La semaine dernière, le ministre porte-parole du Gouvernement, M. Zakaria Abdramane, s’est invité dans la polémique sur le déroulement du processus électoral, à travers un entretien accordée à une radio internationale. Et les propos tenus par l’intéressé ont scandalisés tous les Nigériens soucieux de la bonne santé de leur démocratie.

«Nous irons aux élections avec ou sans l’opposition», avait répondu le ministre Zakaria Abdramane à une question d’un journaliste d’une chaine internationale qui demandait son appréciation sur la non-participation de l’opposition politique au processus électoral en cours. Si des tels propos venaient du simple militant du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTARAYYA) qu’est, par ailleurs Zakaria Abdramane, cela n’allait sans doute surprendre personne. Non seulement parce que le principal parti au pouvoir cherche coûte que coûte à conserver le pouvoir audelà de 2021, mais aussi et surtout parce que ce parti, quoi qu’il se targue d’être le plus grand et le plus fort, a une peur bleue d’aller à des compétitions saines et transparentes face aux autres partis politiques. Mais que M. Zakaria Abdramane agisse en tant que ministre de la République pour tenir des tels propos, cela est scandaleux. Cette réaction, qui est loin d’être un acte isolé, est une preuve supplémentaire du manque de volonté du gouvernement en place à créer les conditions pour l’organisation d’élections transparentes et démocratiques en 2020 et 2021. Comme ce fut le cas en 2016, le PNDS-TARAYYA compte certainement sur un contrôle systémique des institutions impliquées dans l’organisation des élections pour prendre le dessus sur ses adversaires. Mais cette fois-ci, les choses risquent d’être difficiles, voire même impossibles. Au-delà de tous les Nigériens qui ont souffert et continuent de souffrir de la gouvernance du PNDSTARAYYA, l’opposition politique a bien averti qu’elle ne se laissera pas faire. Réagissant aux propos scandaleux du ministre Zakaria Abdramane, elle a clairement laissé entendre que les élections auxquelles fait allusion le porte-parole du gouvernement auront lieu avec elle ou n’auront pas. lieu. Comme à ses habitudes, le pouvoir du président Issoufou Mahamadou va sans doute croire à un simple discours tendant à l’intimider. Mais, pour quiconque suit avec attention l’évolution du climat politique nigérien depuis l’avènement du PNDS-TARAYYA au pouvoir en 2011, la menace proférée par l’opposition politique est à prendre très au sérieux. En effet, si avant des telles menaces se sont limitées à des discours, c’est parce les pouvoirs de l’époque avaient créé des conditions de dialogue avec l’opposition, parvenant ainsi à ramollir ses ardeurs. Hors, avec le PNDS-TARAYYA, il n’y a pratiquement aucune discussion entre le pouvoir et Hors, avec le PNDS-TARAYYA, il n’y a pratiquement aucune discussion entre le pouvoir et l’opposition. Le Conseil national de dialogue politique (CNDP), qui devrait servir de cadre pour des discussions, ne fonctionne presque plus. Les quelques rares réunions qu’il tient ne regroupent que le PNDS-TARAYYA et ses alliés de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN).Il n’y pas que le CNDP. Selon le député Massani Koroney, membre du Front patriotique de l’opposition, qui réagissait aux propos du ministre Zakaria, presque tous les organes de dialogue sont dans un dysfonctionnement total sous le pouvoir du PNDS-TARAYYA.

Ibrahim Habou

17 octobre 2019
Publié le 07 octobre 2019
Source : Le Canard en Furie