Pour sa part, le Sous-secrétaire Général Département des Questions politiques et du Développement humain, du groupe ACP, M. Léonard-Emile Ognimba, a rappelé que la dernière réunion des ministres d’ACP qui a eu lieu en 2017 à Bruxelles, avait permis d’affirmer un certain nombre de principes essentiels pour une prise en compte de la culture et de la créativité dans le développement économique et humain dans les pays membres.
De son côté, la représentante de la Directrice générale de la Coopération et Développement de l’Union Européenne, Mme Henriette Geiger a dit qu’avec l’installation d’un nouveau parlement, l’UE a adopté une nouvelle politique qui encourage une coopération de développement. Elle a précisé que l’UE a élaboré quatre nouveaux Programmes qui encouragent la création des emplois, l’innovation, la mobilisation des investissements privés, et des facilités de soutien aux Etats à travers l’UNESCO.
Quant au directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel de l’UNESCO, M. Dimitri Sanger, il a salué cette initiative en faveur de la culture tout en exprimant l’engagement de soutenir l’émergence des industries culturelles. Mais il a demandé aux acteurs le respect de leurs engagements pour l’atteinte de cet objectif.
Hier, lors de la clôture des travaux, le ministre de la Renaissance culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, M. Assoumana Mallam Issa, s’est réjoui des résultats des échanges qui leur ont permis d’aboutir à l'approbation et à l'adoption de la Déclaration de Niamey. « Nous avons ainsi réaffirmé nos engagements communs en faveur du financement de la culture, du renforcement des partenariats pour la culture et le développement de la prise en compte de la culture dans l'identification des programmes à financer dans le cadre du partenariat ACP-UE », a déclaré le ministre lors de cette clôture. Le ministre Assoumana Mallam Issa a précisé que les conclusions de cette rencontre s'inscrivent dans la droite ligne de celle de Bruxelles. Le Niger par « ma voix, vous présente toutes ses félicitations aux experts pour le travail qu'ils ont abattu et qui a été à la hauteur de nos attentes », a-t-il dit participants à cette rencontre.
« Notre session a certes été couronnée de succès, mais comme aucune œuvre humaine n'est parfaite, je sais qu'il a eu des manquements pour lesquels je demande votre indulgence », a-t-il reconnu. « Notre rencontre s'achève mais nous devons maintenir les contacts et créer les conditions d'un meilleur suivi des conclusions de nos travaux par le Secrétariat ACP», a-t-il exhorté.
(Lire ci-dessous l’intégralité du discours prononcé par le Chef de l’Etat à l’ouverture de la réunion ).
Mamane Abdoulaye
Discours du Président de la République à l’ouverture de la session de la cinquième Réunion des ministres de la Culture du Groupe des Etats d’Afrique des Caraïbes et du Pacifique (ACP)
{xtypo_quote}« La culture doit participer à la construction d’un meilleur avenir pour l’humanité, d’un monde plus soucieux d’humanité que de rentabilité », déclare le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou{/xtypo_quote}
« Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire Général du Groupe des Etats d’Afrique des Caraïbes et du Pacifique,
Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique et Consulaire, et Représentants des Organisations Internationales,
Monsieur le Gouverneur de la Région de Niamey,
Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Niamey,
Mesdames, Messieurs,
Le Niger est heureux d’accueillir la présente session de la cinquième Conférence des Ministres de la Culture du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Au nom du peuple Nigérien, je souhaite la chaleureuse bienvenue à l’ensemble des participants.
Mesdames, Messieurs
Votre présente rencontre aura à se pencher sur plusieurs questions qui correspondent aux préoccupations de nos peuples. Il s’agira de « renforcer et diversifier les partenariats en faveur des cultures ACP », de « diversifier les sources de financement pour favoriser l’essor des industries culturelles et créatives » et examiner les « initiatives de coopération sud-sud : le rôle des villes et des gouvernements locaux », d’échanger sur le « patrimoine culturel, les industries créatives et le climat ».
Permettez-moi de m’appesantir sur cette dernière question compte tenu des enjeux que constitue le changement climatique sur les pays du Sahel et du bassin du lac Tchad, enjeux qui portent notamment sur ses conséquences que sont la pauvreté et l’émergence des menaces des organisations terroristes et criminelles.
La question du développement durable est au centre des préoccupations des peuples de ces deux régions et vos discussions peuvent nous aider dans la réflexion relative à la contribution de la culture dans le combat pour la lutte contre les effets du changement climatique.
Mesdames, Messieurs,
Comme vous le savez, le développement durable a trois dimensions : économique, sociale et environnementale. Très tôt, les débats ont été engagés sur le lien qui existe entre culture et développement économique.
Ensemble de valeurs, de coutumes, de croyances, de normes, de règles formelles et informelles, la culture peut faciliter ou entraver le développement. Pendant longtemps, il a été admis que seules les valeurs occidentales sont favorables au développement économique avec notamment la mise en exergue du lien entre protestantisme et esprit capitaliste. Avec le développement économique de certains pays asiatiques comme le Japon, la Corée du Sud, Singapour et la Chine, on admet que les valeurs asiatiques du confucianisme peuvent être favorables au développement économique apportant ainsi la preuve que chaque société peut construire ses propres alternatives au modèle de développement économique adopté en occident, modèle de développement qui est aujourd’hui unanimement admis comme étant responsable du changement climatique.
Les conséquences négatives de la mise en œuvre de ce modèle sont à la base du retour en force du débat sur le lien entre culture et développement. La contradiction entre développement économique et protection de la planète, c’est-à-dire la nécessité de trouver un nouvel équilibre entre l’homme et la nature, a introduit très tôt la notion d’écodéveloppement qui permet d’intégrer les questions sociales environnementales et économiques du développement, un développement qui doit désormais répondre « aux besoins d’aujourd’hui sans mettre en question la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins », un développement qui doit tenir compte de l’équité intergénérationnelle, autant de considérations qui ont amené les organisations internationales et les Etats à s’engager à inclure la culture dans les politiques de développement durable au point où il est question de faire de la culture son quatrième pilier. La culture doit donc participer à la construction d’un meilleur avenir pour l’humanité, d’un monde plus soucieux d’humanité que de rentabilité.
Le rôle de la culture est reconnu par le biais d’une majorité d’ODD allant de l’éducation de qualité à l’égalité de genre en passant par les villes durables, l’environnement, la croissance économique inclusive, les modes de consommation, les sociétés pacifiques et inclusives. Du patrimoine culturel aux industries culturelles et créatives, la culture doit être à la fois un vecteur et un catalyseur du développement durable, un vecteur contribuant à une utilisation appropriée des ressources de notre planète, un vecteur permettant le renforcement de la résilience des communautés à travers des mesures aussi bien d’atténuation que d’adaptation. Nous devons nous demander quelles devraient être nos attitudes envers le milieu naturel dans lequel nous vivons. La dimension culturelle peut nous servir de guide à condition que les valeurs qu’elles portent le permettent.
C’est dire qu’il est important de réfléchir sur les modèles culturels qui favorisent la relation entre l’homme et la nature, sur les modèles qui renforcent la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la nature.
Mesdames, Messieurs ;
Au Niger, nous sommes conscients de l’importance de la culture dans les actions de développement. C’est pourquoi nous avons fait de la renaissance culturelle la première priorité du programme de renaissance du Niger que nous mettons en œuvre depuis bientôt neuf ans. Elle vise trois modernisations : sociale, politique et économique. Pour réaliser ces trois modernisations nous avons décidé d’identifier et de promouvoir nos propres valeurs et les valeurs d’emprunt tout en combattant les contre valeurs. A travers la modernisation sociale nous visons notamment le renforcement de la résilience de nos populations face aux effets du changement climatique.
Des traditions et des coutumes peuvent permettre le renforcement de cette résilience et contribuer notamment à la préservation des puits de carbone que sont les forêts. Le mythe des arbres et des forêts sacrés et donc protégés, est évoqué dans les contes, récits et ouvrages anciens de tous les continents. Aussi les voit-on jouer un rôle dans le culte de nombreuses sociétés anciennes ou plus récentes. Les arbres sont souvent, sinon adorés comme des divinités, regardés du moins comme leur demeure. Toutes les religions, y compris les religions monothéistes, prônent la protection et la préservation des arbres et de l’environnement. C’est le cas de la religion musulmane à travers les hadiths du prophète Mohamed, paix et salut sur lui, dont voici quelques-uns :
« Chaque fois qu’un musulman plante un arbre ou sème une graine, il aura à son actif comme aumône tout ce qui aura été mangé du produit de cette plante par un oiseau, un homme ou un quadrupède. » (Rapporté par Al-Bukhârî).
«Quiconque a planté un arbre et veillé sur sa bonne conservation et son entretien jusqu’à ce qu’il produise ses fruits, est considéré comme ayant fait une aumône pour chacun de ses fruits». (Rapporté par Ahmad)
«Si la fin du monde venait à survenir alors que l’un d’entre vous tenait dans sa main une plante, alors s’il peut la planter avant la fin du monde, qu’il le fasse !» (Rapporté par Ahmad).
En voyant un homme faire ses ablutions, le prophète Mohamed (SAW) lui dit : «Pas de gaspillage, pas de gaspillage.»(Rapporté par Ibn Maja)
La question de l’hygiène et de la salubrité doit également faire l’objet de toute notre attention. En effet quand on voit la situation dans laquelle se trouvent nos villes, où les ordures s’entassent dans l’indifférence tant des autorités locales que des populations, on peut se demander comment nous avons pu perdre la culture d’entretien qui caractérisait nos villages. Pourtant, l’islamisation rapide de notre société aurait pu renforcer cette tradition. En effet, le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) a dit : « la propreté est la moitié de la foi ».
De manière générale, le Coran et les Hadiths recèlent de nombreuses références à l’environnement confié, par Dieu aux hommes. Nous devons recenser toutes ces références et nous en servir pour mobiliser les populations en vue de la protection et de la sauvegarde de notre environnement.
Le Programme d’actions et sa Feuille de Route relatifs à la renaissance culturelle, adoptés récemment par le Gouvernement nigérien à cet effet, contribuent à recentrer l’action culturelle sur le développement économique et à réaffirmer l’identité culturelle nationale en prenant appui sur des atouts essentiels, notamment la richesse du patrimoine culturel national.
Mesdames, Messieurs ;
Je ne doute pas que vos analyses et contributions à la présente réunion, permettront à nos gouvernements de réaliser les avancées que nous voulons en garantissant et en élargissant les financements innovants au profit de la culture, en élaborant et en mettant en œuvre des mesures d’adaptation appropriées au changement climatique et au développement durable, en intensifiant la coopération sud-sud dans le secteur de la culture à travers les collectivités territoriales et les villes.
Nous aurions alors des programmes qui favoriseront la création d’une industrie culturelle et créative durable, la production des biens et services culturels de qualité et l’accès des producteurs culturels aux financements innovants et aux marchés locaux, régionaux et internationaux. Je ne doute pas que les négociations en cours ACP-UE réserveront à la culture la place qu’elle mérite.
En déclarant ouverts vos travaux, je voudrais, Mesdames et Messieurs, souhaiter pleins succès aux présentes assises de la cinquième Conférence des Ministres de la Culture du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique dont les conclusions contribueront, à n’en point douter, à la promotion du développement économique et social de nos pays.
Je vous remercie de votre attention ».
Onep
21 octobre 2019
Source : http://www.lesahel.org/