Il faut oublier que Mahamadou Issoufou et ses camarades ont véhément critiqué le montant de la facture chinoise et qu’ils ont qualifié Mamadou Tandja de tout et de rien à propos de cette facture pour apprécier l’énorme révélation qui fait du Niger, selon l’heureuse formule du journal Le Courrier, «une colonie financière chinoise». Ainsi, donc, selon le service de communication de Brigi Rafini, l’État du Niger doit également à la Chine 300 milliards de dollars US contractés dans le cadre du projet d’exploitation de l’uranium d’Azelik (SOMINA), soit 150 000 milliards FCFA. Une fumeuse révélation qui fait d’autant parler que les Nigériens n’ont jamais eu connaissance d’un tel prêt. 300 milliards de dollars, c’est tout de même 150 fois, les deux milliards de dollars qui font jaser.

Il n’y a jamais deux sans trois, dit-on. Aussi, le service de communication du Premier ministre nous apprend qu’il y a enfin 40 millions de dollars contractés dans le cadre du renforcement des capacités de production d’eau de la ville de Zinder. Un bon en somme au regard des deux premiers montants.

Au change, l’addition des trois fortunes dues à la Chine s’élèvent à plus de 151 000 milliards de francs CFA, ce qui fait sans doute du pays de Mao Tsé Toung le premier partenaire obligé du Niger, celui qui est en train de «recoloniser» notre pays en faisant main basse sur ses richesses minières et pétrolières.

Mahamadou Issoufou est un magicien que tout pays s’attendant à des miracles de la part de leurs gouvernants doit souhaiter avoir à la tête de leurs pays. Il fait un programme de 6000 milliards de francs CFA et contracte curieusement, rien qu’avec la Chine, plus de 151 000 milliards de francs CFA, soit plus de 25 fois le budget de son programme ou plus de 75 fois le budget annuel de l’État. Sommes-nous dans un monde de démence ? Non, c’est la réalité d’un Niger qui a eu la malchance — les détracteurs de l’homme parleraient volontiers de malédiction — de tomber entre les mains de Mahamadou Issoufou.

Ces révélations, faites par Brigi Rafini et son service de presse, ne sont que l’arbre qui cache la forêt, un coin de l’immense et sombre voile qui couvre le désastre financier occasionné par la gouvernance de Mahamadou Issoufou. Essayez, sans disposer des chiffres exacts, de coller à ce casse-tête chinois, le prêt congolais de 50 milliards, le rail inutile de Bolloré, la centrale de Gorou Banda ainsi que les dizaines et dizaines de prêts contractés dans le cadre de projets divers. Vous vous ferez une idée du désastre issoufien. Et la question qui surgit naturellement, c’est : où sont passés tous ces milliards qu’on n’arrive même plus à compter ? On ne gagne pas par hasard des résidences, appartements et villas somptueuses aux quatre coins du monde, n’est-ce pas ? Les révélations de Dany Chaccour, PDG d’Africard Ltd, la société avec laquelle l’État du Niger est en contentieux judiciaire, sont d’une gravité irréfutable et nullement invraisemblable au regard du gaspillage et des détournements de deniers publics qui ont eu cours depuis avril 2011. La quintessence à retenir de cette interview est que les gouvernants actuels n’ont aucun sens de l’intérêt général. Leur unique, intérêt, c’est ce qui transpire de tous ces scandales financiers. C’est ce qui a fait retourner leur veste à des hommes comme Seïni Oumarou. Mais le Niger, Dieu merci, ne manque pas de fils dignes et méritoires. Loin s’en faut.

21 juin 2017 
Source : Canard en Furie