Peut-être que certaines choses lui ont échappé dans sa communication. Comme quoi, on ne trahit jamais sa conscience. Mais il l’avait déjà dit, une année plus tôt et l’on s’était demandé pourquoi, l’on devrait garder un homme qui avoue son impuissance et confie son fatalisme face à la crise énergétique que connait le pays ? Peut-il savoir que ce n’est pas pour «pleurer» que ça ne va pas et que ça ne peut jamais aller, qu’on l’a placé là ? N’est-ce que c’est parce que quelqu’un avait cru qu’il pouvait faire bouger les lignes ? Mais il trahit celui qui avait voulu lui faire confiance. «Dieu seul a le médicament », devait-il dire quand pourtant, pour être du domaine, il sait que les choix du régime en matière d’énergie, ne pouvaient jamais permettre d’endiguer le mal surtout lorsque, sans faire preuve de planification, les socialistes ne peuvent comprendre qu’il y a à répondre à une demande sans cesse croissante, du fait d’une part d’une démographie galopante mais aussi, par la modernité, du fait de besoins croissants en énergie. Peut-être peut-on lui pardonner d’avouer son incapacité à mieux gérer la société nigérienne d’électricité mais peut-on, à contrario, lui pardonner, d’un point de vue communicationnel, cette bourde, par laquelle, il dit que «sa» société est à l’image du pays, une insulte que la Renaissance ne saurait sans doute jamais tolérer lorsqu’un discours officiel présente le pays comme un eldorado brillant de ses exotismes. Faut-il savoir qu’il reconnait que ça ne va pas dans le pays et que pour ce, ça ne doit pas aller pour la Nigelec ? Est-il finalement nommé pour faire en sorte que ça ne change pas parce que le Niger serait pauvre et que nous devrions prendre notre mal en patience, ne pouvant jamais espérer le meilleur ? S’il ne peut rien, n’est-ce pas, doit-il dégager et ce sera le seul bien qu’il pourra faire aux Nigériens ? Et, dans le pays, l’on se demande ou passe tout cet argent que la société engrange chaque mois, obligeant par la menace de la suspension de des branchements, sa clientèle à se mettre en règle ? Est-ce le gouvernement qui s’en sert pour joindre les deux bouts, laissant la société sur les carreaux, incapable d’investir pour répondre aux attentes de sa clientèle en initiant des projets propres ? Si cela est vrai, il va sans dire que le DG n’a pas tort de se plaindre de son pays et par ricochet, du système qui l’emploie. Dans ce cas, étant une société nationale, les Nigériens n’ont-ils pas le droit de savoir par où passe l’argent de la Nigelec ? la Halcia pourrait trouver du métier là…
Le calvaire que les Nigériens ont vécu ces derniers jours du fait de la non-disponibilité de l’électricité, remet en débat et réactualise l’éternelle question de la souveraineté énergétique du pays. Pouvons-nous continuer à compter sur un autre et sur une seule source d’énergie ? Si la ligne Berni Kabi coupe, le Niger et sa capitale devraient-ils être privés d’électricité et pour combien de temps ? Cette situation a ainsi remonté les colères populaires et les déceptions jusqu’au sein du système ont fini par s’extérioriser car l’on s’est rendu compte que ce gouvernement que conduit Brigi Rafini, depuis huit années infructueuses, est des plus incapables que le Niger ait eu depuis soixante ans ! Chacun a sa manière, choisie et voulue, de renter dans l’histoire.
AI
09 juin 2019
Publié le 03 juin 2019
Source : Le Canard en Furie