Des individus dangereux
La simple évocation du nom de Noura Cheffou soulève une grande indignation dans certains milieux de Maradi. Jeune et extravagant " transitaire " sous la férule de Dahirou Mangal et la " protection " de son oncle de commandant, gendre du " patron des patrons " de la Région, il n'hésitait pas, dans ses heures de gloire, à dégainer son révolver en public pour menacer les gens. Aussi, à l'instar d'un certain Sani Attiya, il fut un zélé prolongateur du Programme de la Renaissance acte 1. Les deux on s'en souvient, avaient importé des motos tricycles et autres " adaidaita " qu'ils avaient " vendus " aux jeunes de la ville de Maradi en " Appui au Programme de la Renaissance ". Une bonne couverture à l'époque pour leur " bizness " frauduleux.
Mais lui et ses parrains avaient surtout fait la pluie et le beau temps, sur le corridor douanier Maradi - Dan Issa de 2010 à 2015: Affectation systématique de tout douanier qui refusait de coopérer ; brimades et humiliations pour certains... Pendant leur temps de gloire, ils criaient à qui voulait les entendre à Maradi qu'ils étaient les " protégés " du pouvoir et que personne ne pouvait rien contre eux. Pire, ces individus ont fait montre d'une dangerosité extrême. ... Telle cette partie de " takay " organisée en plein jour, par des badauds devant le bureau de douanes de Maradi, sous la conduite du même Noura Cheffou, pour " insulter le père et la mère " du Colonel Saidou Dakaou qui venait justement de remplacer le Colonel Kassou. Le Gouverneur et le Procureur de l'époque étaient au courant de cette agression sur le lieu de travail d'un agent de l'Etat, mais personne n'avait bronché.
Une mafia internationale
Si le commandant Attaher Abdoulaye est perçu ici à Maradi comme faisant partie de " l'organisation " à cause du " tutorat " qu'il exerçait sur Noura Cheffou, en revanche, l'opinion locale est unanime sur le fait que le Colonel Kassou n'est rien d'autre qu'une victime collatérale, au pire des cas, un simple exécutant. En effet de 2010 à 2015, tout se passait au vu et au su de tout le monde. Une mafia internationale s'était installée à Maradi, la transformant en capitale ouest africaine de la contrebande. Les deux douaniers étaient justement positionnés sur le corridor Maradi - Dan Issa, littéralement pris en otage, à l'époque par Dahirou Mangal du Nigéria et ses acolytes locaux, dont le sieur Noura Cheffou.
Car le métier de " transitaire ", tel que le gens l'ont pratiqué, n'est rien d'autre que du courtage en contrebande. C'était une organisation assez sophistiquée, mise en place par les cabinets de Mangal et qui consistait à ruser sur les législations de l'UEMOA, notamment sur TEC " le tarif extérieur commun ", en consignant des marchandises importées dans des containers de Chine d'Inde ou de Dubaï par des commerçants installés à Kano, aux noms des " commerçants transitaires " de Maradi. De cette manière, ils contournaient tous les droits douaniers qu'ils devraient verser au Bénin, au Togo, au Niger et surtout au Nigéria pays de destination des marchandises ....
Au bout de l'opération, le transitaire nigérien s'en tirait avec un bénéfice de 3 à 5 millions par container. Imaginez qu'ils avaient 10, 20, 30 voire 50 containers pour certains tous les trois jours. Car les opérations de sortie de camions chargés chacun de 2 containers ou " hito ", comme on les appellent ici à Maradi, se déroulaient à partir de Dan Issa tous les mercredis et les samedis. Et pour chaque " hito ", ce sont des centaines de camions qui quittent nuitamment Dan Issa en direction du Nigéria où le courant électrique était coupé tout au long du trajet de la cargaison. Normalement, avec une telle plu value, des transitaires comme Noura Cheffou ne devraient avoir aucun problème pour payer la douane !
Que peut-on reprocher au Colonel Kassou ?
Du temps de la splendeur de ce commerce contrebandier, le bureau des douanes de Maradi que dirigeait le Colonel Kassou versait chaque mois dans le trésor public entre 2.5 à 3 milliards de recettes. Quand il fut remplacé par le colonel Dakaou, celles-ci commencèrent déjà à péricliter et n'ont jamais remonté depuis. Mais ce dernier ne manquera pas de trouver le pot aux roses. Il réalisa en effet que tous les transitaires, malgré toutes les facilités, étaient lourdement endettés à la douane. Comme au marché noir, ils s'arrangeaient toujours à ne pas payer la totalité de leurs factures ou ne les payaient pas du tout. Mais les écritures elles, restaient. Le nouveau chef de bureau en le réalisant, s'est donné pour mission de recouvrer ces créances dormantes dans les poches des commerçants. Et c'était en ce moment que ses ennuis avaient commencé. Il fit l'objet de toutes les insultes et brimades de la part de ses clients transitaires, avant qu'il ne soit sauté moins d'une année après. Plus tard ce fut la valse au bureau de douanes de Maradi et ça continue puisque depuis le départ du colonel Kassou, aucun de ses successeurs n'a réussi à faire plus d'une année sur place.
Dans un tel contexte où transitaires et commerçants sont de mèche avec les politiciens, que peut- on reprocher à un exécutant ? se demande-t-on ici à Maradi. L'on apprend, entre autre grief qui lui est reproché, c'est de laisser faire sans rien entreprendre. Ce qui est une aberration au vu de la situation du moment. L'autre grief à lui reproché, les enquêteurs auraient découvert qu'il aurait " cotisé " 20 millions de CFA pour aider Noura Cheffou à payer ses créances. Un geste d'humanisme brandi par " Maiboulala " comme une preuve de sa connivence dans " l'affaire Noura Cheffou ". Des arguments considérés comme bien minces, mais qui sont aujourd'hui en train de foutre en l'air, la carrière et l'honneur d'un honnête citoyen !
Aux dernières nouvelles, " l'affaire Noura Cheffou " a été jugée dans le fond à Niamey et le verdict attendu dans les prochains jours...
El Kaougé Mahamane Lawaly

09 mai 2018
Source : Le Souffle Maradi