La nouvelle est tombée ce vendredi 12 mars 2021. Bakari Saidou vient enfin de bénéficier d’une mise en liberté provisoire, après près de 5 ans de détention préventive. C’est la joie dans la famille, chez les amis et connaissances, mais une joie tintée d’amertume et d’incompréhension. La vérité a-t-elle fini par l’emporter ? Tel est le souhait des tous les proches Bakari, ses compagnons d’infortune ainsi que les Nigériens épris de paix et de justice. Mais, il s’agit bien d’une mise en liberté provisoire, et non d’un non-lieu prononcé par un juge. Le dossier n’est pas encore jugé. Le sera-t-il un jour ? C’est encore mieux, afin que les concernés soient davantage fixés sur leur sort et que les Nigériens sachent réellement ce qui s’est passé. En gros, que la vérité soit dite. Toujours est-il que Bakari et ses compagnons d’infortune, Mala Ari, Larabou, Hamadou, Kiari et Idrissa Koubokoye, ont passé presque cinq ans dans les geôles du Guri pour une affaire que bien de Nigériens assimilent à un règlement de compte politique. L’affaire remonte à 2005, où les populations nigériennes, souffrant de pénurie alimentaire, ont bénéficié d’un soutien de la part des partenaires techniques et financiers et autres donateurs. Il s’agit d’un appui céréalier, d’une valeur de 5 milliards de fcfa, géré, sur toute la ligne, par les représentants des donateurs et la CCA dont Bakari était le coordonnateur à l’époque. Sur toute la ligne, de l’avis d’appel d’offres pour l’achat des vivres jusqu’à la réception et l’émission des chèques pour le paiement des fournisseurs, les représentants des donateurs étaient présents pour effectivement contrôler la régularité des opérations. Aucune anomalie n’a été détectée ni par l’audit commandité par les donateurs ni par l’enquête préliminaire de la gendarmerie. Au surplus, les services de l’OPVN où ont été stockés les vivres ont certifié avoir reçu en quantité et en qualité les céréales en question. Bakari Saidou a même été félicité par les partenaires pour sa bonne gestion durant cette période difficile. En fait, Bakari a été arrêté pour un crime impossible puisque n’étant pas détenteur des fonds, selon certains observateurs avertis. Proche de Hama Amadou, Bakari était de 2011 à 2016 député et président du groupe parlementaire Lumana Africa. A ce titre, il a joué son rôle de parlementaire dont l’une des missions est le contrôle de l’action gouvernementale à travers des questions orales et écrites, des interpellations, des motions de censure et autres procédures, toutes choses du reste consacrées par les lois et règlements de la République. Pour bien d’observateurs, Bakari a suscité le courroux d’un régime allergique aux critiques, même les plus fondées, et en a payé le prix. Pour tout simplement avoir joué son rôle d’opposant dans le respect des lois dans un régime qui se dit démocratique. Dans le même temps, ceux qui ont fait allégeance au pouvoir, jouissent d’une impunité totale et narguent les Nigériens au quotidien. Aucun mis en cause dans le prêt Eximbank de Chine, la vente circulaire de l’uranium, l’affaire Africard ou encore le scandale du ministère de la défense n’a jusqu’ici été inquiété. Pourtant, des Nigériens, profitant de leur position au sein de l’appareil d’Etat ont mis en péril les intérêts stratégiques du Niger au profit de leurs intérêts particuliers. C’est cette justice à géométrie variable que les Nigériens décrient et continueront de décrier aussi longtemps qu’elle aura droit de cité, de quelque régime qu’elle vienne. Car, aucune société ne peut prospérer et connaitre la paix dans l ’injustice. Barka Bakari.

Bisso