Kadi nous explique que le village le plus proche de son chef-lieu se situe approximativement à trois (3) kilomètres, tandis que les populations environnantes sont généralement des peulhs nomades. Quand on lui demande la superficie des champs qu’elle cultive, Kadi reste vague, certainement au regard de la tradition locale qui implique une discrétion quant à la quantification des biens matériaux. néanmoins, elle indique en nous pointant du doigt, que son domaine couvre jusqu’aux montagnes qu’on aperçoit au loin et s’étale de part et d’autre sur environ la même distance.
« Quand je suis arrivée ici, c’était encore une forêt. Jadis, vous ne pouvez pas apercevoir ces montagnes, tant la verdure était dense. c’est d’ailleurs mon amour pour la nature qui m’a amenée à demander à mon oncle ces terres » explique la chef du village de ‘’Kadi Koira’’ tout en précisant que sa famille l’a boudée un certain temps en pensant que c’est la folie qui l’a poussée à prendre une telle initiative. En effet, Kadi n’étant pas mariée, et sans  enfant, s’est installée sans aucune compagnie sur ces terrains.
Elle raconte qu’elle vit pourtant dans la sécurité et le respect. au fil du temps, elle a sympathisé avec les peulhs nomades des environs, elle a fait plusieurs requêtes auprès des institutions étatiques et des ONG pour l’obtention de l’agrément d’installer une école, un forage d’eau, un dispensaire et une mosquée. Certaines de ses doléances ont trouvé bon échos, d’autres non.
kadi Mounkaïla : Chef du village ‘’kadi koira’’
 «Quand je regarde en arrière je suis  fière. Des enfants ont été scolarisés grâce à mes efforts. Même si je meurs aujourd’hui, je sais par exemple que les enfants scolarisés dans ce village reviendront un jour ici pour engager un développement davantage soutenu à l’endroit des membres de leur communauté » explique en pleurs cette brave femme. Nous avons par ailleurs, interrompu l’interview le temps de laisser Kadi digérer ses fortes émotions. Quelques instants après, elle reprend ses propos en nous demandant de la suivre pour nous montrer l’état de l’école, qui était en paillote et dont la pluie et le vent n’ont hélas laissé qu’une image désolante.

«l’Etat nous a accordé une autorisation d’installer une école et nous a donné un instituteur, cependant, toute bonne volonté serait la bienvenue pour nous accompagner dans le processus de l’obtention d’une classe en matériaux définitifs. aussi, nous avons un besoin criant de dispensaire et éventuellement de panneaux solaires pour le forage d’eau» affirme Kaïdi Mounkaïla qui conclut en affirmant que sa famille comprend désormais le bien-fondé de son action.
Samira Sabou

11 août 2017
Source : http://lesahel.org/