M. le Directeur de Publication, J’ai l’obligation de vous rappeler que le Sage Amadou Hampâté Bâ a dit : « la parole écorche et coupe… Elle perturbe, guérit, rend malade et selon sa charge parfois tue net… » ? Vous avez parlé du Président Ibrahim Mainassara Baré dans l’article susvisé, vous me permettrez de contribuer à votre réflexion fort à propos dans la vie de la nation.
Pour défendre, je ne sais lquelle cause, vous êtes-vous cru obligé d’écrire, ce qui suit : « Une loi sur mesure,… il y’a de quoi pour que n’importe qui se croit investi d’un destin national… A la place de Mohamed Bazoum ou du général Salou Djibo, mettez un âne, il gagnerait aisément, sans quitter, un instant, son enclos. Il s’agit de justifier par anticipation ce qu’on ne peut pas gagner à la régulière. Il le sait mieux que quiconque puisqu’il sait que les choses se sont passées ainsi avec feu Ibrahim Mainassara Baré….». Et vous auriez pu poursuivre, les Nigériens, un peuple moutonnier, accepteront d’être dirigés par cet âne, après sa prestation de serment.
Si je comprends bien, voudriez-vous insinuer qu’en 1996, si à la place du général Baré, un âne s’était présenté, il aurait remporté les élections ? Ou alors parlez-vous des élections prochaines ? Voudriez-vous donc insinuer que le président Baré ou le général Salou Djibo sont des quidams sans aucun mérite ? Qui est alors cet homme providentiel au destin prédestiné qui a droit de vie et de mort sur nous, dès sa naissance ? Je suis très curieux de le savoir. Ainsi donc, le parcours professionnel et politique des hommes, aussi élogieux soit-il, ne permettrait pas à un homme de se candidater à une élection, fut-elle présidentielle ?
Retenez que Le Coran, le Livre Saint que nous partageons, rappelle aux hommes qu’ALLAH (SWT) Il est Seul détenteur du pouvoir en leur prescrivant la sourate : « Dis : O Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est en Ta main et Tu es Omnipotent ». [Sourate 3, Verset 26] ».
Je suis en devoir de vous rappeler que ce sont nos lois qui déterminent qui doit être candidat ou non et qui a remporté les élections ou non. Et les latins disaient « Dura lex sed lex » (la loi est dure, mais c’est la loi). C’est pourquoi il est recommandé de se battre pour proposer et soutenir les lois qui servent votre cause, parce que personne ne le fera à votre place. Dès lors, la problématique que vous posez à travers vos assertions est la suivante : quels sont les critères permettant de dire qu’un candidat va gagner les élections. Sont-ce les lois électorales, le charisme du candidat, son courage, les foules mobilisées qu’il draine lors des meetings, ses moyens financiers personnels ou ceux de l’Etat ? Qu’est ce qui prédestine un individu à devenir candidat puis président élu ? Le candidat Baré, on s’en souvient, réunissait tous ces atouts. En ce qui concerne le parti MNSD Nassara, qui était une création de son mentor, le président Kountché, sous la forme d’un mouvement transformé en un parti Etat par le président Ali Saibou, n’oubliez pas que le président Baré était de tous ces combats. Donc il avait de solides attaches, et partant, des soutiens de taille. En ce qui concerne le quotient personnel d’un candidat, crucial dans une élection présidentielle, savez-vous qu’avant d’être candidat à cette élection de juillet 1996 , il avait choisi d’être Officier des Forces Armées Nigériennes (FAN) après l’obtention de son baccalauréat au Lycée National, Aide de camp d’un chef d’Etat, plusieurs Commandant d’une compagnie, Chef de corps de la garde présidentielle, premier Attaché militaire dans une Ambassade, Ministre puis Ambassadeur, Conseiller Militaire d’un Premier Ministre, chef de l’Etat, Chef d’Etat-major Particulier du Président de la République, Chef d’Etat-major Général des FAN, Président du Conseil de Salut National, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement. L’intéressé a cheminé pendant de longues années avec le général Seyni Kountché, le véritable créateur du MNSD auprès duquel il assuma de hautes charges qui fonderont sa légitimité en tant qu’homme politique.
Les candidats, opposés à lui à l’élection présidentielle de juillet 1996, avaient reconnu, dans une déclaration paraphée par la Cour Suprême, aux lendemains du coup d’Etat du 27 janvier 1996 qui les avait renversés, qu’ils avaient mal géré le pays et que les textes fondamentaux de la Républiques étaient inadaptés. Dès lors, le président Baré, qui avait reçu le blanc-seing de la communauté internationale, pouvait agir à sa guise. Pourtant quand il a fallu leur demander de se retirer momentanément pour permettre d’assurer une transition politique, ils ont osé dire à l’unisson au général : « si on se retire, qui va diriger le Niger ». Comme si, hors de ces leaders, il n’existait aucun autre homme apte à diriger le Niger. Une insulte en somme, à l’endroit de leur interlocuteur. Qui méritait une réponse. Voilà pourquoi, dans ses discours sur la condition des grands, le Philosophe Pascal avait jugé utile d’éduquer les futurs puissants en leur rappelant que leur détention du pouvoir tenait avant tout du hasard : « Surtout ne vous méconnaissez pas vous-même en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres […] Car tous les emportements, toute la violence, et toute la vanité des Grands vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont ». Mais qui est devenu ce qu’il est dans notre jeune nation, sans avoir bénéficié, au hasard des rencontres et des évènements, d’un ascenseur social ?
Je pourrais également vous poser la question de savoir qui peut se targuer d’avoir remporté à la régulière les élections depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays et même avant sous le règne des partis uniques ? Qu’entendez-vous par gagner à la régulière des élections sous nos tropiques ? En tant que témoin privilégié de l’Histoire de la jeune démocratie nigérienne, je pourrais vous révéler :
·Qu’en 1993, le MNSD Nassara, dont l’ancêtre n’était autre que le parti Etat, ayant profité des moyens de l’Etat durant près d’une décennie, avait les atouts pour gagner les élections présidentielles. Mais les stratèges de ce parti choisissent d’effrayer le premier ministre de l’époque, le très rusé Cheiffou Amadou. Il les fera perdre en parrainant une coalition dénommée Alliance des Forces du Changement (AFC). Pour l’anecdote, retenez qu’une bonne partie des urnes des militaires finirent dans le lit du fleuve Niger ;
·Qu’en 1996, après le coup d’Etat, le MNSD Nassara, en tant que parti, avait le choix entre le statu quo et le général Baré. Tanja s’entêtera, le parti perdra à nouveau les élections ; ·Qu’en 1999 à la faveur d’un assassinat perpétré par des gens pressés, avec une constitution souillée du fait d’une amnistie, ils gagneront les élections. Mais ils perdront logiquement le pouvoir en 2010, à la faveur d’un coup d’Eta, 10 ans après, du fait des égoïsmes des uns et des autres. Et le parti s’affaiblira à nouveau en se scindant en deux blocs antagoniques ;
·Qu’en 2011, tous les deux (2) blocs de l’ex parti Etat, qui se regardaient en chien de faïence, tireront à boulets rouges sur le général Salou Djibo, chef de la transition, qui, à tout point de vue, pouvait être un allié objectif. Les deux blocs perdront les élections présidentielles et législatives par manque de solidarité et de stratégie. L’un des blocs se ralliera en catastrophe aux vainqueurs sur tapis vert avec la bénédiction du général. Tous les deux blocs seront à nouveaux tour à tour concassés au grand bonheur du Super Concasseur, qui n’en demandait pas tant. Et ce n’est pas encore fini ;
·Qu’aujourd’hui, pour l’élection de 2020, ne tirant pas les leçons du passé, l’insulte tous azimuts est resservie y compris envers un devancier, inoffensif en terme de stratégie et censé avoir été l’ami de celui que vous défendez et général Salou Djibo qui a son mot à dire, dans une élection à deux tours quoi qu’on dise et surtout qui a de la réserve dans la grande muette. Le président Issoufou semble avoir choisi deux fers au feu : Mohamed Bazoum et Salou Djibo. C’est sa stratégie. Les autres camps doivent s’unir pas se diviser.
Sur les réalités de l’élection présidentielle de juillet 1996, sur laquelle vous basez votre analyse, il est utile de noter que :
·les candidats malheureux avaient commis l’erreur de réaliser des fraudes grossières, et s’étaient proclamés vainqueurs sur les médias dès le premier jour d’une élection prévue sur deux jours, ce, en violation du code électoral. Machiavel qui est l’auteur de leur livre de chevet, n’avait-il pas dit qu’ « Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus : tel est le précepte à donner. Il ne serait pas bon sans doute, si les hommes étaient tous des gens de bien; mais comme ils sont méchants, et qu’assurément ils ne vous tiendraient point leur parole, pourquoi devriezvous leur tenir la vôtre ? » Ils avaient voulu rusé avec Baré, et ils avaient perdu.
·et ce n’est qu’après avoir été débouté de tous leurs recours, que les candidats malheureux de juillet 1996 décidèrent de se mettre dans la rue pour exprimer toute leur amertume, compréhensible du reste.
Pour conclure, retenez que « nul ne peut cacher les rayons du soleil avec ses doigts » et que si c’est écrit dans « Le Grand Livre » que Hama Amadou, sera président, il le sera. Si par contre il est écrit que c’est le Général Salou Djibo ou votre serviteur, il en sera ainsi. De même il avait été écrit dans Le Grand Livre qu’Ibrahim Mainassara Baré serait président, il l’a été et vous n’y pouvez rien ! Salutations fraternelles !
Djibrilla Mainassara Baré –
Economiste - Candidat à la
présidence (Inch Allah !)
19 septembre 2019
Publié le 09 septembre
Source : Le Canard En Furie