Si, donc, il a pu ordonner le virement bancaire de ces 200 milliards à partir d’un compte dont le contrôle est supposé lui échapper totalement, c’est que, soit c’est lui qui a ouvert le compte BNP Paribas avec d’autres complicités plus grandes, au Niger et en France, au nom de la SOPAMIN mais en étant le signataire légal ; soit, c’est bien Hamma Hamadou, l’ancien directeur général de la SOPAMIN, qui l’a ouvert, en présence de Massoudou Hassoumi et que c’est lui qui a signé à BNP Paribas un document désignant Hassoumi Massoudou comme le signataire légal.
Tout le monde sait que Hassoumi Massoudou n’est qu’un soldat qui a exécuté à la lettre des instructions qui lui ont été données. Par qui ? Dans la position qui était la sienne, Il n’y a que Mahamadou Issoufou qui pouvait l’instruire. Et peut-être que sa désignation devant BNP Paribas en qualité de signataire du compte de la SOPAMIN a dû nécessiter, en plus de la feuille de mission, une lettre de recommandation engageant la responsabilité de l’État nigérien et que cette lettre a servi de couverture à Hassoumi Massoudou.
Peut-être aussi que c’est cette lettre, qui ne saurait être montrée, que le loufoque Hama Zada a agitée sans être capable de laisser les journalistes la filmer.
Il est clair, au regard des informations disponibles à l’heure actuelle, que Hassoumi Massoudou a commis, délibérément, un délit de la plus haute gravité et que, selon toute probabilité, HammaHamadou, ancien directeur général de la SOPAMIN à l’époque des faits, en a été, soit un co-auteur actif qui connaissait parfaitement la nature frauduleuse de l’opération et ses contours; soit un complice qui a facilité la dissipation des 200 milliards de l’État nigérien sans être forcément au courant de certains contours.
Dans l’une comme dans l’autre hypothèse, il faut s’interroger sur ses motivations : qu’a-t-il gagné pour accepter de s’engager dans une opération aussi frauduleuse dont l’objectif final est de dépouiller l’État nigérien de centaines de milliards ?
Le silence de Hamma Hamadou est troublant. Il conforte l’idée que l’homme est dans le même désarroi que Hassoumi Massoudou, car pleinement impliqué dans cette opération crapuleuse qui a consisté à transférer sur le compte bancaire d’une société offshore dont un des patrons, Georges Hawa, est un escroc international, 200 milliards de l’État nigérien. Au profit de qui ? Il doit le savoir, tout comme Massoudou Hassoumi et Mahamadou Issoufou.
Le silence de Hamma Hamadou est plus que troublant. Mais il est certainement moins troublant que celui de toutes ces structures qui prétendent lutter contre la corruption et les délits assimilés. Pourquoi la Halcia, en l’occurrence, se tait alors que ce sont tout de même 200 milliards du Niger qui ont été dissipés ? Si elle ne peut sortir au grand jour pour prendre position sur une affaire aussi grave, elle doit impérativement arrêter de se moquer des Nigériens. Quant au Parquet, il est, comme on dit, au pied du mur. S’il reste insensible à la demande des magistrats et des citoyens de le voir ouvrir une information judiciaire sur cette affaire de 200 milliards, il confirmerait l’idée d’une justice variable selon la tête des mis en cause et conforterait le sentiment, chez beaucoup de compatriotes, qu’il ne s’agit plus d’une justice rendue au nom du peuple, mais au nom de quelques individus.
La vérité que personne ne peut ni éluder ni évacuer par du dilatoire, c’est que, dans cette rocambolesque affaire de 200 milliards, le Niger et son peuple ont été trahis. Les commanditaires, acteurs et complices nigériens auront ainsi violé l’article 41 de la Constitution nigérienne qui stipule que « Les biens publics sont sacrés et inviolables. Toute personne doit les respecter scrupuleusement et les protéger. Tout acte de sabotage, de vandalisme, de corruption, de détournement, de dilapidation, de blanchiment d'argent ou d'enrichissement illicite est réprimé par la loi ». Mais, bien entendu, Hassoumi Massoudou, Hamma Hamadou, notamment, ne sont que présumés coupables et/ou complices dans cette opération frauduleuse. Il faut attendre qu’une instruction judiciaire les inculpe formellement et rende publics les chefs d’accusation qui pourraient leur être opposés. D’ici à cette inculpation formelle de la justice, ils sont, certes, présumés coupables, mais ils gardent, au nom du principe de la présomption d’innocence, toute leur immunité. D’où l’impératif de cette information judiciaire exigée par le syndicat des magistrats du Niger. La balle est par conséquent dans le camp de Chaïbou Samna et du ministre de la Justice, Marou Amadou, dont il répond. Est-il vraisemblable que le Parquet continue de garder le silence sur cette affaire de 200 milliards de l’État nigérien transférés dans un compte privé, à Dubaï ? Chaïbou Samna et Marou Amadou peuvent décider d’ignorer cette demande de justice pressante du peuple nigérien, mais ils ne pourront pas empêcher au temps de passer. Avec lui, des assurances et des garanties, somme toute, éphémères et trompeuses.
BONKANO.
07 mars 2017
Source : Canard en Furie