Tel est le Niger actuel. Pourtant, à les voir alignés derrière l’Imam de la Grande mosquée de Niamey, Cheikh Diabiri Ismaël, on leur donnerait, tous, le Bon Dieu sans confession comme diraient les Chrétiens. Il s’agit, ni plus ni moins, que de se donner bonne conscience en offrant, à l’extérieur de son monde véritable, l’image, correcte, d’un musulman accompli. Alors que, parfois, derrière l’air placide et condescendant, se cache tout autre chose. Car, s’afficher à la mosquée et effectuer le pèlerinage à la Mecque ne suffit pas à « légitimer » les biens d’autrui expropriés, détournés ou volés. Pour effectuer le hadj avec la sincérité d’accéder au pardon divin, il faut commencer par restituer ces biens.

Tel est, malheureusement, le Niger ! Un pays que la pratique religieuse devrait aider à surmonter les problèmes de corruption, de détournement de deniers et biens publics, de trafics délictueux, d’abus de pouvoir, etc., mais qui patauge actuellement dans une mare boueuse dans laquelle se retrouvent tous ces maux. Il n’y a pas pire péché que l’hypocrisie.

Ce samedi 2 septembre et jours suivants, notre pays vivra ainsi au rythme de ces salamalecs hypocrites de gens qui vivent pratiquement dans la défiance quotidienne de Dieu et la violation des lois. Dans quel pays peut-on assurer durablement l’ordre et la discipline alors que ceux qui doivent donner l’exemple violent régulièrement les lois ? Des lois qui les protègent et qui constituent le pouvoir dont ils se parent pour en imposer aux autres. Ce pays n’existe pas et les propos du juge kenyan, David Maraga, le rappellent à ceux qui semblent l’oublier. «La grandeur d’une nation réside dans sa fidélité à la Constitution, dans le strict respect de la loi et surtout dans la crainte de Dieu », dit-il, en invalidant le scrutin présidentiel qui a donné gagnant le président sortant Uhuru Kenyatta. Des propos pleins d’enseignements dans un pays comme le Niger.La conduite de David Maraga est un exemple incontestable de vertu. Lorsqu’on est respectueux de la loi et que l’on vit dans la crainte de Dieu, on ne peut accepter de compromettre son honneur, sa dignité et sa rencontre avec son Créateur pour faire plaisir à un autre ou pour gagner quelques billets de banque.

Le Niger a un problème majeur : il est de l’ordre moral d’abord. L’intégrité est devenue une tare tandis que le vol, l’escroquerie, le détournement, le trafic, bref tout ce qui est antivaleur est érigé en normes. Et si ces maux sont aussi vieux que le monde, y compris au Niger, ils n’ont jamais été aussi prononcés au point de devenir quasiment la règle que sous Mahamadou Issoufou. Car, lorsque dans un pays, on peut épingler des personnalités qui font office de leaders au-dessus de tout soupçon dans des trafics et fraudes, il n’y a rien à attendre d’une telle classe dirigeante. Absolument rien !

BONKANO

07 septembre 2017
Source : Le Canard en Furie