Le dialogue politique en vue se tiendra en présence de grands témoins, avant fin novembre 2019
Les consultations du président du CNDP avec les non-affiliés et l’opposition formelle ont un seul objectif : aller vers un dialogue politique inclusif. Les rencontres du mercredi soir, 9 octobre 2019, ont été entreprises dans cette optique. À l’initiative du Président Issoufou, qui en est le garant, le pouvoir de Niamey a décidé de créer les conditions de grandes retrouvailles entre toutes les tendances politiques. La mission de Brigi Rafini est d’informer de la dynamique enclenchée et de consulter éventuellement sur certaines préoccupations. À l’issue des échanges intervenus entre le président du CNDP et les différentes composantes qu’il a reçues, il a été retenu, selon des sources crédibles proches de la présidence, la mise en place d’un comité préparatoire qui sera composé de cinq membres par regroupement politique. L’accord des parties est obtenu. Si les acteurs de la société civile n’ont pas été de la partie ce soir-là, ils n’ont pas été oubliés. Les pourparlers que Brigi a eus avec ses hôtes du soir ont permis de statuer sur l’importance de leur présence. Et les parties se sont entendues pour que la société civile prenne part aux concertations qui auront lieu dans le cadre du dialogue inclusif. Le Premier ministre doit certainement les recevoir à leur tour, si ce n’est déjà fait, afin de les briefer sur ce dialogue inclusif à venir. Selon des confidences faites au Courrier, le dialogue politique en vue se tiendra en présence de grands témoins, avant fin novembre, ce qui permettra de recadrer le calendrier électoral et de tenir les différentes échéances électorales à date. Le souci est de ne pas déborder sur le délai constitutionnel de fin de second et dernier mandat de Mahamadou Issoufou.
Créer les conditions d’élections apaisées, transparentes et honnêtes en vue d’une alternance démocratique pacifique
En entamant cette initiative louable à plus d’un titre, le Premier ministre, président du CNDP, ne pouvait que faire l’unanimité au sein de l’opposition et des partis non-affiliés. Au cours de ce dialogue inclusif, il sera question d’harmoniser les positions à propos, notamment, du code électoral qui fait dissension et de la composition de la Ceni que l’opposition dit tronquée et colorée en rose. Le but ultime est de créer les conditions d’élections apaisées, transparentes et honnêtes en vue d’une alternance démocratique pacifique. Si le désir d’éviter le pire est présent dans l’esprit d’une large majorité d’acteurs politiques, il est tout autant présent au sein de la communauté internationale qui use de tout son poids pour y parvenir. Les raisons que chacun peut avoir dans ce challenge peuvent varier, mais la finalité est la même. L’alternance pacifique est un impératif. Les uns y militent pour des raisons liées à la lutte contre le terrorisme et l’occupation militaire d’une zone jugée géostratégique et qu’il est hors de question de laisser basculer dans l’instabilité politique ; les autres ne peuvent que se féliciter d’une option qui ressuscitera les bons vieux CNDP et Ceni à la nigérienne et redonner un nouvel élan à la démocratie.
Le premier round a échoué du fait de Mohamed Bazoum
Brigi Rafini est, donc, en pleine manoeuvre. Mais il n’aura pas la tâche facile. Si l’objectif du grand dialogue inclusif sur lequel il travaille est clair, il reste que le Premier ministre risque d’être confronté à la levée de bouclier au sein de son propre parti politique, le Pnds. Une levée de bouclier qui, en …2018 déjà, a douché la toute première tentative. Les Nigériens se souviennent ainsi de ce premier conclave qui a réuni les différentes composantes de la classe politique aux fins de nettoyer le code électoral pour le débarrasser de ses scories, dénoncées et décriées par de franges importantes de la société. Le coup est venu de Mohamed Bazoum, à qui, dit-on, le code électoral profite le plus. Le ministre de l’Intérieur et candidat est alors monté au créneau pour remettre en cause la démarche conduite par Brigi Rafini. C’est sans langue du bois qu’il a déclaré par voie médiatique que « ce n’est pas un problème pour nous que l’opposition participe ou non au CNDP ou à la Ceni. Nous lui avons fait une offre, nous prenons les citoyens à témoin qu’elle refuse cette offre ». Et les consultations se sont brusquement arrêtées. Bazoum, sur ce round, a gagné son combat. Le code électoral a été alors transmis à l’Assemblée nationale, tel qu’il le veut. Réé ditera-t-il le coup, cette fois encore ? Ce qui est certain, les choses ne seront pas aisées pour Brigi Rafini qui sait par ailleurs à qui il a affaire. Déjà, selon des sources crédibles, dans certains pans de la Mrn [regroupement de partis de la majorité présidentielle] des manoeuvres seraient déjà en cours en vue de faire capoter la mission de Brigi Rafini.
Et voilà que Djibo Salou pointe son nez
Mohamed Bazoum n’est pas seul sur cette voie escarpée et anachronique. Un certain Djibo Salou, général à la retraite depuis le 15 mai 2019, rêverait aussi de ravir le fauteuil présidentiel. Tombeur de Mamadou Tanja en février 2010, Djibo Salou est une source d’inquiétude potentielle pour ce qui se dessine. Sans autre atout que celui d’attendre du Président Issoufou un quelconque soutien, le général à la retraite est aujourd’hui à la tête d’un parti politique, le Pjp Génération Daubera, avec lequel il compte partir à la conquête des suffrages des Nigériens. Un leurre dans la perspective de ce dialogue politique inclusif.
Chez l’un comme chez l’autre, la perspective de se retrouver subitement d’égal à égal, dans une compétition électorale qui ne laisse aucune place aux manipulations du processus électoral, fait peur. Mais, que peuvent-ils faire d’autre que de s’incliner devant la volonté partagée, au sommet de l’Etat et dans les autres sphères de l’arène politique, de sortir de l’imbroglio, présage d’un chaos prévisible ?
Laboukoye
18 ocobre 2019
Source : Le Courrier