Ce projet a été transmis la même année à titre de contribution au Ministère de la Ville et de la Salubrité Urbaine (parce son auteur lui a assigné un effet de réplicabilité au niveau notamment des chefs lieux des régions du pays) et au Commissariat Niamey Nyala (pour promouvoir les bons comportements en matière de salubrité).

1.  Contexte et justification

Le territoire de la ville de Niamey qui a rang de région couvre une superficie de 255 km2 dont près de la moitié est urbanisée. Selon le Répertoire National des Localités (ReNaLoc s2014), produit du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGP/H) de 2012, Niamey compte 184 localités composées de 106 localités urbaines (quartiers) et 78 localités rurales (villages administratifs et hameaux).

Le même recensement estime la population de la ville de Niamey à 1 026 848 habitants dont 978 029 vivent en milieu urbain. Avec un taux d’accroissement intercensitaire annuel moyen de 2,9%, la population en 2017 avoisinerait les 1 500 000 habitants dont près de 1 300 000 urbains.

La forte progression de la population est liée à l’importance de l’exode rural qui constitue désormais, un phénomène irréversible dont il faut prendre en compte dans l’élaboration des politiques urbaines en matière d’assainissement.

Dans le cadre du processus de la décentralisation, l’Ordonnance N°2010-55 du 17 septembre 2010 a érigé l’ancienne Communauté Urbaine de Niamey en commune à statut particulier ou ville et les communes la composant en arrondissements communaux. C’est ainsi que la ville de Niamey est subdivisée en cinq (5) arrondissements communaux qui sont des structures administratives déconcentrées de la ville dépourvues de personnalité morale et d’autonomie budgétaire.

La répartition et les caractéristiques de la population urbaine par commune en 2012 se présentent comme suit :

 

Arrondissement communal

Nombre de quartiers

Population totale résidentes

Nombre d’hommes

Nombre de femmes

Nombre de ménages

1

23

196495

97906

98589

36765

2

20

245368  

121658

123710

41751

3

17

159567

80861

78706

28157

4

31

264726

130410

134316

44046

5

15

111873

56044

55829

19267

Total Niamey urbain

106

978029

486879

491150

169986

             Source : Institut National de la Statistique du Niger : ReNaLoc, juillet 2014

De l’organisation de l’administration au niveau de la Ville et des Arrondissements Communaux, une assemblée locale dénommée ‘’Conseil de Ville’’ constitue l’organe délibérant, dépositaire des compétences transférées par l’Etat à la commune à statut particulier ou ville. Le Conseil de Ville de Niamey est constitué de conseillers élus et de membres de droit. Quant à l’organe exécutif, il est constitué d’un Maire élu au sein du conseil, assisté de 3 Adjoints également élus.

A l’instar des grandes capitales africaines, Niamey est également confrontée à un réel problème de salubrité lié à L’accroissement rapide de la ville qui a entraîné une détérioration considérable de l’environnement urbain en matière d’hygiène et d’assainissement.

En effet, la forte et rapide urbanisation de la capitale s'est traduite par une forte production de déchets et cela sans qu'un dispositif approprié de leur gestion soit mis en place. Autrement dit, l'urbanisation rapide n'a pas été suivie d'installation d'infrastructures et d'équipements adéquats en matière de gestion de déchets. A cela vient s’ajouter les mauvaises pratiques des populations en matière d'hygiène et d'assainissement qui se traduit par la prolifération des déchets, des dépotoirs et des décharges sauvages, la dégradation des espaces publics et la divagation des animaux domestiques sur les voies publiques.

Malgré les multiples initiatives en matière administratives et organisationnelles, la multiplicité des intervenants et les importants moyens matériels, humains et financiers régulièrement mobilisés par les autorités compétentes pour faire face à l’insalubrité, le problème persiste.

Cette situation délétère est due au fait que les populations citadines de ne sont pas effectivement impliquées dans le processus d’assainissement de la ville. Ce qui explique d’ailleurs les mauvais comportements observables. Entre autres causes, il faut souligner :

  • L’insuffisance et l’inadaptation des ouvrages d’assainissement ;
  • Le manque de sensibilisation et d’éducation des populations ;
  • La non-structuration des acteurs concernés ;
  • L’inexistence de structures de suivi de proximité ;
  • Le flou du cadre institutionnel ;
  • L’inadaptation du cadre réglementaire et législatif ;
  • L’inexistence d’un cadre formel de concertation et de dialogue entre les acteurs impliqués dans la gestion de l’environnement urbain et qui explique en grande partie, les incohérences dans les interventions en matière de salubrité.

L’accompagnement social des différentes initiatives de lutte contre l’insalubrité dans la ville de Niamey suppose l’implication effective des populations dans le processus d’assainissement de la ville. Cette implication garantira la pérennisation des bons comportements qu’elles adopteront et s’approprieront. De ce fait, elles seront propriétaires et responsables des ouvrages et des infrastructures construites, des espaces communs qu’elles entretiendront, respecteront et valoriseront ensemble.

L’accompagnement social des populations dans la lutte contre l’insalubrité dans la ville de Niamey consiste à susciter la prise de conscience des habitants des problèmes d’assainissement, leurs causes et leurs conséquences. Il consiste ensuite à les sensibiliser à un meilleur assainissement, aux changements de comportements nécessaires pour y parvenir et enfin à les responsabiliser en les faisant participer à la mise en œuvre de la salubrité dans la ville.

2.  Conditions de réussite de l’accompagnement social des populations

La réussite de l’accompagnement social -avec effet de réplicabilité au niveau des autres centres urbains du pays- est liée à :

  • L’engagement effectif des autorités politiques, municipales et locales ;
  • L’implication effective et la structuration des acteurs :
  • Conseil de ville et arrondissements communaux (aujourd’hui les délégations spéciales)
  • Chefs de quartier.
  • Brigades locales de salubrité.
  • Police municipale.
  • Comités communaux de salubrité.
  • Cadre de concertation et de dialogue à l’échelle de la ville.
  • Relais communautaires à savoir entre autres les médias, leaders religieux et enseignants.
  • L’adoption d’une règlementation en matière de salubrité plus adaptée à la situation actuelle ;
  • La mise en place progressive des ouvrages et infrastructures de salubrité, d’hygiène et d’assainissement ;
  • La médiatisation intensive des messages de sensibilisation et d’éducation des populations ;
  • L’application stricte de la règlementation.

3. Cohérence de l’accompagnement social avec les objectifs internationaux, nationaux et locaux

 L’accompagnement social cadre parfaitement avec les objectifs internationaux, nationaux et locaux en matière de salubrité urbaine :

  • La cible 3 de l’objectif 7 (Assurer un environnement humain durable) des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui vise à réduire de moitié le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des services d'assainissement de base.
  • La gouvernance : la Banque mondiale soutenant que la participation citoyenne est un des critères essentiels de la gouvernance, l'énoncé du principe 10 de l'Agenda 21 déclare que la meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient [...]. L'idée sous-jacente est que la participation accrue du public au processus décisionnel permet de prendre de meilleures décisions et de les appliquer plus efficacement.
  • L'Axe 5 du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2012-2015 relatif à la promotion du développement social dont les principaux résultats portent entre autres, sur l'amélioration de l'état de santé des populations, l’accès plus équitable aux infrastructures d'assainissement et l'amélioration de leur cadre de vie.
  • Le point VII.1.3 de l’axe VII du Programme de Renaissance II du Président de la République dont l’objectif spécifique est de contribuer à la création d’un environnement sain pour tous, à travers, l’amélioration des pratiques d’hygiène et d’assainissement, l’accès à tous aux latrines et édicules publics viables, le développement des capacités des Communes et du secteur privé, la généralisation et l’opérationnalisation des schémas directeurs d’assainissement pour les villes, l’accès équitable à tous les utilisateurs aux ouvrages d’assainissement de qualité, le renforcement de l’Information, de l’Education et de la Communication pour un Changement de Comportement (IEC/CC).
  • Le programme Niamey Nyala dont le volet communication vise à éduquer les populations de Niamey en matière de salubrité à travers les médias par le moyen des spots et des séances de sensibilisation visant directement les ménages.
  • L’inscription de la salubrité, l’hygiène et l’assainissement comme actions prioritaires dans les Plans de Développement Communaux (PDCs) des arrondissements communaux et la programmation des opérations du Conseil de Ville.

NDLA

Le secret des grandes villes africaines comme Accra (qui compte plus de 2 500 000 d’habitants et couvre une superficie de 894 km2) et Kigali (près de 1 500 000 habitants et 730 km2 de superficie) citées comme des bons exemples en matière de salubrité urbaine réside d’ailleurs dans l’engagement effectifs des autorités à tous les niveaux et l’accompagnement social des populations

Par DIALLO Souleymane