L’autre particularité de la mare de Tinga, c’est qu’il y avait à manger. Le visiteur de Tinga ne manquait jamais à manger parce qu’il y avait un peu partout des fruits sauvages sans compter ce qu’on peut trouver dans l’eau. Le sel de la Tinga était extrait par la population pour la consommation et la vente. Ce sont surtout les éleveurs transhumants qui achetaient le sel pour la consommation de leurs animaux. La Tinga était gardée et chaque éleveur qui vint abreuver ses animaux donnait en contre partie un mouton. Lorsqu’un éleveur violait le principe pour aller clandestinement abreuver ses animaux, ceux-ci périrent sous les symptômes de la diarrhée.

La dimension culturelle de la mare de Tinga réside dans le fait qu’elle était aussi un espace où plusieurs ballets de la célèbre cantatrice Aichatou Tahirou dit Dalweyzé ont été joués. On se rappelle du titre du célèbre ballet « Meniyatou» qui a inspiré d’ailleurs le nom que porte l’équipe nationale de football de notre pays (Le Mena).  

Ce que la mare de Tinga est devenue

Aujourd’hui, la mare de Tinga ne porte que le nom. La forêt qui rendait à l’époque la mare invisible a complètement disparu sous les effets du changement climatique et des actions anthropiques avec pour conséquence la déforestation tout autour de la mare. En plus, la Tinga est menacée par l’ensablement. Le lit de cette mare qui s’étendait du coté nord de Ouallam jusqu’au village de Tolkobeye situé à 12 km du chef lieu du département s’est visiblement réduit. La longueur de la Tinga est estimée selon le directeur départemental de l’Environnement M. Hamadou Adamou, à une vingtaine de kilomètres. La mare traverse trois (3) communes à savoir Tondikiwindi, Ouallam et Simiri. La teneur en sel de la mare a considérablement diminué même si au bord de celle-ci les vannes de sel sont toujours perceptibles. L’eau de la mare est impropre à la consommation en raison de la saleté qui s’y déverse.

Aujourd’hui, la mythique mare de Tinga réduite à sa simple expression est tout de même empoissonnée. Ceux qui ont appris à pêcher n’hésitent à s’y rendre. Les espèces de poissons qu’on peut trouver sont entre autres : la carpe; le silure etc. Il y a aussi quelques espèces aquatiques. Par ailleurs, les populations pratiquent au bord de la mare de Tinga les cultures de contre saison. Des jardins sont érigés le long de cette vallée. On y cultive de la salade ; de la tomate ; du poivron ; du chou ; de la carotte ; de l’aubergine ; du gombo ; du manioc ; de la pastèque ; de la pomme de terre etc. «Nous souhaitons que l’Etat et ses partenaires nous fournissent des plants pour que nous puissions sauvegarder cette ressource en eau extrêmement importante pour les populations de Ouallam en raison de ses multiples usages », a plaidé le Chef du village de Ouallam.

Hassane Daouda, Envoyé Spécial

20 décembre 2019
Source : http://www.lesahel.org/