Le Niger va mal, très mal d’ailleurs. Sa démocratie prise en otage par un président qui au lieu d’en être le défenseur en est au contraire devenu le bourreau. Du socialiste famélique qui se baignait dans les foules, poing levé, il ne reste plus rien qui rappelle l’homme de la gauche qu’il a prétendu, même plus de vocables marxistes ou léninistes, en dehors bien sûr du terme « socialiste » d’ailleurs gauchement attribué à son parti politique parce que dépourvu de tout sens contenu dans le contexte du Niger. Issoufou Mamahamdou, n’est plus le socialiste jacobin qu’il passait pour, perspicace et engagé, ou l’opposant intrépide qui, face au président de l’époque emporté dans une dé- mence politique à imposer Nigériens un bonus inconstitutionnel de son mandat légal connu sous le vocable dégoûtant de Tazartche, a pu, il faut l’avouer, convaincre un tant soit peu les Nigériens sur sa bonhomie et aussi son aptitude à gérer bien les choses, à diriger le pays même si on le lui confiât. C’est donc tout naturellement après la mise entre parenthèses du Tazarche par l’armée, avec le compte a rebours qui s’en est suivi, que les Nigériens tout naturellement décidèrent de parier sur la science dont il se prévalait et qu’il n’a cessé de vanter depuis la conférence nationale de Juillet 1991, celle de la gauche socialiste, comme étant le remède miracle à la maladie endémique du Niger. Ainsi, il fut élu en 2011, passablement il faut le dire, et avec le soutien du Moden FA Lumana de Hama Amadou, la suite est connue.

L’atmosphère devint brusquement nauséabonde avec en toile de fond, des intrigues politiques de tout genre, des guéguerres politiciennes entretenues à dessein, principalement dans le camp présidentiel décidé octroyer un 2e mandat au pré- sident sortant, malgré son bilan unanimes reconnu désastreux. L’entreprise a marché, même si elle ne s’est PAS réalisée de la façon escomptée, c’est-à-dire le coup K.O. Le 20 Mars 2016, Issoufou Mahamadou s’octroie un 2e mandat avec un score à la soviétique lors d’un scrutin dont le souvenir en lui seul fait hisser les poils aux plus sensible, ouvrant ainsi la voie à l’incertitude, au désespoir et à la misère.

 

Comme nous l’avons mentionné plus haut, le Niger sous Issoufou Mahamadou souffre d’une maladie connue sous le vocable de « mal gouvernance » caractérisée par un malaise sans précédent et dont les symptômes visibles à travers presque tous les secteurs de la vie socio- économique et politique du pays sont entre autres, l’injustice et la violation systématique de toute loi pourvu qu’elle serve le prince et ses thuriféraires, la corruption, le clientélisme, le banditisme d’État. Rien, presque rien ne va plus dans le pays. L’environnement y est des plus insalubres, avec des tas d’immondices tendant à engloutir les villes et les villages, aggravant les maladies dont les plus banales telles que le paludisme frappent cruellement et emportent la jeunesse, l’école (éducation de base et enseignement supérieur compris) sur béquilles, le système est dans un état piteux, des hôpitaux surpeuplés sont devenus de véritables mouroirs, l'’économie est sur cale, la corruption et le pillage des ressources sont devenus endémiques, l’insécurité est plus que jamais avérée avec morts de soldats presque au quotidien, les libertés individuelles sont confisqués, du fait de la pensée unique imposée aux citoyens, les medias d’état sont caporalisés et mis au service exclusif du prince et de ses amis, les journalistes sont traqués, poursuivis, forcés de renoncer à leur conviction, l’opposition est sommée de la boucler…

 

Les journalistes font le travail de dénonciation mais qui n’est suivi d’aucun effet, faute de soutien et d’accompagnement. Et pourtant le mécanisme existe, de façon légale, que « par la disposition des choses, la force doit arrêter la force ». Autrement, que vaut une démocratie sans garde-fou ? Et pourtant le président Issoufou continue sans crainte à marcher les Nigériens, sur les lois et les principes de la république, mépriser les citoyens, sans que personne ne trouve mot à dire, a fortiori l’inviter à arrêter cette aventure périlleuse à la fois pour le présent et l’avenir du pays, de ses concitoyens dont l’écrasante majorité arrive à survivre…Est-ce par peur ou par complicité ? A chacun sa réponse. Seule certitude, est qu’entre temps, les Nigériens continuent de broyer du noir, appauvris et régentés, avec la rage dans le cœur, pris dans face un complot qui ne dit pas son nom, ourdi par ceux qui en principe devaient assurer leur protection contre l’arbitraire (comme c’est le cas sous le régime actuel) mais qui se complaisent dans un silence incompréhensible.

Salifou Magagi

14 octobre 2017 
Source : Le Monde d'Aujourd'hui