Arrestation des leaders de la société civile  : La contestation populaire n’est pas liée à des individus, mais à tout un peuple qui en a marrePour la nième fois et sans aucun égard pour les principes consacrés par la Constitution du 25 novembre 2010, les autorités de Niamey interdisent, par la voix de personnalités sans aucune légitimité populaire, des manifestations publiques. Et comme toujours, d’importants dispositifs de forces de police, de garde nationale et de gendarmerie ont été déployés sur la ville pour empêcher la tenue de la 6e journée d’action citoyenne à Niamey. Des leaders de la société civile et autres citoyens furent appréhendés. Et comme toujours en pareilles circonstances, les forces de police, de garde nationale et de gendarmerie ont eu tendance à exercer des abus sur des journalistes. C’est ainsi que Samira Sabou, crainte pour sa sagacité et ses coups de pic journalistiques, s’est vue arracher sa carte de presse et son matériel de travail. Un de moins pour témoigner ! Et pendant que l’on envoyait policiers, gardes nationaux et gendarmes tabasser, gazer et arrêter des citoyens qui n’ont commis d’autre tort que d’être contre la gouvernance actuelle, d’autres sont protégés et applaudis, autorisés à chanter et à danser au rythme de l’impunité dont ils jouissent et du sauf-conduit qui leur est offert pour s’autoriser violations des lois et prédation des deniers et biens publics.

Assurément, ni ceux qui nous gouvernent ni les observateurs ne peuvent prétendre qu’il y a démocratie au Niger, encore moins état de droit ou justice. La rupture d’égalité des citoyens devant la loi est consommée depuis longtemps et l’application sélective des dispositions du code pénal nigérien, ont achevé de convaincre tout le monde, y compris ceux qui, à l’extérieur, jouissent des largesses du pouvoir nigérien, sur la nature du régime politique en cours au Niger. En ce jour du dimanche 25 mars 2018, sans doute apeurées par le monde fou que drainent de plus en plus les journées d’action citoyenne, les autorités de Niamey ont décidé de mettre un terme aux contestations populaires qui ont pour source essentielle la loi de finances 2018. Et pour ne pas faire les choses à moitié, histoire de se réveiller à nouveau en sursaut, inquiets de cette montée en puissance des revendications sociales, elles ont embastillé Moussa Tchangari, Ali Idrissa, Nouhou Arzika et plusieurs autres citoyens. Cela sera-t-il suffisant pour émousser la lutte et dormir tranquille ? Non, car, la contestation populaire n’est pas liée à des individus, mais à tout un peuple qui en a marre.
A.Doudou

02 avril 2018
Source : Le Canard en Furie