Les saisies de drogue au Niger sont si fréquentes que ça paraît banal Les autorités bissau-guinéennes ont désormais de quoi défendre leur gombo auprès des grandes puissances occidentales à cheval sur le trafic de drogue. Selon des informations dignes de foi, la Guinée Bissau a régulièrement soutenu que si elle servait certainement de pays de transit, elle n’est pas forcément le refuge des trafiquants de drogue qu’il faut chercher ailleurs. Selon le représentant de l’agence Reuter à Dakar, le Premier ministre Bissau-guinéen a fait la promesse à la DEA (Drug Enforcement Agency) américaine qu’il prouverait cela. L’arrestation, le week-end dernier, de Mohamed Sidi Mohamed est le résultat de quatre mois de filature et d’enquête. Selon le correspondant de Reuter, la drogue saisie est envoyée à Niamey dans des cartons de poissons congelés au Niger avant de partir en Guinée grâce à des complicités au plus haut sommet de la sécurité intérieure. Une révélation qui fait froid dans le dos du côté de Niamey où les Nigériens sont plus que convaincus que le cartel a de beaux quartiers dans leur pays. Personne, ici, ne serait surpris d’apprendre que les 800 kilos de cocaïne saisis à Bissau sont partis de Niamey. À Niamey, depuis huit ans, les saisies de drogue sur des bus de transport immatriculés au Niger sont devenues si fréquentes que c’est devenu banal. Ces saisies, pourtant publiées par voie de presse et à travers les réseaux sociaux par la police nationale, notamment l’Octris [Ndlr : Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants] n’ont presque pas connu de suite judiciaire. Outre que maints conseillers nichés à la présidence de la République, au Cabinet du Premier ministre, à l’Assemblée nationale et même à la DGSE [Ndlr : Direction générale de la sécurité d’Etat]sont cités dans des affaires de trafics de drogue et qu’ils n’ont jamais été inquiétés par les autorités judiciaires nigériennes, le démantèlement d’un vaste réseau, en juin 2018, a été la preuve que des gangsters, magnas du cartel de la drogue, ont fait de Niamey, la plaque tournante de leurs activités criminelles.
Qui sont ces hommes bien placés dans la haute sphère de l’Etat qui servent de couverture à ce trafic de drogue au Niger ?
Niamey ne s’est jamais sentie véritablement en devoir de lutter contre le trafic de drogue. Le Président Issoufou n’en a jamais fait un cheval de bataille et le laxisme observé vis-à-vis des trafiquants découverts est si frappant que les Nigériens se laissent aller à de forts soupçons de complicité au sommet de l’Etat. Les cas Koré Ali, un homme d’affaires et conseiller à la présidence de la République, Sidi Lamine, un député du MPR Jamhuriya ainsi que des agents de la DGSE interpellés brièvement avant d’être remis en liberté, ont fini de convaincre les Nigériens quant à l’étendue des réseaux de complicité dont bénéficient les trafiquants de drogue. Qui est derrière ce trafic de drogue à Niamey ? Ou plutôt, qui sont ces hommes bien placés dans la haute sphère de l’Etat qui servent de couverture à ce trafic de drogue au Niger ? Si l’on ne dispose pas encore de preuves formelles, des pistes sérieuses existent toutefois. La découverte et la saisie par la police, d’un entrepôt où était stockée une dizaine de tonnes de résines de cannabis, a été possible grâce à des renseignements fournis par des hommes qui savent plus que ce qu’ils ont révélé de l’affaire. Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum en particulier est interpellé sur ce fléau qui, dit-il, est la source de financement du terrorisme et du banditisme transfrontalier. Il doit, soutiennent nombre de Nigériens, collaborer à fond avec les autorités américaines de la DEA afin de dévoiler les identités des véritables patrons de ce trafic et tous ceux qui, au Niger, sont impliqués dans ces activités criminelles.
18 mars 2019
Source : Le Courrier