Il a fallu seulement deux ans de gestion gourmande, ʺprébendièreʺ, comme dans le cas de l’AFC, pour que les socialistes nous plongent dans la crise et depuis le pays se débat, s’embourbant dans le chaos où nous sont conduits et précipités une camarilla qui a agi presque en bande de gangs pour braquer l’Etat, sans que jamais les syndicats, ou si l’on veut les centrales, ne daignent élever la voix, pour dénoncer la mal-gouvernance. C’est ainsi que par ces silences complices et ces passivités qui ne pouvaient pas être innocentes, le mal s’est empiré dans le pays. Et la crise s’est d’autant plus aggravée qu’elle est aujourd’hui multidimensionnelle et personne ne croit plus que les camarades soient capables de la juguler surtout en un moment où face aux immenses défis, ils doivent aussi faire face à une crise interne qui serait au bord de l’éclatement. Comme quoi, un malheur ne vient jamais seul...
Pour mesurer l’épaisseur de la crise, il faut passer au crible tous les secteurs de la vie nationale gravement affectés qui montrent partout des signaux rouges. Tous les secteurs sont en panne, y compris la corruption qui s’est développée sous leur règne, d’autant que l’argent a fini par disparaitre, et il n’est plus possible de corrompre avec de l’argent, si ce n’est par d’autres moments. Comme dirait l’autre, dans le pays, chacun se cherche...
Au niveau de l’Education...
La crise à l’école appartient désormais au quotidien des Nigériens, il ne se passe pas un seul jour, sans qu’on entende, sur les ondes, ou un enseignant, ou un étudiant, ou un élève, dire leur désarroi quand la Renaissance impuissante ne peut plus rien, et les abandonne à leur triste sort. Ces cris sont souvent venus de loin : du Burkina, de la France, du Sénégal, de l’Algérie, presque partout où les enfants du Niger sont allés étudier. Sur une année scolaire normale de neuf mois, on n’aura pas fait, ainsi que l’ont rapporté certains spécialistes du domaine, plus de trois mois, mais cela n’a pas empêché de valider l’année et d’organiser les examens de fin d’année, l’essentiel n’étant plus que les enfants du peuple apprennent, mais qu’on puisse distribuer des diplômes même immérités car, en faisant la promotion de cette éducation au rabais, notre école ne doit plus produire une élite, mais des diplômés. Et la crise n’est pas en passe de se régler. Il y a des problèmes en suspens, notamment le cas Bagalé dont l’enquête traine, les infrastructures inachevées, l’aide sociale pour les étudiants, l’application d’un accord avec les syndicats enseignants encore en souffrance et depuis des jours, l’indignation soulevée par le bâillonnement des libertés syndicales et la brutalité par laquelle le gouvernement a organisé l’évaluation des enseignants, détériorant le climat déjà délétère et assez confus dans le domaine de l’éducation. Si le gouvernement devait continuer à manquer d’argent, la rentrée et l’année prochaines risqueraient d’être chaudes pour un gouvernement qui peut quand même vivre le sursis que lui offre les vacances car les enseignants n’ont aucune force de frappe, aucun moyen de pression pendant cette période. Pour autant ils ne désarment pas, car alors que nous sommes en période de vacances, ils appellent à la marche pour témoigner leur engagement inébranlable. La situation, comme on peut le pressentir ne peut que pourrir avec un gouvernement qui n’aime que la bagarre, préférant l’affrontement au dialogue. Tout est donc sombre pour l’avenir de l’école nigérienne. Au niveau de la Santé...
La Santé au Niger est malade. S’il faut saluer quelques améliorations apportées par le nouveau ministre de la santé qui ne peut hélas pas empêcher le déchirement au sein de la corporation, avec des médecins spécialistes qui sont en grève depuis deux ans, il faut reconnaitre que les centres de santé publics ont fini par dégoûter les malades qui n’y vont que parce qu’ils ne peuvent pas s’offrir le luxe de la clinique. Il en est ainsi pour ce motocycliste accidenté que l’on aide à se relever, pour lui dire d’aller à l’hôpital afin d’éviter des complications mais celui-ci ne peut avoir de réponse que de dire qu’il ne peut y aller, sachant qu’il n’a pas d’argent avec lui, avant qu’un autre lui dise que même sans argent, il doit aller d’autant qu’il s’agit de sa vie. Cette anecdote en dit long sur l’aversion que les Nigériens nourrissent à l’endroit des services publics de l’Etat. C’est pourquoi bien de citoyens se demandent pourquoi aller à l’hôpital quand on ne peut donner aucun médicament et surtout – et c’est ce qui est
plus grave – il n’est pas facile d’avoir accès à un médecin pour avoir une consultation. Mais, il faut avouer que ce dernier problème n’est pas nouveau. De plus en plus, pour avoir un traitement, très souvent, il faut passer par des relations, par quelques connaissances. En tous cas promptement.
Au niveau de Gouvernance politique et démocratique
A ce niveau, c’est l’échec total. Pour s’imposer sur l’échiquier, les socialistes ont cru qu’il leur fallait bannir toute autre personne qui ne les suivrait pas. Ainsi, est- on arrivé à ces harcèlements dignes des régimes d’exception où, par la force, l’on tente de museler toutes les voix bavardes qui empêchent de régenter la société. On a alors foutu le bordel dans les partis politiques, encourageant et instrumentalisant les dissensions. La loi électorale est elle aussi finalement celle du plus fort, d’autant que tant que l’on gouverne, l’on ne peut perdre une élection, même s’il faut pour cela emprisonner ses adversaires, trafiquer et falsifier des PV, détourner les voix des électeurs. Dans l’environnement démocratique mondial, si ce n’est au Niger, aucun autre président démocrate n’a été élu comme Issoufou à la hauteur du score à la soviétique de 92% et poussière. Ça, ce fut pour une époque aujourd’hui révolue. La démocratie est louvoyée et dans la nation et dans ce qui est supposé être un Etat de droit, ceux qui ne sont pas avec le pouvoir n’ont droit qu’à la persécution, à la prison, à l’isolement, au gaz lacrymogène. Jamais une démocratie n’a été aussi malmenée qu’avec les socialistes, ceux-là mêmes qui, en d’autres temps, s’étaient faits les chantres de la bonne gouvernance. Depuis quelques semaines, pour tailler la démocratie aux ambitions et aux volontés du magistrat suprême, l’on est en train de triturer les lois, et alors que la Cour constitutionnelle invalide les lois nouvelles anticonstitutionnelles, on force, pour envoyer de nouvelles autres concoctées à la va-vite comme pour défier la Cour. Or, cette autre attitude ne peut que crisper la situation politique déjà très tendue, pour ne présager rien de bon que la chienlit dans le pays. Il y a pourtant des fissures visibles qui auraient pu dicter au régime, plus de tact, à se ménager soi-même pour éviter aux Nigériens des turbulences dont on aurait pu se passer. Il est dommage qu’au lieu de se mettre à travailler, à poser des actes concrets pour le mieux-être des Nigériens, le régime passe tout son temps à bousculer un autre, à brutaliser les Nigériens, à imposer ses choix, et finalement à oublier le travail pour lequel, comme, il aime à le dire, le peuple l’aurait élu. Est-ce pour frapper et blesser les enseignants qu’on l’a élu ? Est-ce pour brutaliser les étudiants au point d’en supprimer un de leur rang qu’on l’aurait plébiscité ? Est-ce pour acculer et bannir des opposants dans la nation qu’on est élu ? Bref, la Renaissance, est venue pour autre chose que pour le Niger, pour s’enrichir et « tuer » la démocratie. Le « Lion » devant dominer le Niger, pour ne laisser aucun espace à un autre... Nous vivons donc une démocratie des malaises. Au niveau de l’environnement social
Les injustices, les mensonges, l’exclusion dans la gouvernance actuelle ont fini par pousser les Nigériens, lorsque la justice semble ne plus les rassurer, à un certain
extrémisme. Et les colères se sont amplifiées dans le pays. Ça grogne de toute part. Le tissu social est douloureux et jamais certains clivages n’ont remonté à la surface, tenus et défendus dans les discours officiels par des politiques que sous les socialistes. Le débat politique lui- même est rabaissé à l’insulte roturière, dès lors que pour abattre un homme, officiellement, il était devenu possible et normal d’attaquer un adversaire dans sa vie privée, dans sa famille, le jeter même à la raillerie du monde, oubliant qu’il lui reste, même opposant, une part de dignité à sauvegarder lorsqu’on est un politique civilisé, même lorsqu’on n’a appris dans la vie qu’à nuire et à blesser. Donc la politique au Niger, sous la conduite éclairée était devenue celle-là : cette politique de la nuisance, de l’injure facile, de la détestation bestiale. Personne, dans le pays, ne pouvait élever la voix pour interpeller sur les dérapages, pour rationnaliser, apaiser, civiliser et humaniser notre débat politique. La politique au Niger, depuis quatre ans est devenue une histoire de haines, souvent recyclées, redistribuées.
Au niveau de la crise alimentaire
La crise au Niger s’est finalement dédoublée face aux échecs du régime et alors que les villes se sont paupérisées, avec leurs bidonvilles infectent qui se sont accrochées à leurs flancs, les villages sont désolés, gagnés par la faim que ne cesse pourtant ne nier le régime avant de reconnaitre la réalité de la crise alimentaire, pour laquelle, il se résigne à appeler les partenaires à lui apporter secours. Et l’on se demande comment peut-on continuer à croire à un pouvoir qui a laissé tant de malheurs s’abattre sur son peuple, ne lui laissant aucune espérance? La classe politique comptable ?
Dieu n’avait pas voulu du MNSD dans la responsabilité de cette situation désastreuse que le socialisme a imposée au Niger et aux Nigériens. Et c’est son patron lui-même, Seini Oumarou en personne, qui avait qualifié la gestion des camarades de gouvernance satanique et l’on n’avait jamais compris comment, lui si pieux, nous dit-on, a pu se faire rattraper par Satan, pour le servir à ce si haut poste fantôme taillé à sa mesure pour « manger » dans la tasse de Satan, disons pour être payé, sans avoir à travailler. Mais aujourd’hui que Seini et ses acolytes sont partis à la mangeoire du régime qu’ils vilipendaient naguère, ils ne peuvent se dérober, ni critiquer, comme ne pourront le faire les anciens alliés. Il partage avec son parti, du moins le bout qu’il tient encore, la responsabilité du drame silencieux qui arrive à ce pays. Le Moden Fa Lumana aura été plus lucide, après qu’on n’ait pas tenu compte de ses conseils avisés, pour abandonner la barque ivre, se mettant du côté du peuple pour lutter. Et avec lui, aujourd’hui, au sein de la coalition FRDDR, ainsi qu’au niveau des non- affiliés et de la société civile, les Nigériens sont nombreux, s’ils ne sont d’ailleurs la vraie majorité, à se mettre debout, pour sauver l’avenir, défendre la République et la démocratie.
Quand une crise frappe un peuple, aucun autre ne doit se mettre en marge. Cependant, pour quelques calculs, l’on peut s’y dérober. Mais l’histoire jugera. A chacun donc de s’assumer.
ISAK.
1er août 2017
Source : Le Nouveau Républicain