Une inspection générale d’Etat serait en cours depuis quelques jours à la Primature, a-t-on appris de source digne de foi. Cette inspection concerne, apprend-on, certains services techniques et projets rattachés au cabinet du Premier ministre et s’inscrit dans le sillage d’une série d’inspections de la même nature diligentée par le président Bazoum Mohamed au cours de ces deux dernières années au niveau de différentes entités de l’Etat dont des ministères et des sociétés et offices de l’Etat.
En notre connaissance, une première inspection d’Etat avait été déjà effectuée au niveau de cette institution dirigée par Ouhoumoudou Mahamadou, mais dont les conclusions ne sont toujours pas connues. Pourquoi une deuxième inspection ? Des soupçons de malversations dans les services rattachés visés par l’opération ? Nous ne saurons le dire ! La seule certitude, lorsqu’une inspection d’Etat est diligentée au niveau d’une entité étatique, c’est qu’il y a anguille sous roche. La mission d’investigation des inspecteurs d’Etat entrave le fonctionnement normal de plusieurs services rattachés à la Primature, selon notre source. Sur quelle découverte inspection d’Etat débouchera-t-elle ? Difficile à dire ! Pour l’heure, on peut simplement constater que le président Bazoum cherche à voir clair dans la gestion de la troisième institution importante de la République après la présidence de la République et l’Assemblée nationale. Ce qui dénote de sa volonté apparente d’assainir la vie publique, présentement caractérisée par des pratiques corruptives sans commune mesure doublée d’impunité, la concussion, le favoritisme et tant d’autres actes néfastes qui plombent les efforts de développement de notre pays. Mais afficher sa volonté seule ne suffit pas, il lui faut matérialiser cette volonté en actes concrets aux yeux de l’opinion nationale. L’on nous rétorquera qu’il est en train de le faire ces derniers temps, à travers notamment le traitement judiciaire dont font l’objet des dossiers relatifs à des investigations menées par la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) au niveau de certaines structures de l’Etat parmi lesquelles la Direction générale des douanes, la Direction régionales des impôts de Dosso et la Police Nationale, etc. Des poursuites judiciaires qui se sont déjà soldées par l’inculpation et l’emprisonnement de plusieurs cadres des douanes et des impôts pour de faits de détournements de deniers publics pour certains et de corruption présumés. D’autres affaires étant dans le pipeline, la liste des prévenus est certainement appelée à se rallonger dans les jours et les semaines à venir au fil notamment du traitement de la trentaine de dossiers de malversations ficelés par la Halcia et transmis à la justice. Sur la base de ces poursuites judiciaires engagées contre des fonctionnaires de l’Etat, l’on peut effectivement soutenir que le ton est donné. Mais estce que c’est suffisant pour jeter des fleurs au président Bazoum ?
La réponse est évidemment non ! Et pour cause, à l’exception de l’Affaire Ibou Karadjé portant sur le détournement de l’ordre de 8 milliards de francs à la présidence de la République, les dossiers scabreux qui sont en train de connaître une suite judiciaire sont exclusivement ceux provenant la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF-Niger) en l’occurrence l’affaire Bagri et les rapports de la Halcia. Ceux relatifs aux rapports d’inspection d’Etat ne sont pas transmis à la justice et Dieu seul qu’il y en a eu un bon paquet diligenté par le président Bazoum de 2021 à ce jour. Lesdits rapports lui sont exclusivement transmis et à c’est à lui seul de décider de leur sort. S’il est résolument déterminer à assainir la vie publique sans discernement aucun, Bazoum devrait logiquement transmettre aussi ces rapports d’inspection à la justice s’il s’avère qu’ils comportent des faits de malversations au niveau des entités concernées.
Les garder à son niveau, c’est vouloir mener la lutte contre la malgouvernance de manière partiale et partisane, à la tête du client. C’est le sentiment exprimé par le syndicat autonome des agents des douanes (Snad) dans son communiqué, suite à l’arrestation de ses trois militants accusés de malversations financières et ; c’est aussi le défi lancé au président Bazoum par le syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman), qui s’est senti accusé par ce dernier dans son discours de présentation des voeux de nouvel an 2023, de faire preuve de nonchalance dans le cadre de la lutte contre la corruption et l’impunité. Pour convaincre l’opinion nationale quant à sa détermination à lutter sans atermoiements contre les pratiques malsaines, Bazoum se doit donc de dissiper ces suspicions en donnant une suite aux rapports d’inspection d’Etat. Le gage de sa bonne foi en dépend !
O.I