Le Niger, raconte-t-on, est le bon élève de la France. Tout ce que les autres peuples peuvent ne pas accepter avec la France pour se préserver, les autorités nigériennes, comme liées par quelques contrats tacites avec leurs « maîtres », sont prêtes à tout accepter. Et, on l’aura compris, cette bienveillance ne vise qu’à mériter ses indulgences, son soutien malgré les conditions dans lesquelles elles réussirent à se maintenir au pouvoir. Il y a quelques jours, le président nigérien se rendait à Bruxelles, au siège de l’Union Européenne, pour s’entendre dire que la démocratie nigérienne serait la plus merveilleuse, taisant à dessein toutes les taches noires qui l’enlaidissent de corruption, d’injustice, d’élections bâclées, de détournements immenses, d’enrichissements illicites, de monarchisme, de trafics de drogue, etc.
Profitant de ce déplacement qui le conduira après en Ethiopie, au Tchad, au Gabon, poursuivant sa randonnée interminable, il se rendit avant à Paris où il avait rencontré le président français, Emmanuel Macron. Mais, rien n’a filtré de cette rencontre et, après l’entrevue, le président nigérien partit presque sur la pointe de pieds, lui qui aime tant se livrer aux médias français chaque fois qu’il se retrouve à l’extérieur. Il sait que chez lui ça ne va pas. Le peuple grogne et l’insécurité prend de l’ampleur.
Les interrogations légitimes que les Nigériens se sont posées, après l’attaque d’Intagamey dans le département de Banibangou, obligent aujourd’hui à ouvrir les yeux et à écouter le peuple. C’est pourquoi l’on pense que la rencontre avec Emmanuel Macron ne peut pas ne pas occulter l’épineuse question de l’insécurité au Niger et ce malgré le fait que, de plus en plus, la présence militaire française devient importante et agaçante, surtout quand les résultats ne suivent pas. Spéculations…
Les observateurs s’interrogent donc sur ce qui pouvait avoir été au centre des discussions avec les deux hommes. Pour certains en effet, ce nième revers infligé à l’armée nationale, même avec la présence militaire (inutile) de la France dans le pays, pose problème. On connait la liberté de ton que le Nigérien s’autorise souvent et pourrait, à un tel niveau de rencontre, exprimer toutes les préoccupations et les interrogations du Niger face à la dégradation de la situation. Il est évident que dans une telle dialectique, il est difficile qu’ils trouvent un terrain d’entendre, la France pouvant, tout de suite arriver à la déduction hâtive, que Niamey serait dans les pas déconseillés du Mali et du Burkina, toute chose pour laquelle, elle avait chouchouté les autorités de Niamey qu’elle présente, pour ses seuls intérêts, comme le bel exemple de réussite que l’Afrique n’aura jamais connu. Une telle thèse est tout à fait fondée et crédible quand, quelques deux jours après, l’on apprend que les militaires français chassés du Burkina Faso voisin, initialement prévus pour s’installer au Niger, changent de destination pour rentrer en France.
Dès lors l’on se demande si les relations avec le Niger seraient-elles entrain de se gâter, elles aussi. Les prochains jours devraient apporter plus de lumière sur le sujet.
A. S