Plaise à Dieu Dieu, dans moins d’un mois, le président Mohamed Bazoum aura bouclé deux (2) balais à la tête de l’Etat. Deux années, ce n’est pas rien dans un quinquennat, car c’en est pratiquement la moitié, si l’on enlève la cinquième année, qui est, généralement, électorale, au cours de laquelle le président sortant est plus préoccupé par sa réélection qu’autre chose. On peut ainsi considérer que le quinquennat actuel est mi-mandat. Naturellement, dans toute entreprise humaine définie dans la temporalité, une évaluation est souvent faite, lorsqu’une programmation dans le temps en est le terme. Dans ce cas, on parle d’une évaluation à mi-parcours, qui permet de mesurer, sur la base d’indicateurs préétablis, le chemin parcouru dans la mise en oeuvre de ce qui a été programmé au départ. L’évaluation à mi-parcours est un outil important dans la mise en oeuvre des différents programmes et projets, voire des politiques publiques car elle permet des réajustements dans les actions programmées qui n’auront pas été bien menées, de revoir, parfois, les objectifs fixés, ou encore de réévaluer les moyens par rapport aux finalités. En composition scolaire ou académique, c’est la phase de la dernière relecture de la copie avant le dépôt final afin de corriger ce qui pourrait l’être encore, car après, plus de possibilité de changer quoi que ce soit à la composition.

Mais, qui mieux que Mohamed Bazoum, enseignant de formation, sait toute l’importance de la relecture d’une copie de composition ? Malheureusement pour lui, c’est à cet exercice redoutable qu’il devra se soumettre dans quelques jours, celui de présenter un petit bilan de son action présidentielle, c’est-à-dire ce qui a pu être entrepris réellement et non ce qui va l’être dans le temps. Le stade des intentions, des voeux et des promesses est déjà révolu, puisqu’il s’agit, maintenant, de dire un peu de ce qui a été réalisé dans ce qui a été programmé au départ. Or, c’est justement-là que se pose le problème fondamental de la présidence Bazoum, car, si l’on devait juger en toute objectivité ces deux années de l’actuel quinquennat, l’on serait forcé d’admettre que le bilan global se révèle famélique, pour ne pas dire, tout simplement, nul, afin de rester dans les proportions de la physique dynamique pour laquelle l’action nulle n’existant pas en principe, elle préfère plutôt parler de force statique pour les corps immobiles.

Le président Bazoum avait déjà été confronté à cette réalité, à l’occasion du premier anniversaire de son investiture, en prononçant, peut-être, la plus fade de toutes les adresses à la nation de l’Histoire politique du Niger contemporain, que même un certain Mahamane Ousmane, alias ‘’Nafarko’’, n’aurait pas débitée en son temps de règne du ‘’Wassosso’’ (Partage du gâteau) du ‘’Tchanji système’’ des années 90 ! En effet, le 1er avril 2022, le Président Bazoum avait livré un message à la nation inodore et incolore, sans saveur (insipide, plus précisément), une sorte de monologue et un catalogue de voeux pieux. C’était, du reste, compréhensible pour une première année d’exercice du pouvoir, le temps sans doute de mettre les choses en place. Tout de même, ce message à la nation de 2022 ne fut pas, véritablement, à la hauteur de l’événement. Bref, l’exercice avait, tout simplement, été raté. Mais, le pire serait, peut-être, à venir, à l’occasion du deuxième anniversaire de sa prestation de serment, dans la mesure où, sincèrement, la moisson à présenter au peuple nigérien risquerait d’être encore plus décevante qu’en 2022. En effet, de sa prestation de serment à aujourd’hui, le président Bazoum Mohamed n’aura pas réussi grand-chose à réaliser. Il n’y a pas, véritablement, un domaine de la vie nationale où le Président Bazoum puisse revendiquer un succès quelconque, une avancée majeure pour le pays.

On peut ne pas aimer l’ex-président de la République, Issoufou Mahamadou pour un tas de raisons plus ou moins justifiées, en revanche, on ne saurait, sans faire preuve de mauvaise manifeste, lui dénier quelques résultats tangibles au cours de ses deux mandats, notamment en termes d’infrastructures qui ont permis au Niger de pouvoir d’abriter de grandes rencontres internationales comme le Sommet de l’Union Africaine (UA), en 2019, à Niamey, de la ZLECAF, en 2022. Par contre, s’agissant du Président Bazoum, on ne peut rien noter en termes d’avancées pour le Niger durant ces deux années passées à la tête du pays. Pire, l’on pourrait même parler d’une régression au plan économique et social avec une économie moribonde, une inflation dévastatrice et une dégradation de la situation sociale illustrée régulièrement par la levée de boucliers des partenaires sociaux, ces derniers temps.

Au plan sécuritaire, l’on ne peut guère noter une amélioration de la situation sur le terrain, comme en témoignent les récentes attaques terroristes d’Intagamey, en février dernier. La forte pression fiscale imposée par le néo-libéral ministre des finances, Ahmat Jidoud, avec l’introduction prématurée de la facture électronique certifiée dans une économie à dominante informelle, aura fini par tuer beaucoup d’entreprises nationales qui ont déposé le bilan, et fait fuir celles internationales (Orange, Total- Energie). Du coup, en tirant fortement sur cette corde fiscale sans équilibrer avec des mesures d’accompagnement, ce jeune ministre des finances, qui a, peut-être, les défauts de son âge, car imbu de sa personne, n’aura pas, franchement, aidé la présidence Bazoum dans la réussite de son action politique. En fait, tout le problème actuel du Président Mohamed Bazoum semblerait se résumer à l’équation économique qu’il n’arrive pas, visiblement, à résoudre afin de financer convenablement son programme politique. En réalité, la difficulté présente viendrait, probablement, de la compétence peu solide du Président Bazoum en matière économique, quelqu’un qui trouvait que l’actuel ministre du Plan, Abdou Rabiou, est un ‘’Gazéré maï illimi’’ (Courte taille intelligente), cet éternel looser spécialisé en banqueroute, au plan national (BRS, BAGRI, Banque de l’Habitat). Voilà, peut-être, le péché majeur de la présidence Bazoum, son tendon d’Achille, comme on dit souvent, ce défaut de connaissances solides en économie et en fiscalité pour comprendre comment doit fonctionner un Etat moderne, pour connaître les principes fondamentaux et les équilibres macroéconomiques ! Toutefois, l’on peut remarquer que l’ex-président Issoufou Mahamadou n’avait pas eu une telle carence, peut-être à cause de sa formation scientifique (Ingénieur des mines), mais cela ne l’avait pas empêché de faire d’efforts pour appréhender certains aspects de la question, ou nommer dans son Cabinet des personnes nettement plus qualifiées, comme Feu Saïdou Sidibé, ou encore de disposer dans son gouvernement de personnalités comme Amadou Boubacar Cissé pour les financements internationaux. Mais, lorsque l’on est mystifié par Rabiou ou un Jidoud, il faut admettre qu’il y a péril en la demeure, très certainement et c’est bien dommage pour le Niger !

Maiga