Secrétaire général du parti, de sa création à 2000, puis président du parti jusqu’en 2007, Hama Amadou est pour beaucoup de Nigériens celui qui a donné une âme à ce parti, celui dont le nom est indissociable de l’histoire du parti.
Et pourtant, lors du 27e anniversaire, Seïni Oumarou et les siens ont réussi, dans un narcissisme de mauvais aloi, à retracer le parcours du Mnsd nassara sans la moindre référence à Hama Amadou. Une histoire bancale, pourtant assumée avec fierté, comme si cela suffirait à effacer de la mémoire collective ou des archives nationales, le nom et les faits de Hama Amadou. Ceux qui en sont les concepteurs ont manqué à la fois d’honnêteté et de réalisme. Car, le nom de Hama Amadou ne peut qu’apporter un plus à un parti qui, pour de très nombreux compatriotes, a vendu son âme au Pnds Tareyya. À moins que la motivation première, dans ce reniement de sa propre histoire, soit liée à une volonté de ne pas blesser son nouveau bienfaiteur en évoquant publiquement le nom d’un homme qu’il voue aux gémonies. En tout état de cause, l’histoire ne s’efface pas par décret.
La logique de reniement dans laquelle Seïni Oumarou et quelques privilégiés du parti, qui mangent gloutonnement à la table rose, ont inscrit ce 27e anniversaire du parti, est encore moins grave que le conformisme étroit aux positions du Pnds Tareyya. Seïni Oumarou a ainsi parlé de da dégradation de l’environnement, de la lutte contre le terrorisme et de l’extrémisme religieux, de la résurgence des rébellions armées liées à des revendications territoriales et identitaires, de sursaut national, de péril de la gouvernance mondiale, des différentes contraintes et menaces que pose la situation géopolitique, etc. Mais, de la démocratie et de l’État de droit bafoués au Niger, rien ! Les libertés publiques confisquées, le scandale de l’université Abdou Moumouni de Niamey, l’instrumentalisation des institutions de la République au service d’un régime qui glisse vers la dictature, la violation des franchises universitaires et la violence inouïe contre les étudiants, rien non plus ! Même le code électoral et la Ceni taillée sur mesure ne l’émeuvent pas. Là où le Frddr et Kishin Kassa hurlent à la duplicité et à la caporalisation du processus électoral, le Mnsd nassara adoube et revendique un rôle anachronique. En reniant ses propres valeurs, pour Seïni Oumarou, le Mnsd œuvrerait ainsi « à l’instauration d’une plus grande stabilité politique et à la création des conditions nécessaires, à un meilleur ancrage de la cohésion et de la concorde nationales, socles indispensables à toute œuvre de construction nationale ».
Et de gouvernance satanique, le magistère de Mahamadou Issoufou est subitement devenu pour Seïni Oumarou une gouvernance salutaire pour le Niger et l’homme qu’il brocardait comme l’alpha et l’oméga de toutes les misères des Nigériens, un rassembleur émérite dont il faut saluer, à la fois la volonté de rassemblement et les efforts pour un développement humain accéléré ainsi que le renforcement de la démocratie et de l’État de droit dans notre pays. Tout est dit !
Comme tous ceux qui, mus par des raisons qui ne sauraient être exposées, car dévalorisantes, Seïni Oumarou explique que son retournement de veste extraordinaire participe de sa volonté à renforcer la démocratie et l’État de droit dans notre pays.
Ainsi, pour Seïni Oumarou, c’est renforcer la démocratie et l’État de droit que d’accepter quelques strapontins et se taire face à des violations flagrantes de la Constitution, à la confiscation des libertés publiques, etc. Des violations que de très nombreuses organisations internationales dénoncent avec véhémence. Qu’est-ce qu’on peut changer lorsqu’on mange !
Pour Seïni Oumarou, c’est renforcer la démocratie et l’État de droit que de soutenir une loi électorale matrice de fraudes et des membres de la Ceni, presque tous acquis au Pnds Tareyya. N’est-ce pas vrai, par exemple, qu’Ousmane Ly, directeur adjoint de la Difeb (Direction du fichier électoral biométrique) est celui-là même qui a représenté la Mrn, choisi par le Pnds, dans le comité mis en place pour la supervision de l’audit du fichier électoral par l’Oif en 2016 ?
Pour Seïni Oumarou, c’est renforcer la démocratie et l’État de droit, mais aussi contribuer à l’instauration d’une plus grande stabilité politique et à la création des conditions nécessaires à un meilleur ancrage de la cohésion et de la concorde nationales, que de s’effacer et de laisser Mahamadou Issoufou et le Pnds Tareyya imposer, à leur guise, les règles de jeu démocratique, les conditions de jeu et les joueurs admis à jouer
Pour Seïni Oumarou, il est plus réaliste de manger avec Mahamadou Issoufou, quitte à faire profil bas lorsque le peuple se débat et se bat contre des mesures fiscales qui l’appauvrissent davantage et qui ruinent le pays.
Bref, pour Seïni Oumarou, il n’y a pas mieux à faire, face à un adversaire politique qui est prêt à violer les lois pour obtenir ce qu’il veut, que de composer, figurer parmi ceux qui violent, triturent et règnent de main de fer.
Quelle belle conception de la démocratie et de l’État de droit !
En récapitulant, le Mnsd nassara, sous la férule de Seïni Oumarou, est pleinement d’accord avec la loi des finances 2018 que conteste le peuple nigérien, s’accorde avec le Pnds sur la confiscation des libertés publiques, les violations de la constitution et les arrestations tous azimuts. Il est également en symbiose avec le Pnds Tareyya sur la loi électorale et la Ceni. Il a d’ailleurs réaffirmé son engagement à continuer dans cette voie, persuadé qu’il se fera un peu de place à l’ombre du Pnds Tareyya. Ironie de l’histoire ! Tel est le choix du Mnsd ou plutôt de Seïni Oumarou et de quelques obligés de sa cour. Car ça bouillonne dans les rangs des jeunes qui pensent que l’alignement de l’homme derrière Mahamadou Issoufou va coûter encore plus cher au parti puisque Seïni Oumarou aurait l’intention de s’effacer devant l’homme qui lui donne 500 millions ou 200 millions de francs CFA… sans rien faire.
BONKANO
30 avril 2018
Source : Canard en Furiie