Le 18 décembre dernier, le Président de la République, Mohamed Bazoum, s’est adressé à la nation nigérienne, à l’occasion de la commémoration du 63ème anniversaire de la proclamation de la République du Niger.

Dans cette allocution, le premier magistrat du pays a abordé les grandes questions de préoccupations nationales actuelles, dont notamment la lutte contre la corruption, l’insécurité, la crise sanitaire, l’éducation, etc. Sur toutes ces questions brûlantes de l’heure, votre journal s’est déjà exprimé à plusieurs reprises et dont le traitement exhaustif est impossible à réaliser dans un éditorial préliminaire de ce genre.

Cependant, ce qui aura le plus retenu notre attention dans cette adresse présidentielle à la Nation, c’est, sans doute, le grand intérêt que le Chef de l’Etat Mohamed Bazoum accorde à la lutte contre la corruption au Niger. La corruption, ce grand fléau social du Niger contemporain ! C’est le grand mal, sans doute, à l’origine de tous les maux, la souillure de l’âme, la noirceur du cœur et la faillite des vertus morales !

Lorsqu’il eut pris congé de son séminaire dakarois, au milieu des années 80, nanti d’un D.E.A en épistémologie (une discipline philosophique), ce fut sans doute avec le sentiment de nostalgie et de bons souvenirs laissés à ses condisciples à la Fac pour le rayonnement intellectuel de son cursus universitaire, mais surtout pour son engagement syndical estudiantin qui préfigurait déjà la carrière politique à laquelle il allait être appelé, dans son existence.

Quarante ans après, il revient sur les premiers lieux de cette aventure intellectuelle, non pas dans la peau d’un étudiant à la fleur au fusil, mais dans celle de l’homme d’Etat qu’il est devenu par la suite, pour répondre à l’invitation du 7ème Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique.

Dans un discours (disons une communication !) qu’il avait livré à cette occasion, il avait tenu à préciser que son intervention à cette tribune ne s’inscrivait pas dans un discours solennel, mais se voulait comme une contribution à la compréhension des causes profondes de l’insécurité djihadiste au Sahel. Alors, momentanément, il quitta la robe de Président de la République pour emprunter les apparats universitaires afin de livrer à l’assistance une leçon magistrale de géopolitique du terrorisme islamiste au Sahel.

Le phénomène de la corruption épuiserait à lui seul tout le débat politique et social actuel, tant il est prégnant à tous les échelons de la société nigérienne et n’épargne aucun corps constitué de l’Etat. Dans ces mêmes colonnes, une réflexion avait été exclusivement consacrée à l’analyse des causes, du niveau de gravité et des différents contours de la corruption dans notre pays, vue sous l’angle d’un mal social qui se cancérise. La corruption est protéiforme, subtile parfois, vicieuse bien des fois, en un mot, très difficile souvent à circonscrire avec précision, tant elle peut se dissimuler sous plusieurs oripeaux trompeurs.

Cependant, il n’empêche que ce mal n’est guère incurable, car comme toutes les déviations sociétales, les lois humaines peuvent permettre de lutter contre ce fléau social. Au Niger, sous le régime de la renaissance du Niger d’Issoufou Mahamadou, une institution originale a vu le jour dans ce sens. Il s’agit, en l’occurrence de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), qui a pour mission principale de traquer tous les cas de corruption et autres infractions pernicieuses de ce genre afin de prôner la bonne gouvernance à tous les étages de la société. Cette noble institution, dans son principe, a permis d’ailleurs au Niger de gagner plusieurs places dans le classement annuel établis par l’organisme dénommé ‘’Transparency International’’. 

Voyez-vous, la lutte contre la corruption ne saurait se situer au seul niveau institutionnel quel qu’il soit, mais devrait plutôt pénétrer toutes les sphères décisionnelles et politiques du pays, car la corruption est une pathologie des temps modernes. Elle est insidieuse, rampante, ses métatarses annihilent toutes les veines de la société et tuent dans l’œuf tout effort de développement. Lutter ou prétendre lutter efficacement contre ce mal suppose avant tout une réelle volonté politique et l’instauration d’un cadre d’assainissement et de moralisation de la vie publique nationale. Cela devrait signifier, en termes clairs, la fin de l’impunité, des passe-droits et autres fraudes à la loi.

Pour cela, vous en conviendrez sans doute, seule la réaffirmation d’une réelle volonté politique de montrer la bonne voie à suivre par la pédagogie pourrait permettre d’espérer à de meilleurs résultats, c’est-à-dire que personne n’est au-dessus des lois de la république, et que même les grands peuvent en payer le prix s’ils manquent à leurs devoirs et obligations.

Ne dit-on pas souvent que plus les gouvernants font rayonner les bonnes vertus civiques, plus les gouvernés adhèrent et se reconnaissent dans la vision des premiers ? On peut espérer qu’avec les intentions clairement affichées du Président Bazoum de lutter farouchement contre la corruption, notamment en déclarant avoir ‘’donné carte blanche’’ à la HALCIA, les lignes vont bouger dans le bon sens afin de donner à ce combat une plus grande consistance en termes de résultats tangibles. En un mot, le glaive de la justice sociale doit faire son retour et triompher sur la racaille corrompue et corruptrice qui gangrène des pans entiers de notre société.

Avec le Président Bazoum, on peut enfin croire et espérer que la justice sociale à laquelle aspire tout citoyen est bien possible, car la volonté politique est réaffirmée de toutes ses forces. A présent, il appartient à la HALCIA de savoir faire bon usage de cette ‘’carte blanche’’ que lui a donnée, publiquement et solennellement, le premier magistrat du pays.  Cette fameuse ‘’carte blanche’’ est très certainement un de ses atouts majeurs pour la reconstruction du pays, voire son joker !

 Par Zakari Alzouma Coulibaly

24 décembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/