Les déclarations de principe dont ces institutions panafricaines sont férues ne sont jamais faites à temps pour arrêter des dérives et mettre en garde contre certaines façons de gouverner, en dehors notamment de tout ordonnancement juridique. Elles attendent habituellement leur heure, calée sur l’agenda de l’Union européenne ou de grands ténors européens comme la France, pour rendre publiques des déclarations tonitruantes qui reprennent, dans leurs grandes lignes, celles des occidentaux. Aucune parcimonie, aucune relativité. C’est comme ça qu’elles fonctionnent, dans un attentisme qui frise la complicité et le soutien. Promptes à faire des déclarations tapageuses et à prendre des décisions à la volée pour faire bonne mesure, elles ferment pourtant les yeux face aux plus graves dérives et exactions de ceux qui gouvernent.C’est dans cette logique que la commission africaine des droits de l’homme a choisi le Niger pour tenir sa 60e session ; session à l’issue de laquelle des discours scandaleux ont été tenus, accordant à Mahamadou Issoufou des mérites qu’il n’a pas en réalité. C’est ainsi qu’ils lui ont enlevé le chapeau pour avoir signé la déclaration de la Montagne de la Table dans un pays où une ordonnance, qui n’est pas de lui, consacre la dépénalisation des délits commis par voie de presse. Quelle ignorance et/ou quelle mauvaise foi ?

L’histoire de ces 25 dernières années, particulièrement les six années de Mahamadou Issoufou, est riche de ces enseignements douloureux où les délinquants se promènent, libres et tranquilles, tandis que des citoyens contre qui l’on peine à trouver la moindre faute, sont en prison. Le détournement, puis la vente à des fins personnelles, de l’aide alimentaire pakistanaise est en soi un cas des plus choquants. Savoir que les auteurs sont exonérés de toute reddition des comptes est un scandale politico-judiciaire d’une extrême gravité est choquant. Mais, soyons clairs. Si ceux qui gouvernent aujourd’hui ont choisi de garantir l’impunité à ceux qui ont porté préjudice à l’État et/ou mis en péril les vies des Nigériens pauvres, d’autres, certainement, feront la part belle à la justice. Hassoumi Massoudou et tous les autres doivent par conséquent savoir que le temps est indestructible. Or, le temps joue contre eux.

25 mai 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui