Mais revenons à ses tubes. C’est surtout aux dernières campagnes électorales, qu’il avait mis tous ses talents d’artistes et d’opérateur économique au profit de la propagande guriste. Mais alors que le Guri qu’il servait réussissait avec les moyens que l’on sait à se faire élire au forceps, lui finit par échouer lamentablement, faisant dégringoler les socialistes dans le Zarmaganda dans lequel ils avaient réussi à se faire une place par certains de ses enfants aujourd’hui mis en marge : ils ne servaient plus à rien dans le parti peut-être, mais certainement dans le système où ils sont de plus en plus invisibles et discrets. Une histoire d’autres Famas qui attendent… Comme la Renaissance en pilule.
Zakaï n’en est pas moins un autre. Chantant la «Pirogue d’or» pour laquelle il avait quitté et abandonné celle d’argile qu’il méprisait désormais, oubliant ses vieilles amours, il n’était pas le plus heureux des aventuriers politiques ; voguant dans ses fiertés nouvelles, sur les eaux troubles de la Renaissance. Et partout où il allait, il célébrait la «Pirogue d’or», la nouvelle caverne d’Ali Baba où à l’époque, selon la rumeur diffusée par les premiers à se faire coopter, on n’avait pas moins de la centaine de millions, pour d’autres ce serait à des centaines de millions qu’ils auraient été «achetés». On peut se souvenir de la grande montée de la Bourse de ces spéculations politiques voulues et entretenues pour dérégler le schéma politique national. Quel pouvait être alors le prix dans cette bourse d’un homme déjà assis sur une fortune ? Nul ne peut le savoir, tout ce que l’on sait, est qu’ayant été à la présidence, selon ses propres dires, après les conciliables, le Magistrat Suprême, l’accompagna jusqu’au pied de sa voiture, ce que selon lui, aucun Président n’a encore fait, pas même, peut-on le croire, pour un ambassadeur. Il a raison. N’allons pas loin…
Mais, même dans leur calme apparent, les eaux de la Renaissance sont troubles. Quelque vent invisible les agite et sur les vagues folles, vogue le navire ivre des camarades. Zakaï, peut-il se rendre compte de ce qui arrive à son Titanic ? Comme dans les profondeurs parfumées du navire où goûte à la vie le noceur Jack du film, il ne se rend peutêtre compte de rien, rassuré de l’impunité qui le protège désormais, ignorant que l’iceberg avait fait les dégâts et le navire prend de l’eau de toute part. Le pays va mal. Il n’y a pas d’argent, et ce n’est pas les 32 milliards de l’UE qui sauveront le pays quand la malgouvernance a fini par mettre le pays sous cale. L’argent manque gravement. Ce n’est plus un secret. Zakaï le sait, lui aussi d’autant qu’il a des chantiers à l’arrêt, faute d’argent certainement et les étudiants attendent aussi, revendiquant sans cesse la finition impossible de leur bâtiment. La grogne sociale s’amplifie et même si les vacances peuvent donner un répit d’un trimestre aux camarades, ils restent fébriles et hagards car ils savent à quoi ils doivent s’attendre, sachant la liste longue des revendications qu’il leur faut absolument régler d’ici la réouverture des classes. Les étudiants et les enseignants, les attendront des pieds fermes. Et ce n’est pas tout. Depuis quelques temps, les salaires deviennent problématiques et cela s’est fait sentir depuis le début de l’année budgétaire. Comment gérer cette situation au cours du dernier semestre de l’année ? Un cauchemar…
Le navire tangue. Politiquement le pays est incertain. Un camp impose ses choix au pays, alors que nous serions en démocratie. On triture les lois, et sachant que le régime est mal élu, que le CNDP ne fonctionne plus, que l’Opposition – si elle en est une légitime – n’a plus la place qui lui revient dans la République et la démocratie, que les centrales se sont compromis incapables de défendre la nation et la démocratie, que les dissensions se creusent entre les différents groupes politiques, la crise politique dans le pays ne peut que s’approfondir lorsqu’on ne voit aucun geste d’apaisement venir de quelque part. L’horizon est donc bouché quand on ne voit aucune perspective pour l’économie nationale grippée par la malgouvernance et les crimes immenses qui l’on mise à sac. Le redressement est donc impossible quand le gouvernement n’a pas le courage des décisions douloureuses à prendre et surtout quand lui-même ne peut donner l’exemple en s’imposant l’austérité que dictent les circonstances.
Le navire tangue. Aucun signe ne rassure quand de plus en plus la presse insiste sur un malaise qui pourrit à l’intérieur du parti principal de la mouvance au pouvoir. Comme quoi le poisson pourrit toujours par la tête. On a beau dire que Bazoum ne pèse pas électoralement pour croire qu’on peut l’écraser facilement et passer tranquille sur son cadavre politique, il faut reconnaître qu’il a son monde dans le PNDS mais aussi au sein de la mouvance et pour être un homme politique qui n’est pas de la dernière lune, il sait à quoi s’en tenir, pour ne pas se faire avaler comme un pauvre rat des marécages. La guerre de tranchée qui aurait cours au sein du parti présidentiel, n’augure rien de bon tant pour le Niger que pour le régime, donc pour la «pirogue d’or» de Zakaï. L’on sait d’ailleurs, même si ce n’est pas dans la rue, qu’au sein de la majorité, le malaise reste latent, mais réel et profond. C’est donc dans une «pirogue d’or» explosive que l’homme s’est embarqué. Peut-être qu’au bord d’une rivière imaginaire, comme cette pauvre femme des épopées de Djado Sékou surprise par les pirogues de Fatimata Bidani Sinbiri, les reflets du fleuve sur lequel se lève le soleil du petit matin, l’avait ébloui au point d’avoir l’illusion d’or qui moire… Pitié pour nos migrants clandestins que des mirages ont conduit à leur perte…
A.I
05 juillet 2017
Source : Le Canard en Furie