Et comme une cruauté en appelle à une autre, en l’absence de quelle qu’opposition que ce soit, le pouvoir, effréné, se rua davantage sur le peuple et sur ce qui lui reste comme maigres ressources. Le 25 Octobre, le destin du peule se jouera à l’assemblée nationale. Le gouvernement viendra présenter la loi de finances pour l’année 2018, que beaucoup d’avertis de la chose qualifient de coup fatal pour les Nigériens. Conçu dit-on pour juguler la crise actuelle, le budget aura la particularité, essentiellement de se constituer des recettes internes mobilisées, ce qui n’est pas nouveau. Ce qui est plutôt nouveau et qui donne des frissons, c’est la hausse exponentielle que connaitront certaines taxes et patentes, notamment en ce qui concerne les biens et services de consommations ainsi que les produits de première nécessité, avec pour conséquence directe, la hausse vertigineuse des prix de vente de ses biens et services, en adéquation avec le pouvoir d’achat des citoyens déjà essoufflés par 6 ans de tayi-tawri. En un mot, ce sont les nigériens ordinaires qui n’ont rien gagné de la gouvernance du Guri qui seront assignés à payer ce que d’autres ont volé impunément. Et là où la chose énerve le plus, c’est qu’au moment où les citoyens sont traqués pour payer des impôts, le train de vie de l’Etat ne connait aucune baisse : le président conserve son gouvernement pléthorique et coûteux, il continue aussi ses randonnées dispendieuses à l’extérieur, boubous riches et gommés, à entretenir sa sécurité qui, à elle seule, sont prévus 21 millions de FCFA par jour dans le budget 2018… et j’en passe … 

En attendant, la pauvreté continue de sévir, comme l’insécurité dans les villes comme les campagnes. La nouvelle bourgeoisie continue de prospérer en accroissant les inégalités sociales et les frustrations. Le peuple se meurt, faute d’assistance et de défense face à ses propres élus-représentants, pour la plupart véreux sans conscience, devenus ses bourreaux. Sinon comment comprendre que nos députés tous bords confondus ne puissent pas ne serait-ce qu’une seule fois de l’histoire, taire leurs divergences et s’unir autour de l’essentiel qu’est la défense de ce peuple suffisamment meurtri et qui leur a confié son destin ? 

Pour le moment nous en sommes là, entre angoisse et déception, peur pressentiments pour ce qui va se jouer dans quelques jours à l’hémicycle et qui sera capital pour l’avenir de notre pays. Le peuple aura-t-il une majorité suffisamment affranchie de députés pour le défendre ou prendra-t-il lui-même ses responsabilités pour jouer son destin ? 
L’avenir très prochain nous le dira.

Salifou Magagi
26 octobre 2017 
Source : Le Monde d'Aujourd'hui