SE Alassane Ouattara a souligné que cela demande la poursuite des mesures de restructuration, de développement. «Il faut en premier lieu, continuer ces mesures structurelles, budgétaires afin d’être sûr que les économies de l’espace CEDEAO sont capables de résister aux crises actuelles qu’elles soient endogènes ou exogènes. La 2ème chose, c’est de faire en sorte qu’il ait des politiques de convergence» a-t-il soutenu. Il ya précise-t-il, les critères de premier plan que tous les Etats doivent respecter et les critères secondaires concernant entre autres les questions de taux d’inflation, le déficit budgétaire, de niveau de la dette extérieure, le financement de déficit, etc. A ce sujet Alassane Ouattara a mentionné que de 2012 à 2015 son pays a respecté tous les critères de convergence aussi bien les critères premiers que les critères secondaires. « Suite à la crise du cacao et les problèmes endogènes, la Côte d’Ivoire a du relâcher un tout petit peu en 2016 et maintenant en 2017, et le déficit est remonté à 4 et 4,5%, mais nous avons l’objectif de ramener ce déficit à 3% en 2019, ce qui permettra à la Côte d’Ivoire de respecter en 2019 tous ces critères » a-t-il déclaré.

Pour le Président ivoirien, tous les pays doivent être dans la même dynamique de faire en sorte qu’en 2019 au moins, les critères de premier plan soient respectés pour avoir une monnaie de la CEDEAO. «Il me parait difficile a priori, mais il faut avoir une vision, une volonté politique. Pour ce faire, nous avons la surveillance multilatérale entre nous, mais cela ne suffit pas ; nous avons considéré qu’il faut une surveillance internationale. La plupart des Etats doivent accepter qu’il ait l’évaluation de leur économie au-delà de la zone de la CEDEAO pour être sûr que nous sommes sur la bonne voie pour que nous convergeons vers les critères du premier plan et vers les critères secondaires » a-t-il notifié. Pour atteindre l’objectif de la monnaie unique de la CEDEAO, les Chefs d’Etat ont selon le président ivoirien décidé de la mise en place d’un comité ministériel qui doit travailler sur la question durant trois (3) mois. A l’issue de cette période, les Chefs de l’Etat vont se réunir en Février 2018 en vue de faire une évaluation. « A mon humble avis, il ne serait pas facile d’avoir la monnaie unique en 2020. Nous allons proposer en 2019 une évaluation et à partir de là, nous verrons si nous maintenons 2020 avec les pays qui remplissent les critères ou si nous voulons donner un nouveau délai pour aller de l’avant. C’est dire que c’est une évolution graduelle souple, mais avec en même une volonté politique d’avoir la monnaie unique en 2020», a confié SE Alassane Ouattara.

Sur un tout autre plan, le président ivoirien a saisi cette occasion pour transmettre ses condoléances les plus émues au peuple nigérien suite à l’attaque d’Ayérou le 21 Octobre dernier ayant occasionné le décès des éléments de la Gendarmerie Nationale. Il s’est félicité de l’accueil empreint de chaleur qui a été réservé à sa délégation. Répondant aux questions des journalistes relativement aux engagements de son pays et et du Sénégal sur le processus pouvant contribuer à l’aboutissement de la monnaie unique de la CEDEAO, Alassane Ouattara a souligné que les pères fondateurs de la CEDEAO ont pris un engagement. « Nous voulons respecter cet engagement. La volonté d’avoir une monnaie unique de la CEDEAO a été prise en 1987. Si nous avons pris l’objectif de 2020, cela ne veut pas dire que cet objectif sera atteint en 2020, mais nous pouvons faire des progrès et les évaluer en 2019», a-t-il expliqué.

«Le bien-être de la population doit être la première chose qui doit concerner les hommes politiques pour qu’il n’y ait pas d’inflation parce qu’elle pénalise les pauvres ; pour qu’il n’y ait pas de déficit budgétaire important parce que cela empêche de faire un certain nombre de choses qui sont nécessaires, sur le long terme notamment, préparer l’avenir des enfants issus des pays membres de la CEDEAO ; pour qu’il n’y ait pas de surendettement des économies des différents pays de l’espace parce que cela veut dire que les prochaines générations paieront pour les générations d’aujourd’hui ainsi de suite», a soutenu le président ivoirien.

Parlant du FCFA, Alassane Ouattara a avoué que les pays de la zone UEMOA sont ceux qui respectent le plus grand nombre des critères de convergence. C’est pourquoi il a demandé aux uns et aux autres de faire confiance aux responsables des banques centrales qui sont de gens très compétents.

Il a rassuré de la volonté politique des Chefs d’Etat pour avoir la monnaie unique en 2020. « Il sera évalué en 2019, s’il est possible d’avoir la monnaie unique de la CEDEAO en 2020, au cas contraire, il sera demandé des années de plus», a-t-il déclaré. Alassane Ouattara a salué la démarche du président en exercice de l’UEMOA, qui consiste à rendre compte à ses homologues à l’occasion des discussions. «Nous sommes attachés au FCFA, mais nous voulons la monnaie unique dans le meilleur délai», a fait remarquer le Président ivoirien.

Le Chef de l’Etat ivoirien a également répondu à d’autres questions concernant l’espace communautaire. C’est ainsi que relativement à la crise au Togo, le président Ouattara a précisé qu’en marge de cette rencontre, ils se sont réunis entre les cinq (5) Chefs d’Etat pour échanger sur la situation qui prévaut au Togo. «Nous nous sommes dit en premier lieu, qu’il est important d’avoir un climat de paix au Togo. Nous condamnons la violence quelle que soit son origine et les manifestations doivent se faire de manière pacifique. En second point, nous avons demandé qu’il ait des négociations sur les différents aspects comme la modification constitutionnelle, la limitation de mandats et la question des élections à deux tours», a-t-il confié.

En troisième point, ils ont convenu que toute personne responsable de violences doit être sanctionnée. « Et la CEDEAO n’hésitera pas à prendre des mesures

vigoureuses dans ce domaine», a prévenu le président ivoirien. «Nous considérons que le Togo va avoir un climat de paix, c’est un pays qui fait son chemin. Nous encourageons les Togolais à trouver la meilleure voie nécessaire. Les propositions qui ont été déjà faites sont des propositions qui permettent d’avancer vers plus de démocratie au Togo et nous soutenons ces initiatives » a déclaré SE Alassane Ouattara. Réagissant à une question relative à la situation intérieure de son pays suite aux arrestations de certains proches du président de l’Assemblée Nationale ivoirienne, le président Ouattara a indiqué qu’il n’y a pas de crise entre lui et le président de l’Assemblée Nationale. «Le président de l’Assemblée

Nationale, est un jeune que j’ai proposé à mon parti afin d’occuper ce poste. Il ne saurait y avoir de crise entre le président de l’Assemblée Nationale et moi-même» a-t-il déclaré. « La Côte d’Ivoire est un Etat de droit, et la loi s’applique à tous les citoyens sans exceptions, mais la justice fera son travail», a conclu SE Alassane Ouattara.

Laouali Souleymane(onep)

25 octobre 2017
Source : http://lesahel.org/