« Vous savez, même à l’heure actuelle, on vit bien mieux dans la brousse que dans les villes. Ceux qui rejoignent les centres urbains finissent dans la pauvreté. À la campagne, au moins, on arrive à manger, on a des bêtes, la vie est plus tranquille », poursuit-elle.
Quatre valises de 23 kilos remplies
Branchée sur RFI ou sur Internet, celle qui réside aujourd’hui à Helléan depuis le début des années 90 (*), ne perd pas une miette de l’actualité nigérienne. Et se désespère lorsqu’on lui rappelle, qu’en 2016, les Nations unies considéraient l’ancienne colonie française (indépendance proclamée le 3 août 1960 ndlr.), comme l’un des pays les moins développés au monde, avec un indice de développement humain de seulement 0,353/1 (187e pays à ce classement).
{xtypo_quote}« Cela ne m’étonne pas. Vous savez, tous les ans, on se rend au Niger pour aider les gens sur place, leur apporter de l’argent, des vêtements ou des denrées. Avec mon mari Roger, on remplit quatre valises de 23 kilos chacune au départ de la France, ce qui représente la quantité maximale autorisée dans l’avion, histoire de faire le plus d’heureux sur place. Mais on est obligés de limiter le budget, car en moins d’une semaine, il n’y a déjà plus rien. Nos poches sont vides et il ne reste plus aucune affaire à distribuer. »{/xtypo_quote}
Il vaut mieux en rire qu’en pleurer dit le proverbe. Alors, Fatima donne du travail à ses zygomatiques un court instant, avant de replonger tête la première dans la dure réalité : « Non mais quand même, il y a un truc qui me rend fou là-bas. Les gens ont à peine de quoi se nourrir, ils ne savent pas faire cuire du riz au soleil mais par contre, ils traînent tous avec leur téléphone portable. Tout le monde vend des cartes rechargeables, il n’y a que ça qui compte on dirait. »
{xtypo_quote}« Nous n’avons pas le droit de nous plaindre ici. C’est le paradis »{/xtypo_quote}
Comme un clin d’œil, le téléphone fixe retentit. La volubile sexagénaire en profite pour reprendre (enfin) son souffle. Puis présente un tableau touareg prenant place dans le salon. Dévoile la cabane en extérieur faite à partir de bambous, récupérés à quelques encablures de sa belle demeure helléanaise. Sort quelques gâteaux pour accompagner un savoureux thé à la menthe « façon nigérienne ». Réajuste élégamment sa tenue, tout en distribuant une pincée de regards affectueux.
Avant de contempler l’horizon à travers la fenêtre de sa cuisine et de lancer : « Que ce soit à Helléan ou en Bretagne mais plus généralement en France, la population ne se rend pas compte de la chance qu’elle a. Tout est beau, il y a de la verdure, des fruits, des légumes, des champs, on a tout ce que l’on veut à proximité. Chez moi, dans la brousse, tout est rouge, c’est le désert, il n’y a rien. Nous n’avons pas le droit de nous plaindre ici. C’est le paradis. J’ai vraiment eu une bonne étoile avec moi pour en arriver là où j’en suis aujourd’hui. »
Discussions en pagaille
Le carnet de notes est déjà plein mais Fatima Briend s’en fiche pas mal. Et repart de plus belle dans un monologue passionnant. En évoquant l’actualité du président du Niger, Mahamadou Issoufo ainsi que les ethnies composant la mosaïque de cet État d’Afrique de l’Ouest steppique…
« Tu travailleras cet après-midi, l’article peut attendre. Reprends un peu de thé et un gâteau, on a le temps. »
27 août 2017
Source : https://actu.fr/