L’affaire des 120 kilos d’or, d’une valeur estimée à quatre (04) milliards FCFA, miraculeusement «disparus» à Agadez, comme sur un théâtre de magie noire, n’a pas encore fini de défrayer la chronique. Selon des sources crédibles, 16 gardes nationaux seraient actuellement en détention à la maison d’arrêt d’Agadez. Depuis l’éclatement de l’affaire, en fin janvier 2022, l’on est toujours au stade zéro. À part l’incarcération des 16 gardes nationaux, l’enquête promise n’a abouti à aucun résultat probant. Les orpailleurs restent toujours dans l’incertitude, rongés par l’angoisse de perdre aussi facilement le fruit de tant de labeur. Et plus le temps s’étire, plus ils perdent espoir face à ce qui apparaît à leurs yeux comme une véritable arnaque. Le chef de la Garde nationale d’Agadez serait lui-même à Niamey pour des interrogatoires. Les propriétaires de l’or, des Nigériens, des tchadiens et des ressortissants d’autres pays d’Afrique, seraient également à Niamey. Ils chercheraient à rencontrer les autorités centrales. Mais, à ce jour, ils tournent en rond, sans grande possibilité d’arriver à leur fin. À quoi bon d’ailleurs, estime un observateur pour qui l’on se trouve dans la même situation qu’avec la mallette d’argent retrouvée à Maradi par deux habitants de Koona. Il n’y a pas grand espoir qu’ils retrouvent leur or, dit-il amèrement.

Beaucoup de bruits courent à propos de ce chef de la Garde et on ne distingue pas, à ce stade, ce qui est vrai de ce qui est purement inventé. Entre autres informations non sourcées mais persistantes dans les milieux politiques, un chef de la Garde aurait offert, durant la campagne électorale, un sabre en or à un candidat à l’élection présidentielle. De quoi alimenter le sujet des affaires d’argent en milieu militaire.

De l’avis d’une source policière proche des affaires judiciaires, l’or aurait fait l’objet d’un vil partage et une bonne partie aurait atterri à Niamey.

Qui a dessaisi les orpailleurs de leur or ? 120 kilos d’or ! À Agadez, comme partout au Niger, l’histoire de l’attaque dont auraient été victimes les deux véhicules de la Garde nationale ne tient pas la route. La raison principale est qu’il y avait, dans le second véhicule de la Garde nationale, deux représentants des orpailleurs. Ils auraient nécessairement su s’ils ont été attaqués. Ils ont plutôt témoigné le contraire. Malgré ce démenti formel et l’état des deux véhicules qui ne portaient aucune marque d’impact de balle, l’or est maintenu disparu. On a dénombré non plus au mort et/ou blessé parmi les soldats convoyeurs. Où est, donc, passé l’or ? Selon des orpailleurs, l’or serait entre les mains des autorités régionales qui leur auraient promis, dans un premier temps, avoir retrouvé leur or et qu’ils entreraient dans leurs droits. Puis…, plus rien. Comme si, quelque part, il a été décidé de faire main basse sur leur or ; l’or de tant de peines et de sacrifices consentis au prix de la vie. Exactement, comme à Maradi avec cette sordide histoire de mallette d’argent trouvée en brousse mais qui a finalement fait le bonheur de quelques picsous. De l’avis d’une source policière proche des affaires judiciaires, l’or aurait fait l’objet d’un vil partage et une bonne partie aurait atterri à Niamey. Selon cette source, il y a peu de chance que les orpailleurs, qui ont toutefois compris qu’il faut plutôt venir à Niamey, soient écoutés, entendus et remis dans leurs droits.

Le 29 janvier 2022, au niveau du « Puits Espoir», entre Djado et Agadez, prétend- on, une attaque armée serait survenue. La cible, un convoi de deux véhicules de la Garde nationale qui convoyait 120 kilos d’or appartenant à des orpailleurs. Ce convoi n’a rien d’insolite en ce sens que la Garde nationale, moyennant de subsides, est habituée à assurer de telles missions. Pour chaque kilo d’or, convoyé, elle prenait 100 000 Fcfa. Ces escortes sont faites cependant sans aucun contrat formel entre les parties. C’est au cours d’une de ces escortes arrangées que les 120 kilos d’or ont été «basmatisés», du nom du riz pakistanais offert au Niger sous forme d’aide alimentaire mais vendu au port de Cotonou pour alimenter les comptes bancaires de certains individus.

C’est si grave que la même source indique le Centif devrait fouiller dans les comptes bancaires des hauts responsables de la Garde nationale.

L’or a-t-il été enlevé par des bandits armés, sans coup férir ou a-t-il été «basmatisé». En l’absence de preuves tangibles et d’informations de sources judiciaires, il est difficile de répondre à la question.

Cependant, puisqu’il est établi que 16 gardes nationaux sont écroués à la maison d’arrêt d’Agadez, les 120 kilos d’or ont vraisemblablement fait le bonheur de quelques picsous. D’ailleurs, selon des sources crédibles, le courrier a appris que l’affaire risque probablement de refaire surface dans un délai assez court. La Garde, elle, a vu son image écornée. Si ses éléments, aujourd’hui écroués, sont réellement les auteurs de ce coup tordu, il faut tout de même se demander où peuventils cacher une si grande quantité d’or. S’ils sont complices de quoi que ce soit visant à déposséder les légitimes propriétaires de leur or, ce corps d’élite de l’armée aura donné d’elle une image qui ne serait digne d’institution militaire de la République.

L’histoire des 120 kilos d’or remet au goût du jour toutes ces histoires d’affaires au sein de la Garde nationale. Des affaires d’argent qui seraient l’apanage de certains hauts gradés de la Garde nationale et qui tourneraient autour de prêts immobiliers (achat de parcelles) et/ou de motos à acquérir sous forme de prêts. Les soldats, dès leur sortie de la période de formation, sont exhortés à souscrire pour l’acquisition de parcelles et/ou de motos à crédit. Des affaires qui génèrent énormément d’argent pour les auteurs et qui sont, de l’avis d’un magistrat qui a requis l’anonymat, une forme d’escroquerie sur laquelle l’État ferme les yeux, mais qui contribue à avilir les moeurs et les valeurs des Forces de défense et de sécurité. C’est si grave que la même source indique le Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières) devrait, si la lutte contre la corruption du Président Bazoum n’est pas de la pure propagande, fouiller dans les comptes bancaires des hauts responsables de la Garde nationale.

Laboukoye