Il ne s'agit pas, pour la France, d'aller ouvrir son propre guichet à Agadez, mais d'entendre des réfugiés sur des listes fermées, pré-établies par le HCR.
Introduire un "critère migratoire" dans ce processus est une nouveauté. Emmanuel Macron avait posé les bases du projet fin août, lors du mini-sommet entre Européens et Africains qui avait acté le principe des missions au Tchad/Niger.
"Cela permettra d'éviter à des femmes et des hommes de prendre des risques inconsidérés dans une zone extrêmement dangereuse puis en Méditerranée", avait-il dit.
- "Lien avec la migration" -
Les annexes à la déclaration précisaient le propos, évoquant un "lien avec la migration vers l'Europe" dans les critères envisageables, à côté de la "pertinence du dossier au regard du droit d'asile".
Mais comment apprécier a priori cette probabilité de migrer?
"Quand on voit des hommes jeunes avec une formation, ou des gens sans perpective de retour dans leur pays, d'autres qui ont de la famille en Europe, on peut penser qu'ils seront tentés de traverser", explique M. Brice.
Pour cette opération de réinstallation, un critère de vulnérabilité pourra également être pris en compte, assure-t-il. Mais il faut aussi que les personnes concernées nourrissent bien ce projet de gagner l'Europe.
Plus largement, les associations s'inquiètent d'un risque d'"externalisation de l'asile" avec ces missions menées depuis le sol africain. Quid de ceux qui se présentent aux frontières pour demander l'asile?
"Ce type d'opération n'est pas exclusif du respect absolu du droit d'asile pour ceux qui arrivent en France", assure M. Brice.
Du côté du HCR, la responsable à Niamey, Alessandra Morelli, rappelle qu'"au Niger on a besoin de réinstallation mais aussi de beaucoup de choses" comme l'assistance, la coopération...
Autre nouveauté, inaugurée avec ce programme, mais en France cette fois: l'ouverture de "sas d'hébergement" en structure collective, où les réfugiés réinstallés resteront "de trois à quatre mois" avant d'être orientés vers des logements classiques, indique-t-on à la DGEF (Direction générale des étrangers en France).
Il s'agit de "leur donner un certain nombre de clés sur la vie en France", avec un accompagnement par des travailleurs sociaux pour la langue, l'accès aux droits...
Ce type d'hébergement transitoire avait déjà été expérimenté pour les réfugiés syriens que la France était allée chercher en Allemagne, en septembre 2015. Nécessaire pour faciliter l'insertion, il suppose de trouver assez de structures adaptées, et le dispositif est en cours d'élaboration.
21 novembre 2107
Source : http://www.slateafrique.com/