Le lundi 3 janvier dernier, le Tribunal de grande instance Hors classe de Niamey a vidé sa saisine dans l’affaire Moussa AKASAR, le directeur de publication de L’Événement et la journaliste bloggeuse Samira SABOU. Ils ont été respectivement condamnés à deux mois et un mois de prison avec sursis pour avoir relayé, en mai 2021, une enquête produite par l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC). Une publication qui fait cas d’une quantité de drogue saisie par OCRTIS qui aurait été restituée à des trafiquants au Niger. Aussitôt, leur avocat a interjeté appel pour continuer la bataille au niveau des tribunaux supérieurs. Pour rappel, les deux journalistes ont relayé une publication de Global Initiative.
Dans un point de presse qu’il a tenu le Mardi 04 janvier 2022, l’avocat des deux journalistes, Me Ahamed Mamane, a fait le point sur cette affaire. Maitre AHMED a d’abord tenu à faire la genèse de cette affaire du début jusqu’à la décision de la justice. « Après cette publication, OCRTIS a fait un démenti formel qui a été publié par les deux journalistes à travers les mêmes canaux. Notamment sur la page facebook de Samira et dans le journal en ligne l’Evénement de Moussa Aksar dans le but d’équilibrer l’information conformément à l’éthique et la déontologie du journalisme. C’est qui a poussé l’OCRTIS à cette légèreté pour diffamation commise par voie de communication électronique et également pour diffusion de données de nature à troubler l’ordre public qui peut porter atteinte à la dignité humaine. « Je vous informe qu’à la première audience déjà les avocats de OCRTIS avaient attiré l’attention du tribunal sur le fait que OCRTIS n’avait jamais porté plainte contre les deux journalistes mais sur Global Initiative, l’auteur de l’article. Mais, malheureusement, à notre grande surprise, lors de l’audience du 27 décembre dernier, le ministère public avait requis une peine d’emprisonnement contre mes clients. Ces condamnations sont d’autant plus choquantes que l’Office Central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (OCRTIS) à l’origine des poursuites avait retiré sa plainte le 27 décembre dernier », a ajouté Me AHMED Mamane. L’avocat des deux journalistes poursuit : « Nous sommes en matière de délit privé, nous n’avons pas besoin d’aller dans une faculté de droit pour savoir qu’en matière de délit privé, il faut obligatoirement une plainte pour que même le procureur de la République puisse poursuivre a fortiori pour que le tribunal puisse condamner des justiciables ». C’est un scandale juridique estimé Me AHMED qui poursuit « Cette décision remet en cause la volonté du législateur qui veut en réalité que le délit commis par voie de presse soit dépénalisé au Niger ». C’est en réalité une décision qui vient nous dire que désormais le tribunal n’aura plus besoin d’une plainte au pénal en matière de diffamation pour poursuivre des journalistes qui relatent une information déjà publiée.
« Le combat judiciaire par rapport à cette affaire, nous comptons le mener jusqu’au bout pas seulement pour Samira sabiou ou Moussa Aksar, mais dans l’intérêt de la presse nigérienne dans son ensemble qui a le droit d’informer. Cette affaire est une jurisprudence dangereuse par rapport à la liberté de presse et par rapport au droit à l’information, a conclu Me AHMED Mamane.
A.S