Le Directeur général de l’Agence Nationale pour l’économie des conférences (ANEC), M. Mohamed Saidil Moctar a été reçu en audience par le Chef de l’Etat. Au terme de cette rencontre de travail sur les préparatifs du double sommet de l’Union Africaine avec le Président de la République, Mohamed Bazoum, M.Saidil Moctar a affirmé que ‘’notre pays accueille deux sommets des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine le 25 de ce mois dont le sommet extraordinaire sur l’industrialisation de l’Afrique et la diversification économique et celui de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Il a rappelé qu'en prélude à ces sommets, ‘’il y’aura demain mercredi, la réunion du conseil exécutif de l’Union Africaine qui est composée des Ministres en charge des affaires étrangères qui doivent amender le document qui a été préparé par les Ministres sectoriels, notamment ceux en charge de l’industrie et du commerce lors des précédentes réunions''.
‘’Le Président de la République a donc réuni l’ensemble des acteurs concernés par cette question notamment les ministères techniques, la ville de Niamey ainsi que toutes les structures pour faire le point sur les derniers préparatifs et sur les dispositifs qui ont été prévus’’.
Saidil Moctar a ajouté que ‘’nous avons passé en revue avec le Président, toutes les dispositions en termes d’accueil, de participation des chefs d’Etat, d’hébergement, de transport et de sécurité de toutes ces personnes pour que cet évènement soit une fois de plus une réussite pour notre pays''.
Le Président de la République, à travers la direction de son cabinet, a donné toutes les orientations nécessaires pour que le dispositif qui a été prévu soit mis en œuvre.
‘’Nous sommes donc prêts pour accueillir ce sommet qui, une fois de plus, affirme le leadership de notre pays, mais également rentre dans le cadre du programme du Président de la République visant à donner plus de visibilité à notre pays et de faire du Niger un site, un hub en matière de conférences et des évènements internationaux''.
M. Mohamed Saidil Moctar a invité la population de Niamey ‘’à plus de patience, naturellement quand vous avez un tel évènement, il y a toujours de petits désagréments qui interviennent, et ça, c’est universel, partout où il y a un sommet d’une telle dimension, on a des désagréments, surtout avec le contexte sécuritaire que nous connaissons actuellement. Nous les invitons également à réserver toujours comme d’habitude un accueil chaleureux à nos hôtes et faire en sorte que leur séjour soit le meilleur possible’’.
Pour revenir sur la Semaine africaine de l’Industrialisation, il faut souligner que le ministère de l’Industrie et de l’Entreprenariat des Jeunes a organisé, un panel sur le thème : «des évaluations multisectorielles comme condition de succès». Ce panel a été aminé la cheffe de division du centre de développement et de transformation économique de l’organisation de coopération et de développement économique (OECD), Dr Annalisa Primi ; l’économiste de l’OECD, Dr Abdoul Fadh Fofana et le chef de division industrialisation de l’Agence du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (AUDA NEPAD), M. Kosi Tourasi.
Plusieurs sous thèmes ont été absorbés au cours de ce panel. Il s’agit entre autres des chaines de valeur industrielle et régionale, des partenariats et alliances pour réaliser l’industrialisation de l’Afrique, de partage d’expérience sur les activités réussies dans le cadre de l’industrialisation de l’Afrique. Ce panel vise à identifier les critères permettant la réalisation d’une approche multisectorielle lors de la conception et de la mise en œuvre du programme pour vérifier s’il existe l’intégration de dimensions multisectorielles qui sont co-créées avec les parties prenantes nationales et régionales. Il s’agit à terme de promouvoir une approche multisectorielle avec l’ensemble des institutions impliquées dans la mise en œuvre des programmes d’industrialisation. La conception, la planification et la mise en œuvre de ces programmes seront influencées par de multiples facteurs tels que des facteurs économiques, sociaux, politiques, culturels, démographiques et écologiques.
Pour la Cheffe de division du centre développement et transformation économique de l’OECD, Dr Annalisa Primi, la question sur les approches multisectorielles et multidimensionnelles est importante pour le développement de l’Afrique. «Nous avons créé au niveau centre de développement, un dialogue politique sur les chaines de valeur et la transformation productive dans laquelle nous travaillons avec l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et les pays de l’OCDE sur les politiques industrielles. Nous proposons des avis aux gouvernements dans la mise en œuvre des stratégies de transformation économiques».
Dr Annalisa Primi a indiqué que le centre développement et transformation économique de l’OECD a développé un outil intitulé ‘’Examen des politiques de transformation économique (EPTE)’’. «Avec cet outil, nous avons travaillé avec le gouvernement de l’Egypte, aujourd’hui nous travaillons avec le gouvernement du Togo et nous espérons évidement pouvoir contribuer à apprendre des expériences africaines avec les autres pays et les secteurs privés africains. Nous faisons également de la coordination entre les différents acteurs pour qu’ils arrivent à travailler ensemble».
Pour sa part, le chef de division industrialisation de l’Agence du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (AUDA NEPAD), M. Kosi, les activités de l’NEPAD dans le cadre de l’industrialisation, la science, la technologie. «En termes de développement sectoriel, nous avons mis en place au niveau du comphensive Africa Agriculture Développement Programme (CADEP) et du mécanisme de compact et dans plusieurs Etats, un mécanisme qui nous permet d’agir, de communiquer et de regrouper tous les acteurs de développement et cela nous permet d’avoir une vision claire de ce que nous faisons».
Pour l’économiste de l’OECD, Dr Abdoul Fadh Fofana, la thématique sur l’industrialisation nous amène de voir de façon holistique, les décisions qu’il faut dans le cadre du développement de nos économies. «Nous allons essayer de partager des expériences avec les acteurs concernés. Nous avons au niveau de l’OECD, un outil assez innovant, assez smart qui essaye de prendre en compte toutes les dimensions dans les politiques de développement».
Le second panel de la journée a pour thème «Développer et renforcer les principales chaines de valeurs régionales à l'échelle continentale en Afrique». Des opportunités que crée la ZLECAf pour la croissance et la transformation de l'Afrique auxpossibilités et défis d'investissement sur le continent, en passant par l'intégration des chaines de valeur intra-africaines et l'indentification des secteurs prioritaires pour les investissements, les experts et techniciens ont fait le tour de points forts et des contraintes autour du thème.
Pour l’Union Africaine, l’Union Européenne et le Centre du commerce international, les principaux porteurs du projet de panel, la mise en place d’un marché unique doté d’un cadre règlementaire clair et solide dans les 54 pays signataires de la ZLECAF favorisera le développement de nouvelles chaines de valeurs régionales présentant « un immense potentiel supplémentaire pour accroitre le commerce à valeur ajoutée et l’emploi ». Ils tablent sur les 1,3 milliard de consommateurs africains et son dédoublement vers 2050 qui devrait créer de fortes incitations à l’investissement.
Les panelistes ont échangé sur les possibilités de chaines de valeurs les plus prometteuses pour l’Afrique et se sont attardés sur les secteurs de l’automobile, des vêtements en coton, des produits pharmaceutiques et des aliments pour nourrissons. Ces derniers font partie de 94 chaines de valeurs rentables pour l’Afrique identifiés par l’ITC, mandaté par la direction générale des partenariats internationaux de la commission européenne, lors de son diagnostic des chaines de valeur. L’étude de diagnostic des chaines de valeurs a réussi à « recenser les secteurs à fort potentiel pour le développement durable des chaines de valeur en Afrique et les goulots d’étranglement qui empêchent les entreprises de réaliser pleinement ce potentiel ».
Les interventions ont fait ressortir que le renforcement du commerce inter-régional est à même de soutenir la croissance inclusive en bénéficiant davantage d’entreprises appartenant à des femmes. Il est souligné que seule 18% des entreprises au niveau continental sont dirigés par des femmes. L’inclusion effective des femmes dans les secteurs économiques en Afrique est identifiée comme nécessaire pour aboutir à l’industrialisation sur le continent et à la diversification de son économie.
Le 3 ème panel est axé sur la «décarbonisation de l’industrie africaine».
Pour positionner l'industrie africaine sur la trajectoire d’un développement durable afin de contribuer à l'atténuation du changement climatique, une étude a été réalisée pour faire le point sur l'état actuel des pratiques ESG (Environnemental, sociétal et de gouvernance) dans le secteur privé africain dans la perspective d’identifier les défis, risques et opportunités et élaborer des recommandations stratégiques. Les résultats préliminaires de cette étude sur les pratiques ESG dans le secteur privé africain font ressortir que l’ambition est d’améliorer la compétitivité de l'industrie africaine, dans un contexte où la durabilité devient un déterminant essentiel de la compétitivité, et aussi la création d’un marché africain inclusif et durable ancré sur la ZLECAf.
«Nous avons mené des entretiens et développé des études de cas pour les principales entreprises et organismes de certification des chambres de commerce, en nous concentrant sur les moteurs de l'ESG , la décarbonisation, les défis, risques et opportunités associées», a indiqué M. Jean-Bertrand Azapmo, conseiller principal à la Commission de l’UA pour ETTIM. Il a par ailleurs expliqué que, si l'ESG en particulier est encore naissant dans le secteur privé africain dans son ensemble, certains secteurs progressent. Alors que les exigences de durabilité dans les chaînes de valeur mondiales sont un moteur important de l'ESG pour les entreprises, la demande africaine de biens de consommation durables commence à croître.
Ainsi, un certain nombre d'entreprises de premier plan en Afrique ont des modèles commerciaux qui entraînent directement la décarbonisation. Ces entreprises comprennent la valorisation énergétique des déchets, les produits forestiers, le solaire. D'autres entreprises démontrent un autre moteur majeur de la décarbonatation à savoir, l'avantage concurrentiel de l'adoption d'une approche d'économie circulaire à faible émission de carbone, la réduction des coûts, l'amélioration de la productivité et le développement de nouvelles sources de revenus à partir des déchets et même des crédits carbones.
L'engagement à réduire les émissions de carbone conformément aux objectifs mondiaux par le biais de l'ITBS n'est pas encore commun en Afrique. Les résultats de l’étude ont démontré que les entreprises de 11 pays africains ont fixé des objectifs de réduction des émissions en accord avec les objectifs mondiaux. L'Afrique du Sud, l'Égypte et l'Île Maurice comptent le plus grand nombre d'entreprises ayant fixé des objectifs. En plus de ces entreprises, un certain nombre d'autres se sont engagées à fixer des objectifs dans un délai d'un mois en Afrique du Sud, au Kenya et en Égypte.
Le SBTI permet aux entreprises de fixer des objectifs de réduction des émissions afin d'atteindre un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et propose aux entreprises des méthodes conformes à la science du climat. Les objectifs sont fixés de manière indépendante.
Pour parvenir à des émissions nettes nulles, l'Afrique aura probablement besoin de 2.000 milliards de dollars d'investissements supplémentaires au cours des 30 prochaines années, dont la majeure partie pour remodeler le secteur de l'électricité. Cependant, d'importants obstacles à l'accès au financement vert en Afrique subsistent. En gros, ces obstacles sont de deux ordres : Le manque de projets climatiques bancables du côté de la demande. Du côté de l'offre, la disponibilité et l’accès aux investisseurs et au financement. Pour surmonter ces obstacles, il est important de développer un pipeline solide de projets verts investissables, de décarbonisation des industries existantes, ou de nouvelles entreprises vertes.
Il est aussi important d’établir une base de référence solide et un système de vérification des émissions de gaz à effet de serre, de rendre obligatoires les instruments de financement verts qui correspondent aux différents profils de risque et de rendement. Il s'agit notamment des crédits carbones, des assurances vertes, des obligations vertes, des mécanismes de garantie verte et des paiements pour la performance. En outre, bien que le financement du climat par les pays riches augmente, il reste en deçà des engagements pris à la COP 15 de 100 milliards de dollars par an. Il est à noter que la BAD a publié une série de boîtes à outils pour aider les petites et moyennes entreprises à exploiter les opportunités d'investissement vert contenues dans les Contribution Déterminée au Niveau National (CDN) des pays dans le cadre de l'Accord de Paris.
Le 4ème panel porte sur la question des Partenariats et alliances pour réaliser l’industrialisation de l’Afrique.
L’objectif de ce panel, est de mobiliser des partenariats publics –privés nationaux et internationaux pour renforcer les capacités de planification et de mise en œuvre d’une croissance industrielle accélérée et élargie en Afrique.
Pour M. Issa Dramé, le partenariat peut être vu sous plusieurs angles notamment en interne et en international et aussi à travers la coopération sud-sud, et aussi à travers l’alliance positive mise en œuvre avec la banque mondiale à travers plusieurs programmes ; la JICA et bien autres partenaires.
Les autres panelistes, notamment le diplomate Alberto Virella a rappelé l’impact de l’industrie sur les autres secteurs, et de noter que ‘’le développement industriel n’est pas clairement formulé dans le partenariat entre l’Afrique et l’Union Européenne’’.
Quant au représentant de l’Agence de Développement de l’Union Africaine (NEPAD), M. Moustapha, il a centré son intervention sur les initiatives faites par son institution dans le domaine de la recherche des partenariats.
Les autres panelistes ont insisté, dans leurs interventions, sur le rôle des gouvernements, de la société civile, des organisations régionales, continentales et internationales pour le lancement et la mise en œuvre des partenariats.
Tanko Abdoulkarim