Tous les Nigériens à qui il reste encore quelques fiertés, un certain brin de nationalisme, ne peuvent que s’offusquer de ce qui arrive à leur pays, un territoire «cédée» aux forces impériale pour venir recoloniser son espace, non pour ses intérêts mais pour des intérêts de la géopolitique mondiale. C’est à juste titre que certaines se demandent où se situe aujourd’hui, l’armée nationale, dans le vaste mouvement de lutte qui serait en cours contre le terrorisme. Occupe- t-elle les premiers rangs pour être maître des actions qui sont menées sur le front, ou est-elle contrainte de subir parce que l’autre serait la plus puissante pour la dominer et la commander sur son propre territoire ? Sont-elles donc conduites en supplétifs des armées étrangères qui ne peuvent même pas leur donner des enseignements bons et efficaces ? Pourquoi donc, le Niger devrait-il être le seul pays où tant de militaires étrangers, pour ne pas dire occidentaux, devront se positionner ? Pourquoi tant d’intérêts pour notre espace ? Se peut-il que cela soit seulement pour le prétexte de la lutte contre le terrorisme ou pour d’autres raisons inavouables ?
Il va sans dire – avant nous d’autres médias européens l’ont maintes fois confirmé – que c’est bien pour les ressources des pays africains que l’on observe ce grand branle-bas sur le continent, encore une fois victime des richesses dont renferme son sous-sol. Et la France a beau accuser la Russie de ne venir chez nous que pour nos ressources, tout le monde sait qu’elle aussi, ne venait pas que pour nos beaux yeux et qu’elle lorgne comme les autres ces richesses dont dépendra son avenir. Sauf que les autres voudraient en profiter dans des clauses moins léonines, plus respectueuses de notre souveraineté.
On comprend d’ailleurs, quand malgré tant de discours vexatoires, attentatoires à son honneur, cette France, stoïquement subit ces assauts verbaux de Nègres furieux, et s’y refuse à partir, tenant à rester malgré tout comme si elle perdait toute fierté pour ne pas s’en aller quand on lui dit que ça va comme ça, et qu’elle doit plier bagages et laisser «ses» Nègres tranquilles. Elle sait ce qu’elle attend de cette prétendue amitié séculaire avec le continent et sait surtout ce qu’elle perdra si jamais elle perdait l’Afrique. Elle perdra avec, une part importante de son avenir. Et la France s’en effraie. Pendant que tous les pays africains, restaient vigilants à ne pas trop s’ouvrir à des bases militaires étrangères très suspectes, le Niger, depuis Issoufou fit le choix imprudent et mercantiliste, sans se fier à ce que commande la loi fondamentale, d’inviter, l’une après l’autres, des bases militaires étrangères sur son territoire. «Naturellement », ce sont les socialistes français, amis du PNDS qui eurent la bénédiction du régime de venir s’installer dans le pays sans que personne, dans le pays, ne sache les clauses qui fondent ces installations tout azimuts dans le pays. C’est après les français que d’autres, se servant des mêmes raisons, des mêmes cupidités, des mêmes complexes et des mêmes larbinismes, venaient, soudoyant les autorités nigériennes complexées pour accueillir, coup sur coup, les allemands, les américains, les italiens. Ces derniers, ont même avec l’ancien système d’Issoufou, des points de cette coopération militaire à élucider notamment par rapport à une aide qu’ils jugent non traçables dans les dépenses de l’Etat, ne pouvant donc pas voir à quoi auront servir les gros moyens qu’ils consentaient au pays pour l’aider dans sa lutte contre le terrorisme. On peut en déduire que ces alliances militaires ne servent, en tout cas pendant Issoufou, qu’à des individus, très peu à l’Etat et à son armée. Quels bruits cela n’a pas suscité dans le pays avec des voix qui se sont élevées ici et là pour dénoncer ces alliances illégales qui ne se faisaient sur aucune base légale. Le dernier arrangement manigancé au moyen d’une déclaration de Politique Générale du premier ministre qui, légalement, n’a rien à voir quand ce n’est pas par le parlement que l’autorisation passe, et donc qui ne peut conférer à la venue de troupes françaises aucune légitimité. La France, du reste, même si elle s’y refuse, sait bien qu’au Niger aussi, on ne veut pas de l’installation de ses soldats. Mais, comptant sur ce que ses partenaires nigériens obligés peuvent lui donner comme soumission à ses volontés, elle feint d’entendre ces voix discordantes, nombreuses dans le pays, qui disent qu’elles n’en veulent pas. Pour certains d’ailleurs, c’est pour étouffer ces voix que l’acteur de la société civile, le Coordonnateur du M62, avait été écroué afin de lui clouer le bec, lui qui, depuis quelques temps, après d’autres acteurs de la société civile qui, de luttes lasses, semblent s’assoupir, élève la voix pour demander que partent du Niger les militaires français. Mais les dirigeants du PNDS qui gouvernent aujourd’hui n’ont que faire de ce que peuvent dire les Nigériens. Et au lieu qu’on s’attende à ce que ces présences militaires soient clarifiées pour se tenir en conformité avec les lois de la République, l’on continue d’inviter d’autres Européens et ce à un moment où, depuis en plus de pays, sur le continent, se méfient de ces bases étrangères qu’on ne peut plus maîtriser une fois qu’elles s’installent dans les pays.
Nous sommes pourtant à une ère où l’on ne peut plus contrôler l’information, la cacher. Les canaux sont d’autant nombreux qu’elle fuite par un moyen ou par un autre. C’est ainsi que les Nigériens apprenaient en fin de semaine dernière que d’autres dont on n’a jamais entendu parler dans le pays et qui ne doivent certainement pas avoir de chancellerie dans le pays, fassent à leur tour leur rentrée dans le pays, venant, eux aussi avec leurs soldats sous l’appellation dérisoire et malicieuse d’instructeurs. C’est ainsi qu’on apprenait sur les Forces Opérations Blog que «Le gouvernement tchèque a décidé ce mercredi d’envoyer des forces spéciales au Niger pour entraîner, conseiller et assister les forces armées locales». Et on apprend que «L’opération doit être avalisée par le parlement », sans doute le parlement tchèque, non le parlement nigérien, le Niger devant, dolé entériner le choix venu d’outre-mer.
Il y a d’autant plus de contradictions dans ce qui est dit de la mission de ces troupes qu’on nous dit sur le blogue : «Jusqu’à 20 militaires tchèques pourront être déployés sur le sol nigérien selon un calendrier qui n’a pas été détaillé […]». Ils y opéreront soit immédiatement, soit en collaboration avec les pays européens et de l’OTAN qui y sont déjà engagés, que sont «le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, la Belgique et l’Italie». Qu’entend-on, militairement par «opérer» ? Ce mot peutil être un terme générique qui prendrait les significations de «conseiller, entraîner, et assister» qu’on donne pour expliquer la mission des quelques vingt militaires tchèques attendus au Niger ? En vérité, ça fait de la confusion de rôles et l’on ne comprend rien. Ce n’est pas clair, il faut le dire !
Mais pourquoi ces tchèques qui avaient quitté le Mali, viennent-ils au Niger ? Dans ce que disent les Tchèques pour justifier leur venue au Niger il y a quelque chose de très français surtout quand on entend que «Partenaire fiable, la République tchèque avait été un contribuable de la première heure de la Task Force Takuba mise sur pied en mars 2020 au Mali et «désactivée » deux an plus tard suite à la dégradation des relations avec les autorités maliennes». Estce à dire que les Tchèques ne savent pas qu’au Niger aussi, le même sentiment de rejet de ces troupes étrangères est une réalité ? Et c’est d’autant grave encore quand, se perdant sur ses analyses de la situation d’un pays qui reste fragile, quoi que la France puisse dire d’elle, on lit sur le bloque : «Quitter le Mali ne signifie pas que nous nous détournons de l’Afrique. [Car] Soutenir les forces armées du Niger est l’un des moyens de contribuer à la stabilisation de la situation sécuritaire au Sahel». Et surtout que «Le Niger est l’un des pays les plus pauvres [ce qui est vrai, mais à nuancer] mais aussi l’un des plus politiquement stable de l’Afrique sahélienne et son gouvernement démocratique – [très faux !] – et pro occidental – [ça, par contre est très vrai] – veut faire face aux menaces sécuritaires croissantes des groupes islamistes et autres groupes terroristes en augmentant considérablement la taille de son armée».
On ne peut pas ne pas lire au travers des mots de ce blogue, des signes d’un discours français où on voit une France qui s’entête à trouver coûte que coûte les prétextes de rester sur le continent dans des pays où de plus en plus, l’on dit qu’on ne veut plus d’elle et où, contrairement à ce qu’elle dit, la démocratie est en souffrance. Il est d’ailleurs intéressant d’apprendre là que le gouvernement du Niger est «pro-occidental». Cela veut dire sans doute que ce gouvernement est à la solde de la force impériale et travaillerait plus pour elle que pour son peuple. Ce sont ses amis qui l’écrivent, non des Opposants nigériens !
Comme pour le corroborer, notamment le fait que dans ce blogue, on lit aussi un discours français, l’on apprend que «Le Niger est par ailleurs l’option privilégiée par la France pour redéployer sa Task Force sabre, unité de forces spéciales récemment «éjectées» du territoire burkinabé suite à la dénonciation mi-janvier des accords de défense signés avec paris». Et pourquoi le Niger n’en ferait pas ? Pourquoi devrait-il aimer ce que les autres ont rejeté ? Le Niger serait-il prêt à tout prendre tant que ça vient des occidentaux ?
Il faut y réfléchir par deux fois !
AI