D’après ce spécialiste, trois grandes familles de protéines sont impliquées dans ces réactions allergiques croisées aux pollens et aliments. Mais au Niger, Dr Tahirou Hamidou et ses collaborateurs ont pu découvrir une allergie croisée au pollen de graminées et dattes, fruit du palmier dattier. Selon le spécialiste nigérien, l’atmosphère contient de très grandes quantités de pollen et l’homme, lorsqu’il respire, il absorbe les minuscules grains de pollen en suspension dans l’air. Les allergies au pollen touchent 25 à 30 % de la population française. Au cours des 30 dernières années, ce taux a doublé et ne cesse d’augmenter. En Afrique, c’est le silence pour l'instant. « Nous n’avons trouvé aucune étude sérieuse sur les pollinoses africaines. Pourtant, il y a de la végétation chez nous, mais, les spécialistes des pollinoses africaines et tropicales se trouvent en France », a-t-il regretté. Dr Tahirou de souligner qu’une prise en charge tardive de l’allergie au pollen, peut à terme et en fonction de facteurs de risque personnel, évoluer vers une allergie respiratoire sévère ou un asthme. Heureusement a-t-il déclaré, l’Etat du Niger très soucieux du bien-être des populations, est en train d’envisager la création d’un centre de recherche en allergologie. Déjà des travaux de recherche sont en cours par les spécialistes.
Pour ce qui est de la maladie, il faut retenir que l’allergie au pollen est confirmée lors d'une consultation chez un allergologue. Il réalise des tests cutanés et, si nécessaire, un prélèvement sanguin (dosage des IgE). Quant au traitement, il se fait à base médicamenteuse de première intention. « Les antihistaminiques réduisent les symptômes de rhinite ou de conjonctivite allergique et calment le système immunitaire en s’opposant aux effets de l’allergie » explique Dr Tahirou ajoutant qu’il y a d’autres traitements qui sont fréquents pour soulager les symptômes. Il cite entre autres, les corticoïdes, prescrits pour leurs propriétés anti-inflammatoires et utilisés, dans le cas de rhinite allergique due aux pollens, sous forme de pulvérisations nasales; les stabilisateurs de mastocytes. « Mais, le traitement de fond repose sur la désensibilisation, également appelée “immunothérapie allergénique”. Il s'agit de modifier l’évolution de la maladie en rééquilibrant le système immunitaire à l’aide de doses progressivement croissantes d’allergène, par voie sous-cutanée (injection) ou sublinguale, solution placée sous la langue » dit le chef du Service allergologie de l’HNL.
D’après Dr Tahirou Hamidou la désensibilisation permet d’obtenir de bons résultats avec un taux positif de 70 % chez les personnes allergiques. Mais elle dure souvent longtemps (3 à 5 saisons polliniques). « Ce traitement n’est ordonné qu’à la suite d’un bilan précis. Il concerne les malades réagissant à deux allergènes de familles différentes, au maximum. Il est recommandé chez les personnes touchées par une conjonctivite, une rhinite ou un asthme modéré », précise-t-il. Le chef de Service allergologie de l’HNL prodigue quelques conseils dans le sens de la prévention. Il recommande notamment d’adopter au quotidien quelques réflexes pour se protéger des pollens du mieux qu’on peut. « On doit éviter de fumer, particulièrement en présence d’enfants, et de ne pas fréquenter des lieux enfumés. Le tabagisme passif est un facteur de risque d’allergie. Il faut aérer la maison tôt le matin car la quantité de pollens est plus faible dans l’air. Il est aussi conseillé de porter un chapeau et des lunettes de soleil afin de protéger ses yeux. Il faut aussi éviter de tondre la pelouse soi-même. Il est conseillé de porter un masque ou une protection en jardinant. On doit garder les fenêtres fermées pour éviter que le pollen ne s’infiltre dans la voiture. Il faut se rincer les cheveux le soir pour limiter les agressions nocturnes dues au pollen sur l’oreiller », prévient Dr Tahirou Hamidou.
Seini Seydou Zakaria(onep)
30 janvier 2019
Source : http://lesahel.org/