A y regarder de près, on donne l’impression, en particulier dans les anciennes colonies de la France, d’avoir une admiration profonde pour le colonisateur. Au point où nous reprenons, en les reconduisant automatiquement, certains comportements et des actes que ces envahisseurs nous ont imposés pour nous diviser et nous dresser les uns contre les autres. Il en est ainsi de l’utilisation de la mention « ethnie » sur certaines pièces d’état civil. L’acte de mariage et le carnet médical sur la base duquel est établi l’acte de naissance des enfants en sont les parfaites illustrations.
Sur ces pièces existe la mention ‘ethnie’ des mariés pour l’acte de mariage, et des parents du nouveau-né pour le carnet de consultations prénatales. Si le blanc colonisateur avait besoin de ces informations pour catégoriser ses colonisés, en vue d’utiliser leur origine ethnique pour les dresser les uns contre les autres en vue de mieux régner, ce qu’il a su si bien faire, et qui continue d’ailleurs de faire des ravages chez nous l’ignorance aidant, on ne voit pas pourquoi une administration républicaine, dans un Etat souverain, aura besoin de savoir l’origine ethnique des époux, ou bien des parents du nouveau-né. Il est vrai que chacun a une ethnie, et que chacun doit en être fier tout en respectant celle des autres. Mais dans le cadre de l’Etat, la référence doit être la citoyenneté étatique. En France, comme dans tous ces pays impérialistes-colonisateurs qui ont semé la division et la mort en Afrique et dans d’autres parties du monde, en s’appuyant sur la manipulation de l’ethnie, il y a des ethnies. Ainsi on compte parmi les français : les basques, les bretons, les catalans, les corses, les occitans, les kanaks, les mayanas, entre autres. Mais « l’état civil ne mentionne aucune caractéristique ethnique ». Au surplus, La Loi informatique et libertés de 1978 interdit purement et simplement « de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaitre, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques ». Les mêmes qui interdisent ces choses chez eux les cultivent et les entretiennent chez nous, avec notre propre complicité et contre nous. Non pas que la notion d’ethnie n’a pas d’intérêt, bien au contraire. Son intérêt culturel, sociologique, anthropologique, dans le cadre de la recherche, est des plus importants. Mais dans le cadre de l’Etat, surtout démocratique, l’on doit se sentir citoyen d’un Etat et non de telle ou telle ethnie. La raison et la citoyenneté commune nous recommandent de ne pas mettre en valeur un élément susceptible de semer la division entre nous. Car, c’est dangereux que le citoyen se réclame d’abord de son ethnie avant de se reconnaitre membre de quelque chose de plus haut, de plus universel : l’Etat. Il est donc temps de revoir les pièces d’état-civil tout en y rayant les mentions porteuses d’exploitation malencontreuse.
Bisso