S’il y a une chose du comportement de l’ancien Président Issoufou Mahamadou, qui a agacé les Nigériens, c’est bien sa sécurité, lors de ses passages dans les artères de la capitale. Combien de fois les Nigériens, surpris sur ces passages, sans être informés des règles du jeu, avaient été furieusement tabassés, rabroués de coups cyniques par des gardes sur les nerfs ? Pendant dix ans, les Nigériens ont vécu sous la terreur de cette culture de la personnalité : quand Issoufou passe dans la ville, personne ne doit passer. Même les morts sortis imprudemment de la morgue, en avaient eu pour leur compte, sommés d’attendre que passe le « pacha » avant qu’ils ne regagnent leur dernière demeure, ce, dans l’incompréhension de parents éplorés et douloureux. On se rappelle que, revenant de la campagne électorale en 2016, alors que des militants étaient réunis à la devanture du siège du Moden Fa Lumana Africa au quartier Zabarkane, et alors qu’Issoufou ne devrait rentrer qu’un peu tard en soirée, des forces de l’ordre venaient brutaliser les militants et militantes en animation électorale, les aspergeant de gaz lacrymogène, prétextant qu’ils obstruaient le passage du président-candidat qui ne passait pourtant pas encore. L’on se rappelle également comment, passant pour aller dans une pâtisserie, une jeune journaliste avait été molestée copieusement par les mêmes gardes, quelque part non loin du petitmarché de Niamey, payant sans doute, elle aussi, pour ses posts qui fâchent. La liste est longue. Personne, à Niamey, ne souhaitait alors passer par les artères que le président-empereur devrait emprunter car en ces moments, personne n’a le droit d’y circuler, tous les passants surpris sur son trajets, devant être méticuleusement tenus loin de là, souvent enfermés dans des services alentour pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de pétard. Les policiers posés dans le jalonnement, eux-mêmes, n’ont droit qu’à la matraque, ne pouvant avoir d’arme sur eux que le « petit bois noir », ne serait-ce que pour leur propre sécurité.

Détente éphémère…

C’était ce calvaire que les Nigériens ont vécu pendant dix années de raidissement, de peur bleue de la part de quelqu’un qui a pourtant fait croire qu’il serait le Lion – Zaki – bluffant les hommes et les femmes du pays avec le sobriquet qui lui donnait tant de vanité avant que les Nigériens ne découvrent, au pouvoir, les couardises qu’il pouvait avoir à trop craindre pour sa sécurité. Arrivant au pouvoir après celuilà, Bazoum Mohamed avait, les premières semaines de son entrée en fonction, changé les choses, et les Nigériens, avec soulagement, accueillaient, l’allègement de son dispositif sécuritaire. Ses passages ne gênaient jamais, il passait sans que les gens ne s’en rendent compte. Cet homme, les Nigériens l’ont cru, lorsqu’il ne voulait déranger personne par ses déplacement alors très discrets. Un tel choix de l’humilité qui obligeait à faire des comparaisons, ne pouvait pourtant pas plaire à des hommes qui ne voudraient pas qu’un autre, si ce n’est leur champion, soit mieux apprécié des Nigériens et les stratèges avaient vite trouvé le moyen d’effrayer Bazoum pour l’amener à revenir peu à un peu à un renforcement de son dispositif sécuritaire naguère allégé. Le premier acte posé, peuvent croire certains analystes, est cette attaque au domicile de Seini Oumarou, avec laquelle on pourrait avoir montré à Bazoum que son choix ne se justifiait pas car la menace est toujours pressante et réelle dans la capitale.

Récupération et continuité…

Depuis qu’il a été récupéré par ce stratagème, en jouant notamment sur la paranoïa, effrayant l’homme au moyen de possibles menaces dont on lui brandit les risques majeures dans la capitale, qui plus, pourrait-on lui dire, est plus acquise à l’opposition qu’aux partis au pouvoir, Bazoum Mohamed a du perdre la confiance qu’il avait en lui-même, retombant dans la même psychose de l’attentat et du coup d’Etat pour lequel, pendant dix ans, presque chaque année, Issoufou a accusé et emprisonné des hommes. Bazoum est donc, en train de tomber dans le piège d’Issoufou qui semble réussir à lui faire croire que seule sa stratégie peut le préserver et sauver son pouvoir. Alors qu’il aspirait à changer, à faire en sorte que les Nigériens croient en lui et en ce qu’il nourrit de très bonnes ambitions pour le pays pour donner enfin, par son socialisme redéfini, un visage plus humain que celui qu’Issoufou, adepte d’une confusion idéologique, a voulu prétendre être du socialisme « réchauffé », étalant par sa gouvernance, des choix à l’antipode du modèle social dont il se prévalait pour tromper les Nigériens. Avec l’ancien Président on aura tout vu sauf du socialisme. Le style hautain de son leadership qui l’a poussé à se surestimer, ne pouvait l’aider à incarner le socialisme, se rapprochant, dans ses illusions démesurées, plus de dieux que des hommes.

En tout cas, depuis quelques temps, par le renforcement du dispositif sécuritaire et de jalonnement, les Niaméens peuvent avoir compris que quelque chose est en train de changer, qu’un certains Issoufou, est en train de revenir, incarné à travers la militarisation à outrance de la ville chaque fois que le président devrait aller par les voies de la ville, allant à l’aéroport ou allant dans des quartiers pour quelques cérémonies. Ce n’est donc plus le même Bazoum de 2021 que les Nigériens découvraient après l’investiture du 2 avril de l’année de « son » élection. Depuis des semaines, il a radicalement changé et faut-il lire là déjà, quelques signes du raidissement de son pouvoir après les lueurs d’apaisement qu’il donnait en rentrant en fonction ?

Or, pourquoi s’encombrer de tant de précautions militaires si tant est que l’on a la certitude d’être élu et donc d’être aimé de son peuple ? Si Issoufou l’a fait parce qu’il sait les conditions dans lesquelles il maintenait le pouvoir, Bazoum, même mal élu, peut-il s’encombrer des mêmes précautions surtout quand, faisant ces annonces, les Nigériens semblent lui accorder la faveur de la trêve, profitant du sursis d’un peuple qui fait le choix sans qu’on ne lui demande, pour un temps d’observation, de lui donner la chance de gouverner dans le respect des canons républicains annoncés.

Zèle et ostentation à l’occasion du sommet de l’UA….

On a vu les extravagances sécuritaires auxquelles le régime s’est adonné au point d’effrayer les hôtes qui venaient et qu’un tel dispositif dissuasif, pouvait plus inquiéter que rassurer. En effet, à l’occasion du Sommet de l’Union Africaine sur l’industrialisation, pour des socialistes trop gonflés à se flatter de ce qui serait un succès diplomatique, sinon, pour les plus modestes, le fait que le Niger serait devenu fréquentable, l’on a vu la ville quadrillée d’armes et de soldats. La capitale Niamey, n’est-elle plus rassurante ? Si oui, pourquoi protéger plus les étrangers qui arrivent que les populations ? Pendant quelques trois jours, les populations ont été gênées dans leur mobilité, avec un pont central qu’on ferme à la circulation, des voies bloquées, des artères sur lesquelles la circulation est drastiquement régulée. Depuis Issoufou, les Nigériens n’en avaient jamais connu qui les oblige à rester immobilisés pendant des heures sans avancer, attendant, coléreux, que passent les « maîtres » de la démocratie qui peuvent tant faire souffrir leur peuple. La voie de l’aéroport, quand elle reste la seule que l’on peut emprunter pour avoir accès aux quartiers des environs, a été l’enfer pour les usagers. Des véhicules de transport, pour ne partir à perte, on du renoncer à la course, libérant des passagers qui n’avaient de choix que de partir à pieds, allant loin, fatigués. Des écoliers et populations des quartiers, devront se souvenir longtemps de ce jour du jeudi où ils passaient plus de trois heures de temps avant d’atteindre leurs habitations, souvent un peu tard en soirée.

Réadapter nos voies…

La voie de l’aéroport par exemple, est celle qui s’ouvre sur l’une des plus grandes portes d’entrée de la ville. Mais quand on voit à quelles allures et dans quelle densité, Faba-faba, taxis, camions et motos se bousculent sur cette voie, très rétrécies en certains endroits et gênée à certains niveaux, si ce n’est par les rails inutiles, c’est par l’entrée encombrée de la douane qui cause énormément de désagréments aux usagers et aux populations riveraines avec les nombreux accidents que l’on enregistre sur cette voie de l’enfer, l’on ne peut que redouter le pire pour les populations environnantes. Il faut donner une bonne image à ces nombreux visiteurs qui sont rentrés dans la capitale par cette porte, venant de Dosso car comment comprendre que quelqu’un qui vient de Gaya ou de Dosso passe plus de temps de l’entrée de la ville à destination, quand pour tout le trajet parcouru, il n’aura pas passé tant de temps ? Il faut déguerpir les rails préhistoriques de Bolloré et ouvrir là, une voie plus moderne qui honore la capitale, et sécurise mieux les usagers.

C’est un cri des populations à entendre. Et ce n’est au-dessus de moyens de l’Etat.

AI