Il faut comprendre par cette dernière rubrique, la marge bénéficiaire, les charges des agences. Il s’agit notamment des frais d’encadrement, des frais des kits pèlerin, des impôts et taxes, les loyers, les employés, le fonctionnement des siège des agences, la publicité, etc.
«C’est la sommation de frais des l’ensemble de ces prestations qui compose le prix total du Hadj 2019 et qui est arrêté à la somme de 2 306 000 Fcfa, TTC », a expliqué le chargé de la communication du COHO, M. Nassirou Seydou.
Ce prix est le coût plafond par pèlerin. Ainsi, aucun pèlerin nigérien, qui est à son premier Hadj, ne doit payer au-delà de cette somme. Mais, l’exception est faite à ceux qui voyagent individuellement et ceux qui ne sont pas à leur premier Hadj. Pour cette dernière catégorie de candidats au Hadj, chaque candidat paie une somme supplémentaire de 326 000 f CFA, s’il souhaite retourner au Hadj.
M. Nassirou Seydou a expliqué que l’Etat n’invente pas le prix du Hadj mais étudie toutes les dépenses par rubrique et fixe un prix plafond par candidat. Il revient maintenant aux agences de fixer leur prix mais qui ne doit pas dépasser cette somme de 2 306 000 F CFA. Le COHO et l’Etat n’encaissent aucun rond de ce prix, a-t-il ajouté.
Ali Maman (onep)
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Les structures syndicales des agences de pèlerinage reclament la dépolitisation de l’organisation du Hadj au Niger
Chaque année, la traditionnelle organisation du pèlerinage à la Mecque connait quelques péripéties et tiraillements entre certains syndicats des agences de voyage pour le Hadj et la Oumra et le Commissariat à l'organisation du Hadj et de la Oumra (COHO) au Niger. Ce dernier avait été créé par décret n° 2013-050 / PRN/PM du 13 février 2013 à la suite des multiples défaillances constatées dans l'organisation du pèlerinage, à savoir des difficultés de transports, d’hébergements, d’obtention de visa et des cas d'abus de confiance. Après cinq années de mise en œuvre, le gouvernement a évalué l’institution à travers un audit organisationnel duquel il ressort des insuffisances liées à la répartition et à l’exercice des compétences entre les organes du Commissariat, la collaboration avec les autres acteurs intervenant dans l’organisation du Hadj et de la Oumra et la coordination des opérations du Hadj et de la Oumra.
Pour corriger les insuffisances relevées, le gouvernement a encore mis en place un comité consultatif, un comité de pilotage doté d’un pouvoir de contrôle et de décision sur le COHO afin de renforcer la collaboration entre les différents organes et acteurs intervenant à travers le comité de pilotage. Ce comité multisectoriel est, selon Elhadj Moumouni Hamadou, responsable de l’agence ‘’Alhilal’’, président de l’Association Nigérienne des Agences pour le Pèlerinage (ANAP) et président de la Fédération Nigérienne pour l’Organisation du Hadj et de la Oumra (FANACHO), composé de trois structures syndicales du patronat dans le domaine, soutenant la mise en place des deux structures intervenant dans la profession. Seulement, il déplore surtout la composition des membres du comité de pilotage. « Je salue la mise en place du comité de pilotage qui prend des décisions que le COHO exécute. Nous sommes 9 syndicats du secteur alors que nous ne sommes représentés que par une seule personne parmi les 11 qui le composent. Les structures syndicales sont mal représentées. Nous devons avoir la moitié des membres siégeant dans ce comité », a-t-il déploré.
La dotation du Commissariat à l'Organisation du Hadj et de la Oumra (COHO) de ce comité de pilotage avec un pouvoir de contrôle des décisions du commissariat constitue une nuance dans l’organisation du Hadj.
Me Goumour Oumarou, un des plus expérimentés de l’organisation du Hadj au Niger, qui a effectué 32 hadj dans l’espace de 40 ans d’expérience, est aujourd’hui Directeur Général de l’Agence de pèlerinage et de la Oumra les Mikkat et président de l’Union des Agences de Pèlerinage du Niger, une organisation qui regroupe 7 syndicats des Agences de pèlerinage au Niger. Pour lui, il ne doit même pas exister de problèmes dans l’organisation du Hadj au Niger. Il suffit juste de dépolitiser la structure organisationnelle mise en place par le gouvernement à la demande des agences ou bien de trouver une autre solution fiable.
« Je pense que pour éviter tout problème dans l’organisation du Hadj, il faut que le Commissariat à l'Organisation du Hadj et de la Oumra (COHO) soit rattaché au cabinet du Président de la République. Le Hadj constitue le 5ème pilier de l’islam alors que notre pays est à plus de 99% musulman. On doit aussi impliquer les techniciens et les expérimentés du métier », a-t-il proposé avant d’exiger la suppression des points focaux. Ces derniers sont des personnages imposés politiquement au COHO comme des agents temporaires pour servir d’intermédiaires entre le COHO et certaines institutions. « Les points focaux sont des budgétivores et alourdissent l’organisation pour le COHO. Nous, en tant que structures syndicales, nous exigeons la suppression de ces points focaux », a déclaré le président de COSAPEL.
Quant au chef du groupe des agences de pèlerinage ‘’Albayane’’ et membre de l’Union des Agences de Pèlerinage du Niger, Elhadj Moumouni Saidou, il appelle les agences et leurs structures syndicales à la cohésion et à la responsabilité pour bien mener les activités.
Pour lui, le fait d’avoir plusieurs structures syndicales avec plus de 340 agences existant au Niger est un droit mais l’essentiel, c’est d’aller dans le même sens pour l’intérêt de leurs agences et celui des clients. Il devait ensuite ajouter que le COHO doit être autonome pour mener ses activités en suivant son cahier de charge. « La première difficulté dans l’organisation du Hadj constitue le transport. Le Niger n’a pas d’avions pour alléger les tâches aux clients, l’Etat du Niger doit penser à subventionner certaines charges comme dans les autres pays de la sous-région », a-t-il souhaité.
De la fixation des prix du Hadj à la prestation saoudienne
Les fidèles musulmans candidats pour accomplir le 5ème pilier de l’islam connaissent depuis le 1er avril 2019 combien il faut débourser pour se rendre en terre sainte d’Arabie Saoudite. Cette année, le Niger dispose d’un quota de 15 891 pèlerins. Le gouvernement a fixé ce prix à 2 306 000FCFA avec une légère hausse de 30 000FCFA par rapport à l’année dernière. En ce qui concerne la fixation du prix du Hadj, selon Me Goumour Oumarou, président du COSAPEL, elle ne nécessite pas de réunir tout un comité. Il s’agit juste de constater si les prestations saoudiennes ont connu une hausse ou pas. « Le cas échéant, le prix reste intact. Cette année, les prestations s’élèvent à 518 000FCFA. Si l’année prochaine, elles ne changeront pas, le prix doit rester le même », a-t-il expliqué.
Avec ce prix, l’ensemble des responsables des agences voient qu’ils roulent à perte. Selon eux, les prestations saoudiennes ne prennent pas en compte les couchettes qui s’élèvent à 71.000FCFA et 55.000 FCFA d’augmentation de prestation de service. « Ces frais sont à la charge des agences qui n’ont que 250.000FCFA de prestation. C’est dans ce montant que nous payons les dépenses de nos agences de pèlerinages. Je peux vous dire que nous roulons à perte », a détaillé Elhadj Moumouni Amadou.
Pour trouver des solutions idoines, le président de FANACHO en appelle au comité de pilotage de bien accomplir ses missions et une bonne collaboration de leurs structures avec le COHO. « Nous souhaitons une franche collaboration avec le COHO. Nous n’avons pas d’autres partenaires que ce dernier. Nous sommes obligés de travailler avec lui tout en souhaitant un débat national sur le Hadj regroupant tous les acteurs du Hadj au Niger », a-t-il conclu.
Seini Seydou Zakaria(onep)
Lire aussi >>>> Témoignage d’un pèlerin VIP sur le coût du hadj au Niger
Face au coût de plus en plus élevé du hadj, certains citoyens nigériens choisissent les vols réguliers pour effectuer le voyage aux lieux saints de l’Islam afin d’accomplir leur rite religieux et cela à moindre coût. En effet, le coût du hadj 2019 est officiellement fixé à 2.306.000 F. Comparativement à l’année précédente, ce montant connait une légère augmentation de 30.000 F. M. Chaibou Mahaman fait partie de ces citoyens nigériens ayant effectué ce déplacement à plusieurs reprises. Il nous livre son témoignage en mettant l’accent sur les avantages du pèlerinage VIP et éventuellement les risques qu’il comporte pour ceux qui n’ont jamais effectué le hadj.
« J’ai effectué plusieurs fois le pèlerinage. Au début, je le faisais à travers les agences de voyage. Après, j’ai eu la chance de faire Oummrah et pèlerinages de manière solitaire. Quand vous connaissez les rouages du pèlerinage, eh bien, le coût revient moins cher lorsqu’on l’effectue sans passer par les agences. Il existe deux types de VIP, à savoir celui qui est organisé par les agences de voyage et le VIP des vols réguliers. Le pèlerin qui opte pour le VIP sait exactement quand est-ce qu’il va quitter pour l’Arabie Saoudite ; il connait la date de son retour. Tandis que les vols charters, le pèlerin ne sait pas la date de son voyage, encore moins le retour. Toutefois, je ne conseille pas à un pèlerin qui n’a jamais effectué le pèlerinage de voyager seul sans la compagnie des agences parce que le risque de rater un certain nombre de rites est élevé. Autrement, il y a risque de ne pas avoir un pèlerinage assez serein. Ceux qui font le pèlerinage VIP sont ceux là même qui ont l’expérience du hadj. En général, les billets VIP ne dépassent guère 700.000 à 800.000 FCFA. Alors qu’au niveau des agences, il faut débourser plus de 2 millions de FCFA. Celui qui prend son billet pour un vol régulier, il est clair que le coût ne sera pas le même avec un pèlerin qui effectue le hadj à travers une agence de voyage. Une fois à la Mecque, il suffit simplement de prendre une chambre dans un petit hôtel ou une maison en location dans les quartiers. Par exemple, il y a des gens qui, après avoir effectué la Oummarah pendant les dix derniers jours du mois de Ramadan, font la retraite spirituelle. Par rapport à la hausse du prix du hadj, j’estime que les responsabilités sont partagées entre l’Etat et les agences de voyage. Nous pensons que l’Etat est le garant de la liberté du culte qu’est le hadj. La responsabilité de l’Etat par rapport à la cherté au hadj prime sur toute autre responsabilité dans la mesure où c’est lui qui à la charge du choix de l’avionneur. C’est pourquoi, dans certains pays, il subventionne le hadj. Mais ce qui est choquant de mon de point de vue, c’est surtout le fait que le pèlerin qui achète des articles pour sa famille paie pour chaque valise la somme de 5000 F à la douane. Alors qu’on peut revenir des Etats unis, de la Chine avec des valises contenant des articles de valeur, on passe sans aucun problème à l’aéroport de Niamey. Cette situation ne cesse de m’écœurer. Je pense qu’on doit débarrasser le pèlerin de ce genre de fardeau. Tout le monde est unanime que le problème du hadj au Niger, c’est le transport. C’est dire que l’Etat doit davantage redoubler d’efforts afin que les pèlerins nigériens fassent un hadj apaisé ».
Propos recueillis par Hassane Daouda(onep)