Ils s’arc-boutent alors à des chimères, s’embourbent dans une bataille, parfois par procuration mais toujours incompréhensible des Nigériens où des hommes, probablement des plus compromis dans des affaires qui ont porté un grave préjudice à l’État nigérien, sont envoyés au "feu", sans "armes" pour se défendre et défendre les arrières. Ces arrières rendus évidents par des preuves accablantes, mais que l’on s’acharne, avec un verbiage ridicule et honteux, à nier. Sans toutefois apporter la moindre preuve ! Cela a été, hier, le cas de Gandou Zakara et d’Ibro Zabèye. Demain, ce sera sans doute le cas de grands commis du ministère des Finances à qui on confiera cette mission redoutable.

Comme tous ceux qui, après avoir prêché les bonnes paroles, ont été pris en flagrant délit, Mahamadou Issoufou et ses camarades savent qu’ils n’ont plus rien à faire à la tête de l’État et qu’ils doivent partir. Ils savent qu’ils ont échoué dans la politique agricole et pastorale et que le programme 3N n’est qu’une boîte à musique, un machin pour capter quelques subsides et nourrir la propagande du régime. Ils savent qu’ils ont échoué à consolider l’état financier prometteur qu’ils ont trouvé en 2011 et à mettre en place une économie performante. Au contraire, ils ont compromis la production de pétrole avec cet obscur prêt de 1000 ou de 2000 milliards contractés auprès d’Exim Bank de Chine.  Ils savent qu’ils ont entraîné l’État dans des affaires scabreuses dignes d’un État voyou et leurs actes, de la plus grande gravité, mettent en péril des intérêts stratégiques du Niger acquis depuis de très longues décennies. Ils savent qu’ils n’ont plus aucune crédibilité, aussi bien aux yeux des Nigériens dont les plus passionnés ont fini par se convaincre qu’ils ont affaire à des affairistes plutôt qu’à des hommes d’État, qu’à l’extérieur où la propension à remettre en cause des engagements pris, a laminé l’image du Niger. Bref, ils savent qu’ils ont détruit ce pays à plus d’un titre et qu’ils n’ont aucun bilan réel dont ils peuvent se prévaloir pour continuer à gérer les affaires publiques.

Pour beaucoup d’observateurs avisés, il n’y a rien là d’étonnant et Mahamadou Issoufou et ses camarades n’ont fait que confirmer ce que les sages avaient prédit sur leur compte. Car, tous ceux qui, pour les avoir côtoyés, connaissaient Mahamadou Issoufou et ses camarades, ont alerté les Nigériens sur l’erreur monumentale qu’ils commettraient en portant ces hommes au pouvoir. Et lorsque, par un hasard des plus malheureux pour le Niger, il s’est greffé à ce groupe des hommes connus de longues générations pour ce qu’ils sont, ça ne pouvait être que la CATASTROPHE.

La catastrophe, c’est que non seulement ils ont mis le Niger à terre, mais ils sont incapables d’organiser les élections locales à date. Et la loi, dans cette gravissime situation, n’est plus un obstacle que d’autres, avant eux, ont tout fait ne pas violer ou triturer, mais plutôt un instrument avec lequel on se donne des libertés de dictateur. Ainsi, Mahamadou Issoufou et son gouvernement ont, pour une deuxième fois, renouvelé la prorogation du mandat des élus locaux, après avoir modifié l’ordonnance portant code des collectivités territoriales. « La loi est dure, mais c’est la loi », dit-on. Elle est faite de façon impersonnelle et s’applique à tout le monde. Et lorsqu’on la modifie parce qu’elle ne correspond plus à ses intérêts, ce n’est rien d’autre que du gangstérisme d’État. Par conséquent, ce report est un piteux aveu d’incapacité à remplir ses obligations constitutionnelles. Et puisque l’alibi principal tient au manque d’argent, il ne serait point surprenant, logique pour logique,  de les voir modifier la Constitution du 25 novembre 2010 en prétextant que l’État n’aurait pas les moyens financiers pour les tenir à date. La question du fichier électoral ? C’est une honte que des hommes qui, hier, ont fustigé et condamné les réserves et les dénonciations de l’opposition politique, affirment aujourd’hui que le même fichier qu’ils ont défendu avec becs et ongles, soit subitement devenu mauvais pour les élections locales. N’est-ce pas Mahamadou qui disait que « Le CFEB a travaillé dans la sérénité et vient de produire un fichier électoral qu’hommes politiques et observateurs de la société civile considèrent comme l’un des plus fiables jamais réalisé dans notre pays » ?

En vérité, violer la loi importe peu pour Mahamadou Issoufou et son empire. Ils n’en ont cure. Leur parcours à la tête de l’État est parsemé de violations de la loi, y compris de la Constitution. Ce qui compte pour eux, c’est de garder le pouvoir et le gérer selon son bon vouloir, quitte à plonger l’État dans des business frauduleux tel que l’"uraniumgate" de Massoudou Hassoumi ou encore dans des contentieux judiciaires comme celui qui est en train de mettre en péril des intérêts stratégiques du Niger à l’extérieur. C’est dans cette logique qu’ils sont en train de réformer les lois qui leur paraissent draconiennes. Le comité de réflexion mis en place par Mohamed Bazoum d’abord, puis par Brigi Rafini pour mieux enrober le projet, s’inscrit dans cette tentative d’élaborer des lois qui correspondent à des projets politiques mûris de longue date. Les lois électorales, la loi organique sur la Cour constitutionnelle ainsi que la Constitution elle-même, ont été retoquées et l’intention serait de les faire adopter par le parlement issu du hold-up électoral en mars prochain. Le Niger, à tous points de vue, vit un coup d’État permanent. 

BONKANO.

21 février 2017
Source : Le Canard en Furie