Zabeirou ABDOU est aussi originaire de KANTCHE ; il confie au journal la NATION : « J’ai quitté chez moi parce que je n’ai pas de travail, des amis qui ont l’habitude d’aller en Algérie m’ont dit qu’on trouve facilement du travail mais depuis que je suis arrivé je n’ai rien eu ; je suis obligé de mendier au niveau des mosquées ; c’est dans cette situation qu’on m’a arrêté ; les agents qui m’ont pris et m’ont dit qu’ils ne veulent plus de mendiants chez eux. Je ne m’attendais pas à vivre une telle situation en Algérie. Ici chez nous, on n’a rien et là où on espère avoir quelque chose, on est mal traité. Je tiens à dire merci aux autorités d’Agadez pour leur accueil », conclut ZABEROU.
Saley Ado est originaire de MATAMEY, région de Zinder. Il nous confie : « Le gouvernement Nigérien doit créer les conditions d’une vie meilleure à ces citoyens ; ce n’est pas de bon cœur que nous quittons chez nous ; je suis peulh, c’est l’élevage seulement que je sais faire et on n’a plus de troupeau ; c’est pour cela que je suis allé en Algérie pour travailler. Malheureusement, on m’a arrêté, on a fait plusieurs jours de détention avant d’être conduits vers ASSAMAKA. Ici chez nous, on a été bien accueilli d’ASSAMAKA, ARLIT et AGADEZ. On est bien traité, on a même eu des soins et j’espère retrouver ma famille même si je rentre les mains vides ».
OUMAR est âgé de 23 ans ; il confie au journal la NATION : « J’ai été à l’école ; je n’ai pas eu la chance de faire de longues études parce que je n’ai pas de moyens. Je n’ai aucun travail et je veux bien aider mes parents. C’est ce qui m’a pouussé à quitter pour aller en Algérie ; mais franchement ce pays n’a aucun respect pour les noirs ; les agents qui nous ont arrêtés nous ont dit tous les sales mots ; ils nous ont dit c’est le Niger votre pays qui veut qu’on vous chasse. Vous faites la honte du Niger ; on n’a pas besoin de vous ici. Même si je rentre chez moi dans la région de Zinder ; je ne peux pas rester ; je veux continuer vers le Nigeria ; mais je ne souhaite plus retourner en Algérie », conclut-il. Son ami d’à côté se nomme MOCTAR ; il vient de YAOURI, région de ZINDER ; il nous confie : « A TAMANRASSET, je faisais un petit commerce ; je vendais des petits articles artisanaux ; je ne rien pris ; j’ai laissé tous mes effets ; c’est une perte d’au moins 5 Millions de FCFA ; on ne m’a pas laissé prendre ma fortune et me voilà arrivé au Niger mains vides ; un retour à zéro et je ne sais même pas comment regarder ma femme, mes deux enfants et ma vieille. Dieu est grand », conclut MOCTAR.
51ème vague de migrants rapatriés
Idi CHAIBOU est le secrétaire permanent du dispositif national prévention gestion crise alimentaire au gouvernorat d’Agadez. Il confie au journal la NATION : « C’est une catégorie de migrants qu’on a l’habitude d’accueillir à Agadez ; des migrants rapatriés d’Algérie ; c’est l’occasion pour nous de dire que la vague arrivée le Samedi 26 Août 2017 vers 16H au chef-lieu de la région, est classée 51ème vague accueillie, de 2014 à 2017. Bien avant l’arrivée de cette vague, les autorités régionales ont été saisies par celles d’Algérie annonçant l’arrivée probable de cette vague et aussitôt les autorités régionales d’Agadez nous ont instruits de prendre des dispositions conséquentes pour les accueillir. D’abord à l’entrée du pays c'est-à-dire à partir d’ASSAMAKA et sur leur route de voyage jusqu'à Agadez, nous confie le secrétaire permanent régional du dispositif national prévention gestion crise alimentaire.
Selon M. Idi CHAIBOU, à partir d’ASSAMAKA, après la passation, la remise à travers des documents officiels, les autorités régionales organisent l’escorte. Il y a d’abord l’alimentation qu’on offre à ces migrants ; nos compatriotes refoulés et on les achemine jusqu'à Agadez pour les sécuriser où ils sont accueillis et logés. Cette fois-ci, on les a placés au niveau d’une école comme nous sommes en vacances ; on a jugé nécessaire d’occuper cette école qui équipée (l’eau, le sanitaire et tout le nécessaire) », dit-il.
Le secrétaire permanent régional du dispositif national prévention gestion crise alimentaire confie au journal la NATION, qu’au début les Algériens leur ont annoncé 984 migrants ; à leur arrivée à ASSAMAKA, il s’est trouvé que déjà y avait un effectif des orpailleurs qui ont été refoulés par les autorités algériennes qui sont au nombre de 46 et ce qui totalise 1.030 migrants attendus et effectivement les 1.030 sont arrivés à bord de 30 camions. Après le recensement ils se sont retrouvés avec 1.043 migrants, composés de 1.030 Nigériens, 12 Nigérians et 01 Soudanais. Dans cette 51ème vague, on a enregistré 957 migrants pour la région de Zinder ; 04 de Tahoua ; 13 qui vont rester à Agadez ; 13 de Dosso ; 02 de Tillabéry ; 41 pour Maradi ; 12 du Nigeria et 01 du Soudan, souligne-t-il.
Pour les raisons de leur refoulement, M. CHAIBOU nous confie que l’Algérie parle des personnes en situation irrégulière, et ici à notre niveau à Agadez on a eu la chance d’avoir une présence massive des partenaires intervenant dans le domaine et les structures étatiques concernées : la croix rouge a même placé un bureau pour les appels téléphoniques liens familiaux ; ce qui a permis aux migrants d’appeler leurs familles pour donner de leurs nouvelles ; dit-il avant d’ajouter : « Nous tenons à remercier tous ces partenaires qui ont facilité aux autorités la prise en charge de ces migrants, pour la mise en route dans leurs terroirs ; le premier groupe a quitté ce mardi matin ; nous sommes là-dessus et nous comptons faire partir le restant d’ici ce soir inch Allah », conclut le secrétaire permanent régional du dispositif national prévention gestion crise alimentaire au gouvernorat d’Agadez.
De nombreux observateurs à Agadez souhaitent que les autorités créent les conditions qui vont retenir ces concitoyens dans leurs régions d’origine ; leurs comportements en Algérie donnent une mauvaise image de notre pays.
Issouf Hadan (Agadez)
31 août 2017
Source : La Nation