« Dans ce texte-là du pré-organigramme – et d’ailleurs dans son exposé, lui-même – le président de la CENI nous a appris que les élections législatives ne seront pas jumelées avec les élections présidentielles. Moi, j’avais même applaudi dans la salle et quand on était sorti j’ai félicité le président de la CENI, j’ai dit : c’est très bien, tu as bien vu, tu as bien compris, les élections législatives ne doivent pas être couplées avec les élections présidentielles » raconte le président Jackou.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises ! Selon toujours le patron du PNA Al’oumat, « la MRN s’est réunie en présence (ndlr, encore !) du président de la CENI. Et au cours de cette réunion, là il n’a pas été question du jumelage ou du non jumelage de ces deux élections là. Mais après la réunion à la sortie, en off comme vous dites, le président de la CENI a dit à quelqu’un, presque en privé, que les élections législatives seront jumelées avec les élections présidentielles premier tour. Je me suis levé, je suis allé trouver le président de la CENI dans son bureau j’ai dit monsieur le président de la CENI, il paraitrait que vous avez dit quelque part que les élections législatives seront jumelées avec les présidentielles 1er tour. Depuis quand vous avez décidé de ça ? et qui avez-vous consulté pour faire ça ? Il m’a dit : ah oui c’est vrai, on va jumeler parce que les partenaires techniques et financiers (donc les blancs, les impérialistes) ont dit que les élections nigériennes sont très chères, il faut faire une économie de 14 milliards. Il faut jumeler les élections législatives avec les présidentielles 1er tour. C’est lui-même, le président de la CENI, qui m’a dit ça, face à face. J’ai dit monsieur le président nous ne sommes pas d’accord, vous nous avez remis un chronogramme dans lequel les deux élections sont séparées, vous avez rencontré la MRN vous n’avez jamais parlé de ça et maintenant vous allez clandestinement et secrètement cumuler les deux élections. Est-ce que nous, nous avons eu à donner nos points de vue par rapport à cette question ? De quel droit vous, vous allez prendre la décision ? C’est vrai, c’est la CENI qui organise les élections mais il faut nous consulter » s’emporte le conseiller du président de la République.
Cet argument des partenaires techniques et financiers est contestable dans la mesure où le gouvernement en place a dit haut et fort qu’il peut financer seul les élections générales de 2021. En vérité, à la lumière de ces propos de Sanoussi Tambari Jackou, leader politique de la mouvance présidentielle, l’on comprend aisément que la CENI est aux ordres du seul PNDS-Tarayya de Bazoum Mohamed, ministre de l’Intérieur en charge des élections et candidat investi du parti présidentiel. Le boycott du processus électoral par l’opposition politique qui refuse cette commission qu’elle appelle « une CENI-maison » trouve tout son sens à la suite de la colère du président Sanoussi. Tous les chemins mènent à Rome, dit-on, et chez nous, toutes les analyses, tous les faits semblent aboutir à une même et unique conclusion : le PNDS-Tarayya veut organiser des élections pour désigner le successeur du Président Issoufou en 2021. Il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures !
Par Ibrahim YERO
20 septembre 2019
Source : L'Eclosion