves et autres éléments tangibles pour illustrer les propos tenus. L’équipe de modération s’étant laissée submergée, a manqué de tact pour recadrer les interventions, obligeant le second conférencier, le secrétaire général de l’Association Alternatives Espaces Citoyens, à s’improviser ‘‘modérateur’’.

 Souleymane Yahaya(onep)

Source : http://www.lesahel.org