À la suite de Kishin Kassa, le PJD Hakika a déclaré également, par voie de presse, son rejet du code électoral et de la CENI actuelle. Mamane Hamissou, qui ne tremble pas pour dire ce qu’il pense, a déjà dit à la mission de l’OIF que « le nouveau code électoral n’a aucun caractère consensuel, et la Ceni est l’émanation d’un parti et qu’il ne peut en aucun cas l’accepter dans sa composition actuelle parce ça ne garantit pas des élections justes, libres, crédibles et transparentes. Quoi qu’on dise, le parti d’Ibrahim Yacoubou et celui de Mamane Hamissou ont un mérite, un grand mérite. C’est celui d’avoir dit haut et fort son opposition catégorique et justifiée au code électoral et à la Ceni, dans sa nouvelle formule. Ils ont le mérite d’avoir élevé la voix et de clamer leur souveraineté en tant que partis politiques créés, non pas pour être des suppôts du PndsTareyya, mais avec l’ambition de conquérir et de gérer le pouvoir d’Etat. Tant pis si Mahamadou Issoufou n’est pas content. Kishin Kassa n’a pas été créé pour « regarder passer les voitures » comme ses militants l’on si bien expliqué.
Ces deux partis ont du mérite, c’est certain. Ils ont même beaucoup de mérites, loin, devant des partis moribonds comme le Mnsd Nassara, dont le président a poussé le zèle de faire plaisir au PndsTareyya et à Mahamadou Issoufou au point d’envoyer à la CENI un militant qui pourrait bien faire le jeu du parti de Bazoum puisque lié à la famille d’El Back Adam. N’est-ce pas le summum de la compromission et de la subordination ?
N’es-ce pas méritoire que Kishin Kassa et PJD Hakika aient élevé la voix pour dénoncer le monstre électoral en gestation lorsqu’on sait qu’un parti comme la CDS Rahama d’Abdou Labo observe une posture lamentable de carpe ? Dire que ce bonhomme s’est battu, becs et ongles, pour arracher le parti à Mahamane Ousmane !
En principe, si le président de la CENI contestée, aussi bien dans sa forme, dans sa composition que dans son fondement qui est le code électoral, est conséquent d’avec lui-même, jaloux de sa notoriété comme ça se raconte et uniquement guidé par le souci d’apporter sa pierre au renforcement de la démocratie dans son pays, il doit dès à présent comprendre que sa mission est impossible et rendre le tablier. S’il persiste à conduire cette mission, malgré le rejet d’acteurs politiques de plus en plus nombreux, c’est qu’il a un agenda qui n’a rien à voir avec la démocratie et l’intérêt général. Dans ce cas-là, l’on n’a pas besoin d’être un devin pour savoir à l’avance qu’il sera pire que Boubé Ibrahim et maître Kadri Oumarou Sanda.
Si, malgré le contexte politique pourri et les convictions désormais acquises à l’extérieur, que le pouvoir de Niamey se durcit de plus en plus et que la démocratie est confisquée, les libertés publiques mises entre parenthèses et que les élections qu’il prétend vouloir libres, transparentes et crédibles ne peuvent l’être avec le code électoral actuel, maître Souna s’arc-boute à la présidence de la CENI, c’est qu’il a incontestablement des raisons qu’on ne saurait connaître.
Actuellement, le régime semi-présidentiel pour lequel les Nigériens ont opté n’a plus cours. La démocratie est corrompue et dévoyée. Quant à la justice, elle n’existe que de nom, car mise sous coupe réglée au service du pouvoir en place. Mahamadou Issoufou incarne donc un régime bâtard qui va rapidement, au regard du temps qui joue contre lui, se radicaliser davantage pour devenir un monstre politique. Or, un monstre politique a besoin, pour s’affirmer et se donner des chances de survie,de se nourrir d’abord de ses géniteurs, puis de tous ceux qui, de l’intérieur du système, peuvent constituer des dangers potentiels.
Un fait est à relever : dans ce processus plein de périls dans lequel Mahamadou Issoufou engage le peuple nigérien, meurtri et fatigué, c’est-à-dire usé par une lutte implacable contre plus fort que lui, il ne compte pas sur un soutien populaire d’une majorité de Nigériens. Il connaît parfaitement l’opposition, voire la désaffection totale de la plupart de ses concitoyens vis-à-vis de son pouvoir. Il ne compte que sur la force publique, c’est-à-dire sur la Police, la Garde nationale, la Gendarmerie et au besoin la justice.
Seulement, la force publique n’appartient à personne, en particulier et le Niger est ce qu’il est : un pays dont le peuple peut être impuissant pour changer les choses selon ses aspirations et sa volonté, mais il reste un pays de foi, où les hommes et les femmes ne s’arrêtent jamais de prier, conscients que tout homme n’est qu’une « misérable petite moisissure de la terre ».
BONKANO