De quel droit veut-on nous parler lorsque les auteurs présumés du détournement de 15 000 tonnes d’une aide alimentaire pakistanaise sont royalement ignorés dans un pays qui, cette année encore, tend la main pour solliciter 43 000 tonnes de céréales et 68 700 tonnes d’aliments bétail en urgence pour sauver le Niger profond ? De quel droit veut-on nous parler lorsque Hassoumi Massoudou, acteur principal d’une transaction frauduleuse dans laquelle un compte public de l’État nigérien a été pillé de 200 milliards, trône encore à la tête de l’État et continue à gérer, comble de mépris, les affaires de l’État ? De quel droit veut-on parler dans un pays où les uns ont le privilège d’insulter, d’accuser et d’invectiver en toute impunité tandis que les autres sont pris par la police comme de vils malfrats à 6 heures du matin ? Il faut être clair : au Niger, sous Mahamadou Issoufou, les citoyens nigériens ne sont pas égaux devant la loi. Il y a plutôt une loi du plus fort selon laquelle on emprisonne qui on veut, quand on veut et selon des procédures qui n’ont rien à voir, souvent, avec les dispositions légales.
C’est au nom de cette loi qu’il incarne, que Mahamadou Issoufou a transmis à l’Assemblée nationale un projet de loi visant la modification d’un certain nombre d’articles de la Constitution au prétexte d’harmonisation des délais électoraux. L’article 47 qu’il veut voir modifier est une preuve ultime qu’il ne croit qu’en sa force et non au droit et à la démocratie. Ce n’est, sans doute pas, l’assemblée nationale de Ousseini Tinni et de Iro Sani, avec leurs casseroles bruyantes de l’Artp, qui lui fera barrage. Mahamadou Issoufou et tous ceux qui l’aident dans cette entreprise antirépublicaine et anti-démocratique, doivent cependant comprendre qu’ils ont beau faire arrêter ceux qui protestent, qui dénoncent et qui exigent un autre Niger, ils ne pourront jamais réussir à faire taire toutes les consciences libres du Niger. Et la liberté, la justice et l’État de droit finiront, comme hier, comme toujours, par triompher.
19 mai 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui