En vérité, en voulant conduire le processus électoral tel que l’entend Mahamadou Issoufou et non tel que le lui exige les principes de neutralité liés à la vocation d’une commission électorale nationale INDEPENDANTE, maître Souna n’est pas plus que le président de la commission électorale du Gondwana. Sa mission, comme au Gondwana, est de faire gagner le bien-aimé président fondateur. Les partenaires électoraux ? De simples amuseurs de galerie qui profitent en pareilles circonstances, de vendre des biens ou d’acquérir des marchés au profit de leurs pays en échange de leur silence, voire de leur soutien ferme à l’usurpation du pouvoir souverain du peuple. Maître Souna est dans cette posture psychologique, se disant que, tant que les pays occidentaux, la France en l’occurrence, le Pnud et tous les autres partenaires accepteront le deal, il peut mener cette mission sans risque. C’est malheureux !
Dans cette tragédie du peuple nigérien, qui a fait la preuve, à travers les manifestations populaires contre la loi des finances 2018, que le régime actuel est impopulaire, c’est d’abord la France qui fait HONTE. Cette France qui a tordu le bras à notre pays, comme tant d’autres, pour mettre un terme aux manières violentes de dévolution du pouvoir en optant pour la démocratie, mais qui soutient l’usage de la force, de la fraude et de l’usurpation des suffrages populaires, pour peu qu’elle lui tende à manger.
Cette France fait honte à son histoire et à son peuple. En fermant les yeux sur la bouffonnerie électorale en perspective au Niger, comme elle l’a fait déjà en 2016 sous François Hollande, la France nous enseigne quelque chose de pathétique : elle n’a aucune vraie valeur en dehors de profits cupides et de richesses accumulées sur la misère organisée et planifiée grâce à la complicité de ceux qui sont prêts à tout pour gouverner. Elle n’a aucun souci pour notre peuple qui peut bien périr, de guerre civile comme de pauvreté, de famines et de soif, etc.
Il faut bien qu’on se comprenne. La France n’est pas le Niger et Emmanuel Macron, tout comme François Hollande, hier, ou encore Nicolas Sarkozy, travaille à faire manger et à faire boire son peuple, soit-il au prix de libertés et de vies humaines d’ailleurs, particulièrement lorsqu’il s’agit « de peuples qui ne sont pas entrés dans l’histoire ». C’est dire que la démocratie, tout comme la justice et l’Etat de droit, ne seront réinstaurés que par des Nigériens. C’est aux Nigériens de se battre pour remettre les pendules à l’heure comme on dit et de faire la preuve que le Niger, c’est d’abord l’affaire des Nigériens. Chacun, dit-on, se bat pour sa chapelle. Si les Français se battent pour la France, les Nigériens doivent se battre pour le Niger.
La vérité est amère, mais elle est bien meilleure au mensonge. La frange des Nigériens opposés au régime actuel est certainement plus importante que celle qui le soutient. Tout le monde sait que Mahamadou Issoufou et les siens ont ruiné le Niger et que, pour le reconstruire et donner de nouveaux espoirs aux Nigériens, il faut bien qu’ils débarrassent le plancher. Non seulement ils n’ont pas réussi à consolider les acquis, mais ils ont pratiquement tout concassé : l’école et la santé publiques, l’économie, la cohésion sociale, voire l’unité nationale contre laquelle Sanoussi Jackou, dans une totale impunité, n’a pas hésité à s’attaquer par voie de presse.
Tout le monde sait que le Niger est totalement bloqué et que ceux qui le dirigent n’ont aucune recette pour le sortir des difficultés extrêmes dans lesquelles ils l’ont plongé qu’une vulgaire politique d’endettement qui compromet dangereusement, d’année en année, toutes capacités d’investissement dans les secteurs sociaux de base. L’école, la santé, l’hydraulique sont ainsi délaissées tandis que des individus sans scrupule sont en train de facturer 9 kilomètres de route en ville à 22 milliards contre 11 milliards pour 139 kilomètres de route reliant deux villes (Niamey et Dosso). N’est-ce pas criminel ? N’est-ce pas encore plus criminel de cautionner et de soutenir de tels crimes ? Si maître Souna arrive à accomplir sa mission, attendez-vous au pire. Et pas uniquement au plan financier.
BONKANO
13 juin 2018
Publié le 28 mai 2018
Source : Le Canard en Furie